Longtemps, les scientifiques pensaient qu’à partir de 25 ans, les performances du cerveau commençaient à décliner. Mais plusieurs études récentes prouvent qu’en réalité nos capacités cérébrales se développent tout au long de notre vie. C’est grâce à ce que l’on appelle, la plasticité cérébrale.
La plasticité cérébrale c’est la capacité du cerveau à se modifier au gré de nos expériences et apprentissages. Chaque jour, celui-ci crée, défait et réorganise nos réseaux de neurones. Il n’est donc pas figé, mais en perpétuelle reconfiguration.
Cette découverte implique beaucoup de choses, notamment qu’il est possible de rendre notre cerveau beaucoup plus performant. En réorganisant nos circuits neuronaux, on peut développer des capacités que l’on n’avait pas avant.
Que diriez-vous par exemple de booster votre concentration, d’améliorer votre mémoire, de muscler votre autodiscipline ou encore de monter en compétences ?
Tout cela est possible grâce à la plasticité cérébrale.
Dans cet article, vous allez donc apprendre à reprogrammer votre cerveau pour le rendre plus performant, mais avant cela, rappelons quelques bases.
Comment fonctionne le cerveau ?
Notre cerveau est composé de 100 milliards de neurones qui échangent en permanence des informations sous forme d’influx électriques. Cet échange s’effectue au niveau des synapses par le biais de neurotransmetteurs qui sont des messagers chimiques.
Quand on apprend quelque chose ou que l’on développe de nouvelles compétences, nos neurones se connectent les uns aux autres pour former des réseaux.
On peut d’ailleurs voir à quoi ressemblent ces réseaux grâce à la technique du “Brainbow”. Cette technique permet de mettre en évidence notre connectome c’est-à-dire le plan complet de nos connexions neuronales. En utilisant des combinaisons de 4 molécules fluorescence de différentes couleurs, on obtient une palette d’environ 100 étiquettes qui forme une représentation très colorée de notre cerveau.
Ce connectome évolue chaque seconde en fonction de nos expériences affectives, psychiques et cognitives. C’est dû à ce que l’on appelle cela la plasticité cérébrale.
Qu’est-ce que la plasticité cérébrale ?
La plasticité cérébrale, aussi appelée plasticité neuronale ou neuroplasticité, est la capacité de nos neurones à se modifier et à se remodeler tout au long de notre vie.
Quand on vit de nouvelles expériences, de nouvelles connexions se créent entre nos neurones formant ainsi de nouveaux réseaux. Et plus on répète ces expériences, plus nos connexions se renforcent. C’est ce qui explique que quand on apprend un instrument par exemple, on a du mal à jouer au départ, mais que plus on s’entraîne, plus cela devient facile parce que nos connexions se renforcent.
D’ailleurs il y a une bonne analogie à ce sujet et c’est celle des traces dans la neige.
Quand plusieurs centimètres de neige sont fraîchement tombés et que vous marchez dedans pour la première fois, chaque pas que vous faites vous demande beaucoup d’effort parce que vous n’avez aucun chemin en face de vous. Mais plus vous passez et repassez sur vos premiers pas, plus le chemin devient facile d’accès.
Pour les connexions entre vos neurones, c’est la même chose. Quand vous apprenez de nouvelles choses, il est difficile de créer de nouveaux “chemins” neuronaux. Mais une fois que vous les avez créés et que vous les empruntez régulièrement, accéder à l’information devient facile.
En pratiquant régulièrement l’anglais par exemple, vous pouvez parler la langue couramment. En jouant régulièrement de la guitare, vous êtes capable de jouer des morceaux entiers par cœur. Et en prenant votre voiture tous les jours, conduire devient une seconde nature. L’exercice permet donc de développer et renforcer vos chemins neuronaux.
Maintenant l’inverse est aussi vrai. Quand vous arrêtez d’emprunter ces chemins, ceux-ci s’effacent progressivement et deviennent à nouveau difficiles d’accès. Comme le chemin que vous avez tracé dans la neige et qui disparaît sous une nouvelle couche de neige qui vient de tombée.
Si vous n’avez pas parlé anglais depuis plusieurs années, vous aurez du mal à trouver vos mots. Si vous n’avez pas joué de la guitare depuis longtemps, vous aurez oublié comment jouer certains morceaux et si vous n’avez pas conduit depuis des années, vous aurez perdu certains réflexes.
Vos connexions se font et se défont donc en permanence et c’est là toute la dynamique de la plasticité cérébrale.
Exemples de plasticité cérébrale
Maintenant que vous savez ce qu’est la plasticité cérébrale, voyons quelques exemples concrets pour que vous compreniez comment vos apprentissages et expériences influencent votre cerveau.
L’apprentissage de langues
Quand vous apprenez une nouvelle langue, de nouvelles connexions se créent. Sur l’image ci-dessous, vous pouvez voir la différence entre le cerveau d’une personne bilingue (à gauche) et le cerveau d’une personne qui ne parle qu’une seule langue (à droite).
La pratique de la méditation
Quand vous pratiquez la méditation de pleine conscience, vous développez la partie de votre cerveau responsable de la concentration et de l’autocontrôle. La densité de matière grise dans le cortex préfrontal est plus importante chez les personnes qui méditent par rapport aux autres.
L’état dépressif
Les expériences négatives telles que la dépression affectent aussi votre cerveau. L’activité cérébrale des personnes atteintes de dépression (à droite) n’est pas la même que celles des autres (à gauche).
Le cerveau après un choc
Quand vous vivez une expérience traumatique, vos connexions neuronales se modifient là aussi. Ci-dessous, vous pouvez voir la différence entre un cerveau atteint d’un trouble de stress post-traumatique (à droite) et un cerveau lambda (à gauche).
Votre activité cérébrale change donc en permanence au gré de vos expériences, de votre état émotionnel et des compétences que vous développez. Tout le but est alors de créer de bons réseaux pour développer un “super cerveau” qui vous permet de surperformer au quotidien. Alors, comment faire ?
Comment reprogrammer votre cerveau ?
Pour reprogrammer votre cerveau, vous devez capitaliser sur votre plasticité cérébrale en renforçant les connexions utiles et en affaiblissant celles qui vous desservent. Prenons quelques exemples pour voir le processus en action.
Développer votre concentration
Admettons que vous vouliez développer votre concentration. Ce que vous pourriez faire c’est adopter la méthode Pomodoro en travaillant par tranche de 25 min.
Pendant 25 min vous travaillez sans vous laisser interrompre puis vous prenez une pause de 5 min et vous recommencez. En prenant l’habitude de travailler tous les jours de cette façon, vous développerez la partie de votre cerveau responsable de l’autocontrôle et vous aurez plus de facilité à vous concentrer.
Lire aussi : 10 exercices de concentration pour muscler votre cerveau
Développer vos compétences
Si vous voulez développer vos compétences, comme apprendre une langue, apprendre à coder ou encore apprendre à jouer d’un instrument, vous devez là aussi créer de nouveaux réseaux entre vos neurones. Pour cela, vous pouvez utiliser la technique de répétition espacée.
La répétition espacée consiste à répéter une information donnée (mots de vocabulaire, règles de programmation, faits historiques, solfège …) pour la mémoriser et créer des connexions solides dans votre cerveau. Par exemple, si vous voulez apprendre une langue, vous pouvez répéter les mots de vocabulaire à intervalle régulier pour les mémoriser. Et plus vous les répéterez, plus vous serez capable de vous en rappeler sur le long terme.
Vous pouvez aussi adopter la pratique délibérée. Cette pratique est particulièrement utile pour l’apprentissage d’une langue, d’un sport ou de jeux stratégiques comme les échecs. Elle consiste à travailler sur vos points faibles à chaque fois que vous vous entraînez. Si vous apprenez à jouer au tennis par exemple et que vous avez du mal à faire de bons services, vous travaillerez sur ce point spécifique pendant vos entraînements jusqu’à ce que vous le maitrisiez bien.
En travaillant sur vos points faibles, vous créerez ainsi les connexions cérébrales dont vous avez besoin pour devenir excellent.
Lire aussi : Atteindre l’excellence avec la pratique délibérée
Développer de bonnes habitudes
Pour développer de bonnes habitudes, vous devez créer les connexions associées à ces habitudes. Plus vous les entretiendrez, plus vous aurez de facilité à les garder.
Pour prendre un exemple personnel, quand j’ai commencé la course à pied, j’avais beaucoup de mal à me motiver. Mon cerveau n’avait pas encore créé les connexions associées à cette habitude. Mais à force de m’entraîner 3 fois par semaine, j’ai renforcé ces connexions et j’ai eu ensuite beaucoup plus de facilité à garder cette habitude.
Pour entretenir de bonnes habitudes, vous devez donc garder vos habitudes suffisamment longtemps le temps qu’elles se renforcent dans votre cerveau.
Maintenant l’inverse est aussi vrai. Si vous voulez vous débarrasser de mauvaises habitudes, vous devez arrêter de les entretenir pendant suffisamment longtemps, le temps que vos “mauvaises connexions” se fragilisent. Ensuite, vous aurez plus de facilité à vous passer de votre addiction. C’est ce qui explique que quand vous êtes fumeur il est difficile de vous passer de la cigarette au départ, mais qu’après quelques mois vous ne ressentez plus du tout l’envie de fumer. Parce que le réseau neuronal qui supportait cette addiction s’est réduit voire même a complètement disparu.
Pour développer de bonnes habitudes, vous devez donc renforcer les connexions associées à celles-ci et fragiliser les mauvaises connexions.
Lire aussi : Comment développer de bonnes habitudes ?
Développer votre confiance en vous
En créant les bons réseaux dans votre cerveau, vous pouvez aussi développer votre confiance en vous. Une des raisons qui explique votre manque de confiance est que chaque jour, vous vous répétez des choses négatives. Vous vous dites par exemple que vous êtes nul et que vous êtes incapable de faire X ou Y. Et forcément à force de vous répéter cela, les connexions associées à ces croyances se renforcent.
Pour développer votre confiance, vous devez donc arrêter d’alimenter ces connexions et renforcer celles qui sont positives. Pour cela, prenez l’habitude de lister chaque jour 5 raisons pour lesquelles vous pouvez être fier de vous. Il peut s’agir de toutes petites choses, cela n’a pas d’importance. Ce qui est important c’est de vous habituer à reconnaitre vos forces. Et quand vous remarquez que vous tenez un discours négatif (“je suis nul”, “je n’y arriverai pas”), trouvez tous les contre-arguments qui prouvent que ce n’est pas vrai.
En prenant cette habitude, vous construirez votre confiance en vous et éliminerez les croyances qui vous portent préjudice.
Conclusion
Notre cerveau est un organe puissant qui est bien plus malléable qu’on ne le pense. Chaque jour, il évolue au gré de nos expériences et connaissances. Tout le challenge est alors d’optimiser nos connexions pour le rendre plus performant.
Pour cela, vous devez répéter les expériences, connaissances et habitudes qui vous sont utiles pour créer de solides réseaux dans votre cerveau et arrêter de reproduire les habitudes qui vous portent préjudice pour affaiblir les réseaux associés à celles-ci.