Le multitâche est une mauvaise habitude. On le lit dans la presse, dans les livres, dans des blogs. On l’entend dans les podcasts, à la radio… Sans compter les nombreuses études qui le démontrent. Certaines d’entre elles prouvent même que travailler sur plusieurs tâches en même temps nous ferait perdre 40% de productivité en moyenne 1.
Face à ce constat, le monotâche est devenu la nouvelle devise pour être plus productif. Aujourd’hui on ne jure que par les méthodes monotâche tel que le Deep Work, la méthode Pomodoro ou encore le Time-Blocking.
J’adore ces méthodes et suis le premier à les utiliser. Elles me permettent de produire un travail de qualité bien plus rapidement que si je travaillais sur plusieurs tâches en simultané. Cependant le multitâche a lui aussi son utilité. Dans certaines situations c’est même la meilleure marche à suivre.
Dans cet article on va donc rappeler pourquoi le multitâche nuit à notre productivité mais on va aussi voir les situations dans lesquelles cela peut s’avérer utile.
Pourquoi le multitâche est mauvais
Notre cerveau n’est pas conçu pour faire du multitâche. Il est incapable de se concentrer sur plusieurs tâches complexes à la fois. Quand on fait du multitâche, on a l’illusion de travailler sur plusieurs choses en même temps mais ce que l’on fait réellement c’est basculer constamment d’une chose à une autre très rapidement or cela pose plusieurs problèmes.
Perte de performance
Selon une étude de l’université de Basel 2, le multitâche provoque en nous une surcharge cognitive qui diminue nos performances. Notre cerveau doit alors prêter attention à un plus grand nombre d’informations ce qui détériore nos capacités à raisonner et à prendre de bonnes décisions.
Une autre étude de l’University College London confirme cette observation. Au cours de celle-ci, les neuroscientifiques ont scanné le cerveau de personnes qui avaient pour habitude de faire du multitâche. Ils ont découvert que ces dernières avaient une plus faible densité de matière grise dans le cortex cingulaire antérieur et que cela avait pour conséquence de diminuer leurs performances cognitives 3.
Faire du multitâche aurait donc des conséquences négatives sur notre cerveau.
Perte de temps
Le multitâche nous fait également perdre plus de temps car changer de tâche implique ce que l’on appelle un switching cost :
“Le switching cost fait référence au prix que vous payez à chaque fois que vous changez de tâches. A chaque fois que vous faites la transition d’une tâche à une autre, votre cerveau à besoin d’un moment pour être complètement engagé sur l’activité. Vous pouvez voir ça comme la version équivalente de s’échauffer à la gym. Cela prend 1 min ou 2 avant que votre cerveau soit opérationnel et fonctionne à plein régime sur la nouvelle tâche.”
James Clear
Autrement dit plus on change de tâches, plus on perd de temps à se reconcentrer.
Perte d’énergie
Le multitâche nous fait aussi perdre de l’énergie. A chaque fois que l’on change de tâches, notre cerveau consomme du glucose or le glucose est la principale source d’énergie de notre cerveau. Au lieu de l’utiliser pour accomplir un travail, on le gaspille en passant constamment d’une tâche à une autre.
A priori le multitâche n’a donc rien de bon. Et pourtant il peut se révéler bénéfique dans certains cas bien précis.
Comment le multitâche peut nous rendre plus productif ?
Le multitâche ne fonctionne pas quand on cherche à accomplir plusieurs tâches complexes en même temps en revanche il peut être bénéfique quand celles-ci sont automatiques comme le précise Dr. Susana Martinez-Conde, spécialiste en neuroscience et co-auteur de Sleights of Mind 4 :
“Les tâches qui sont automatiques ou qui ne demandent pas beaucoup d’attention nous permettent de faire une sorte de multitâche… mais cela ne sert à rien d’essayer d’accomplir 2 tâches ou plus en même temps quand chacune d’entre elles requièrent d’être attentif à ce que l’on fait.”
Par ailleurs d’après une étude publiée dans Psychological Science, il est aussi possible des faire du multitâche quand nos tâches ne sont pas en interférence. C’est-à-dire quand les choses que l’on veut accomplir en même temps utilisent des ressources cognitives différentes.
Si on veut écrire un article et répondre à un email en même temps par exemple, cela ne fonctionne pas car les 2 tâches font appel à la même partie de notre cerveau, celle qui traite le langage.
De même si on veut envoyer un message tout en conduisant, cela ne fonctionne pas non plus car on fait appelle à la même partie de notre cerveau qui traite la vision. On ne peut pas regarder notre écran de smartphone et regarder la route en même temps.
En revanche on peut faire du sport tout en parlant à un ami. Ces 2 activitiés sont compatibles. L’une fait appel à la partie de notre cerveau qui traite le langage, l’autre à celle qui contrôle les mouvements de notre corps.
On peut aussi cuisiner et écouter un podcast en même temps (d’autant plus si on connait la recette par coeur). Pour cuisiner on fait appel aux mouvements du corps, pour écouter un podcast on fait appel au langage.
En somme, le multitâche fonctionne quand nos tâches sont automatiques et/ou compatibles.
Conclusion
On perçoit souvent le multitâche comme le mal à éviter à tout prix. Mais dans certaines situations faire plusieurs tâches en même temps fonctionne.
Pour savoir quand faire du multitâche, il suffit de retenir la règle suivante :
Si le multitâche s’apparente à basculer constamment d’une tâche à une autre alors il est à proscrire. En revanche s’il implique de travailler sur des tâches automatiques ou de nature différente alors ce n’est pas un problème.
Notes :