“La patience est amère, mais son fruit est doux” –
Aristote
Etre patient c’est la capacité à accepter ou tolérer l’attente, la difficulté ou le mécontentement sans s’énerver ou être contrarié.
C’est une qualité qui rend notre quotidien plus agréable et moins stressant. C’est grâce à elle que l’on est capable de garder notre calme quand on est coincé dans les bouchons, quand on fait la queue à la caisse du supermarché, quand notre ordinateur fonctionne au ralenti…
Mais au delà de nous aider à mieux vivre ces petites contrariétés du quotidien, la patience nous permet de réaliser des transformations profondes dans notre vie. C’est une vertu dont nous avons besoin pour créer des choses sur le long terme, pour atteindre nos objectifs et devenir bon dans une discipline.
“Soyez patient, construire une carrière dans n’importe quoi prend 10 ans” –
Naval Ravikant
Seulement être patient est difficile. D’autant plus aujourd’hui dans un monde où on veut tout tout de suite.
Alors pourquoi manque t-on de patience ? Quels sont les avantages de l’être ? Et comment faire pour être patient ?
C’est ce que l’on va voir dans cet article.
Pourquoi manque t-on de patience ?
Ma femme est de nature impatiente. Elle s’énerve très rapidement quand elle ne trouve pas ses clés ou quand elle attend trop longtemps au restaurant. Par contre elle est prête à faire la queue pendant 5h ou 6h pour voir un concert de Lady Gaga ou Muse.
Personnellement je suis quelqu’un de plutôt patient mais jamais je ne ferai la queue pendant si longtemps même pour mes artistes préférés. En revanche je reste relativement calme quand je perds mes clés ou quand le serveur du restaurant tarde à venir.
Quand il s’agit de patience, nous sommes tous différents. Certaines choses qui nous rendent impatients, ne rendent pas forcément impatients les autres et inversement 1.
Même si nous sommes tous différents, il y a tout de même 4 grandes raisons pour lesquelles nous manquons de patience.
On manque de patience quand nos attentes sont insatisfaites
C’est souvent quand les choses ne se passent comme on le souhaite, que l’on s’impatiente.
Quand notre rendez-vous arrive avec 1h de retard. On est impatient parce qu’on s’attendait à ce que notre rendez-vous soit à l’heure mais les choses ne se passent pas comme prévu.
Quand on est coincé dans les bouchons, on s’impatiente parce qu’on s’attendait à arriver rapidement au travail mais on est bloqué sur la route.
Quand on s’investit beaucoup sur un projet depuis plusieurs mois et que les résultats ne sont pas au rendez-vous, on s’impatiente parce qu’on désirerait progresser plus rapidement.
En bref quand on attend quelque chose et que cela ne se passe pas comme on l’imaginait, c’est dans ces moments que l’on s’impatiente.
On manque de patience quand on s’ennuie
Vous vous souvenez à l’école, quand vous êtiez assis à écouter l’enseignant parler pendant des heures ? Vous regardiez l’horloge et chaque minute vous semblait être une éternité. Vous êtiez impatient que la sonnerie retentisse pour enfin aller jouer dehors.
C’est parce que vous vous ennuyiez que vous êtiez impatient que le cours se termine. Si à la place de suivre ce cours, vous aviez fait quelque chose qui vous passionne, vous n’auriez pas regardé une seule fois l’horloge. Et vous n’auriez pas ressenti cette attente interminable.
S’ennuyer est une autre façon de dire que l’on passe un moment désagréable. Et comme tout moment désagréable, on veut qu’il se termine au plus vite. C’était vrai quand on était à l’école, mais c’est vrai aussi aujourd’hui quand on est en réunion, quand on attend chez le médecin ou quand on fait la queue à la poste.
En fait à chaque fois que l’on est forcé d’attendre et que par conséquent on s’ennuie, c’est souvent là que l’on perd patience.
On manque de patience quand on est stressé
Imaginez, vous avez un vol à prendre dans 1h et vous êtes en retard pour aller à l’aéroport. A quelques kilomètres d’arriver, vous vous retrouvez coincé dans les bouchons.
Dans cette situation vous aurez beau être de nature patiente, il y a de forte chance que le stress prennent le dessus et que vous perdiez votre sang froid.
Quand on est stressé, on perd patience. On veut que les choses aillent plus vite. Parce qu’on se dit que plus les choses iront vite, plus on pourra se libérer rapidement de notre stress. Le stress alimente donc notre impatience.
On manque de patience parce qu’on a appris à être impatient
Enfin la dernière grande source d’impatience, elle, est plus profonde parce qu’elle provient de notre éducation.
Une personne de nature impatiente est souvent une personne qui a appris à l’être par ses parents. C’est parce que ses parents étaient impatients qu’elle l’est devenue par la suite.
Un enfant reproduit très souvent inconsciemment le comportement de ses parents. C’est d’ailleurs souvent pour cette raison qu’en grandissant on retrouve en nous certains des traits de caractère de nos parents. Et l’impatience ne fait pas exception. Si vos parents étaient impatients durant votre enfance, il y a de forte chance que vous le soyez également aujourd’hui.
Pourquoi être patient ?
La patience transforme le talent en accomplissement
Si vous avez un talent particulier aujourd’hui mais que vous manquez de patience, vous ne réussirez jamais à le transformer en accomplissement. C’est-à-dire que vous serez incapable d’attendre le temps nécessaire pour en faire quelque chose de grand. 2
L’accomplissement requiert des années de travail. Sans patience, vous ne pourrez pas surmonter les difficultés que cela présente.
Toutes les personnes que vous admirez aujourd’hui avaient certes un talent à la base. Elles étaient par nature créatives, innovantes, intelligentes… mais si elles en sont là aujourd’hui, c’est grâce à leur patience.
Beyoncé par exemple avait certes une belle voix à la base mais c’est son travail et sa patience qui lui ont permis de révéler son talent.
Elon Musk était un enfant prodige. Il est certes né avec une intelligence exceptionnelle mais c’est sa patience qui lui a permis de créer tous ses projets au cours de ces dernières années.
On ne voit souvent que le talent et l’accomplissement et on a tendance à en oublier la patience. Pourtant cette vertu est tout aussi importante pour réussir.
“Notre patience accomplira toujours plus que notre force” Edmund Burke
Etre patient permet de faire du bon travail
J’ai eu la chance de travailler sur de nombreux projets ces dernières années : création d’une agence, construction de 5 blogs, publication d’un livre sur l’anxiété, écriture de BD…
Et au cours de chacun de ces projets j’ai été confronté à mon impatience. Et parfois je reconnais qu’elle me poussait à négliger mon travail.
Après avoir écrit les 4 premiers chapitres de mon livre par exemple, j’ai été tenté d’aller plus vite sur les suivants. De m’appuyer sur moins de références, de faire moins de recherches. Parce que je voulais aller vite. J’étais impatient de voir mon livre enfin publié.
Seulement je perdais de vu que le but premier n’était pas de publier un livre mais de produire quelque chose qui intéresserait les gens.
Parfois l’impatience nous pousse à vouloir aller trop vite, à bâcler notre travail, à livrer quelque chose de moitié fini. C’est ici que la patience prend tout son sens. C’est ce qui nous aide à prendre le temps de faire les choses bien et à produire notre meilleur travail.
Etre patient améliore notre relation avec les autres
La patience nous aide à être plus calme, à comprendre les autres et à prendre en compte leurs émotions et leur point de vue. Cela permet aussi de créer un environnement de confiance.
Quand on est impatient, on s’emporte plus facilement. Et cela peut parfois nous amener à dire ou faire des choses blessantes.
Je me souviendrai toujours d’un enseignant que j’avais en maths à l’école. Il était très impatient. En début d’année il nous avait dit que dans son cours on ne devait pas hésiter à lui poser des questions si on ne comprenait pas.
Un jour j’ai donc levé la main pour lui poser une question parce que je n’arrivais pas à comprendre une des formules mathématiques au tableau. Il me la ré-expliqua une fois. Je n’avais toujours pas compris et lui reposa la même question. Il s’énerva en me disant qu’il fallait suivre et qu’il ne pouvait pas s’arrêter toutes les 5 min pour expliquer un concept aussi simple.
Après cela, je n’ai plus jamais osé lever la main dans son cours même lorsque je ne comprenais pas. Et je suis sûr que je n’étais pas le seul dans la classe.
Si cet enseignant avait été plus patient, il m’aurait ré-expliquez une autre fois plus calmement ou m’aurait demandé de venir le voir à la fin du cours pour qu’il prenne le temps de m’expliquer. Et j’aurais enfin pû comprendre cette formule mathématique.
Etre patient, c’est ça aussi. C’est prendre le temps d’aider les autres ce qui bien évidemment améliore notre relation avec eux.
Etre patient nous aide à mieux décider
Prendre le temps de réfléchir est important pour prendre les bonnes décisions. Quand on est impatient, on veut aller trop vite. On prend des décisions sous l’émotion. Parce qu’on est énervé, stressé ou déçu, on fait de mauvais choix.
Je le réalise tous les jours avec mes clients. J’offre des prestations marketing et les entreprises viennent me voir pour que je gère leurs publicités sur Facebook et Google.
Certains s’attendent à ce qu’en 2 semaines, ces publicités fassent décoller leur business. Ce qu’ils oublient c’est que créer des publicités performantes, c’est comme tout, ça prend du temps. Il faut trouver le bon message, la bonne cible, créer le bon tunnel…
Alors naturellement quand au bout de 2 semaines ils se rendent compte que cela prendra plus de temps qu’ils ne le pensaient, ils décident de tout arrêter. C’est dommage parce qu’ils passent à côté de beaux résultats sur le long terme.
Avec l’expérience, je reconnais maintenant ce type de client et préfère les avertir avant même de signer le contrat. Ca fait gagner du temps pour tout le monde.
Quand on prend des décisions, on doit donc être patient pour ne pas faire des choix dans l’empressement.
Comment être patient ?
Il existe plusieurs techniques pour apprendre à être patient.
Il y a les techniques qui s’appliquent à chaud. Ces techniques permettent de faire redescendre la pression, quand on sent l’impatience monter en nous. Et puis il y a d’autres techniques qui sont destinées à développer notre patience sur le long terme. Elles nous aident à travailler sur nous même et à renforcer cette vertu en nous.
Voyons ces techniques dès maintenant.
Prendre des respirations
L’impatience est avant tout une réaction physique. Quand on est impatient une ou plusieurs de ces réactions se produisent :
- Notre rythme cardiaque augmente
- On s’essouffle
- Nos muscles se tendent
- Nous nous crispons
Un bon moyen de relâcher toute cette pression sur le moment est de respirer. En respirant on se détend et on redevient plus calme et serein.
Pour cela on peut inspirer pendant 4 secondes et expirer pendant 8 et faire cela autant de fois que nécessaire. On constate alors rapidement que notre rythme cardiaque ralentit et que nos muscles se détendent. On réussit aussi mieux à prendre de la distance avec la situation. 3
Créer une interruption
L’autre jour j’attendais sur le quaie du métro parisien à l’heure de pointe. C’était la rentrée scolaire donc autant dire qu’il y avait énormément de monde. Et pour arranger le tout, les métros fonctionnaient au ralenti parce qu’il y avait eu un malaise voyageur à une station.
Toutes les conditions étaient réunies pour être impatient.
En regardant autour de moi, je voyais des personnes au visage crispé, qui soupiraient, qui tapaient du pied et qui s’impatientaient…
Et puis dans tout ce chao, la RATP (le métro parisien) passe un message automatique :
“La RATP vous souhaite une excellente rentrée et une très bonne journée !”
Le message était en tel décalage avec la situation chaotique que s’en était ironique. D’ailleurs ça n’a pas manqué de faire rire quelques personnes qui quelques minutes plus tôt étaient tendues et crispées.
Sans le vouloir, le message avait en fait créé une interruption dans le comportement des gens. Ils sont passés en quelques seconde d’un sentiment d’impatience à un sentiment d’amusement.
Créer une interruption est la façon la plus rapide de tuer l’impatience. Et le meilleur moyen de créer ces interruptions est d’utiliser l’humour.
Donc si on remarque que l’on s’impatiente, on peut essayer de rompre ce sentiment avec quelque chose qui nous amuse ou qui nous fait nous sentir bien. Ecouter un podcast qui nous détend, se concentrer sur quelque chose qui nous fait rire ou encore quelque chose qui nous procure du bonheur.
En déplaçant notre focus sur autre chose que notre impatience, on retrouve tout de suite plus de calme et de sérénité.
Redéfinir ses attentes
On perd patience quand ce qui se passe dans la réalité ne répond pas à nos attentes. Et le problème est d’autant plus vrai quand nos attentes sont irréalistes.
Si on lance un business par exemple et que l’on s’imagine faire 5 000 000 € de chiffre d’affaire dès la première année alors que l’on a aucune expérience et aucun contact, il y a de forte chance que l’on soit déçu de nos résultats. Et cette déception alimentera notre impatience.
Pour éviter d’être déçu et donc impatient, il faut rédéfinir nos attentes. C’est-à-dire fixer des objectifs qui sont certes ambitieux mais avant tout réalistes.
Au lieu de se fixer un chiffre d’affaire à 5 000 000 € dès la première année, pourquoi ne pas déjà essayer 100 000 € ? On a plus de chance d’atteindre cet objectif et donc plus de chance de satisfaire nos attentes.
En bref si on remarque que l’on s’impatiente, on doit regarder si nos attentes sont réalistes et si ce n’est pas le cas, les redéfinir.
Reconnaitre les déclencheurs
On a vu un peu plus haut que nous sommes tous différents quand il s’agit d’impatience. Ce qui déclenche l’impatience chez une personne ne la déclenchera pas forcément chez une autre et inversement. Il est donc important de savoir ce qui déclenche l’impatience en nous pour pouvoir mieux l’anticiper.
Pour cela, on doit repenser aux dernières fois où on s’est montré impatient. Qu’est-ce qui était à la source de notre impatience ? Est-ce que c’était un rendez-vous qui était en retard ? Un embouteillage ? Une tâche qui nous a pris plus de temps que prévu ?
On doit ensuite le noter dans un carnet ou une application. Ainsi on sera capable de mieux reconnaître ces situations dans le futur et agir en conséquence.
Pratiquer la pleine conscience
Dans une étude du Journal of Child and Family Studies, Rachel Razza explique comment pratiquer la pleine conscience à aider des enfants à devenir plus patient.
Lors d’un programme de 6 mois appelé YogaKids, l’enseignant a fait faire à des enfants de classes de maternelles des exercices de pleine conscience pendant environ 10 – 30 min chaque jour. Au bout de 6 mois, les enfants se sont montrés beaucoup plus calmes et patients.4
Cette expérience prouve que pratiquer la pleine conscience est un moyen efficace de développer notre patience.
Pour pratiquer la pleine conscience voici quelques idées d’exercice que l’on peut faire :
- Porter notre attention sur notre respiration : On se pose 10 min au calme et on observe notre respiration. On sent l’air entrer dans nos narines et dans nos poumons puis en ressortir.
- Porter notre attention sur nos pensées : On observe nos pensées surgir et disparaître. On ne se laisse pas emporter par celles-ci. On garde une place d’observateur, un peu comme si on était sur un trottoir et que l’on regardait les voitures passer devant nous. L’idée est de se détacher de nos pensées et de prendre de la hauteur.
- Porter notre attention sur l’instant présent : Marcher, prendre une douche, manger… sont des occasions de pratiquer la pleine conscience. Au lieu de se laisser emporter par nos pensées quand on fait ces choses, on s’ancre dans le présent et on porte notre attention sur ce que l’on ressent quand on le fait. Quand on marche, on porte notre attention sur nos pieds, quand on prend une douche, on sent l’eau sur notre corps, quand on mange, on prête attention au goût et à la texture des aliments…
Ces petits exercices nous permettent de ralentir le rythme et de rester plus présent.
Lire aussi : Comment méditer et muscler votre cerveau (au sens littéral du terme)
Conclusion
Pour conclure voici les quelques points à retenir de cet article :
- On manque de patience pour 4 grandes raisons : nos attentes sont insatisfaites, on s’ennuie, on est stressé, on a appris à être impatient avec notre éducation
- Il y a de nombreuses raisons d’être patient : la patience transforme notre talent en accomplissement, cela nous permet de produire notre meilleur travail, d’améliorer notre relation avec les autres et de mieux décider
- Pour être plus patient différentes techniques existent : prendre des respirations, créer un interruption, rédéfinir nos attentes, reconnaître ce qui déclenche notre impatience et pratiquer la pleine conscience
Notes :