Je procrastinais depuis un moment sur ce projet. Cela faisait des mois qu’il trainait dans ma to-do list. Et je trouvais toujours une excuse pour ne pas le faire. Pourtant il me tenait à coeur. J’avais vraiment envie de le réaliser.
Et puis un jour j’en ai eu marre de le repousser. Je me suis demandé :
Pourquoi est-ce que je n’arrive pas à m’y mettre ?
J’ai pris de la hauteur sur mes excuses et essayé de comprendre ce qui me faisait remettre au lendemain. En me questionnant, j’ai réalisé que si j’avais autant de mal à passer à l’action, c’est parce que ce projet m’intimidait et que je ne me croyais pas capable de le faire.
Mais pourquoi je ne m’en croyais pas capable ?
Parce que j’avais l’impression de me tenir devant une gigantesque montagne de travail impossible à surmonter.
Sachant cela, j’ai divisé mon projet en petites étapes pour découvrir ce qu’il y avait de si insurmontable dans cette tâche. En faisant cet exercice j’ai réalisé que ce travail était en réalité tout à fait à ma porté et qu’il me suffisait d’un peu de bon sens pour le faire fonctionner.
Cela m’a motivé à compléter une première étape, puis une autre et encore une autre… et en quelques jours mon projet était lancé.
Sans le savoir je venais de résoudre mon problème de procrastination grâce à la métacognition.
Qu’est-ce que la métacognition ?
La métacognition a été popularisée dans les années 70 par le psychologue américain John Flavell mais le concept remonte à bien plus longtemps. Aristote en parlait déjà dans Parva Naturalia 1.
La métacognition fait référence à l’idée de Penser sur nos propres pensées ou Apprendre à apprendre. C’est la capacité à contrôler nos processus de réflexion grâce à différentes stratégies. C’est observer nos forces et nos faiblesses. En bref c’est prendre de la hauteur sur notre raisonnement et nos émotions pour mieux nous comprendre, apprendre, mémoriser et décider.
Mon histoire sur la procrastination est un parfait exemple de métacognition. En me questionnant, j’ai pensé à mes pensées. Je me suis demandé pourquoi je remettais constamment mon projet au lendemain. Pourquoi j’étais intimidé par celui-ci et est-ce que j’avais de bonnes raisons de l’être. C’est en prenant de la hauteur sur mes pensées et mes émotions, que j’ai pu surmonter mon blocage et passer à l’action.
La métacogntion permet de surmonter des blocages mais offre aussi de nombreux autres bénéfices.
Les bénéfices de la métacognition
La métacognition améliore l’apprentissage
Quand on applique des statégies tel que la conscience de soi et l’auto-contrôle, on apprend mieux parce qu’on s’auto-analyse. On étudie notre façon de raisonner et de mémoriser ce qui nous aide à trouver de meilleures façons faire.
Admettons que l’on essaye de se souvenir de dates, de noms et de chiffres. Avec la métacognition on va peut être découvrir que l’on a tendance à mieux se souvenir des informations quand elles sont écrites ou quand on les dit à haute voix. On saura alors quelle stratégie appliquer dans le futur pour mieux mémoriser des informations similaires.
La métacognition limite les biais cognitifs
Les biais cognitifs sont des erreurs de raisonnement qui nous empêchent de voir les choses telles qu’elles sont. C’est cette tendance que l’on a parfois à embellir les choses ou au contraire à les empirer. Quand on s’intéresse à un sujet par exemple, on ne va regarder que les informations qui confirment nos croyances et occulter le reste. Cela pose de nombreux problèmes notamment dans notre capacité à raisonner et à décider.
La métacognition se révèle utile pour limiter nos biais. En pensant à nos pensées, on est capable de voir la façon dont agit quand on est sous l’influence de ces derniers et agir en conséquence. Ainsi quand on s’intéresse à un sujet, on va considérer les informations dans leur globalité y compris celles qui ne vont pas dans le sens de nos croyances. Cela nous permet de mieux raisonner et de prendre de meilleures décisions.
La métacognition permet de mieux résoudre les problèmes
Quand on fait face à un problème quelconque, la métacognition nous permet d’analyser notre façon de l’approcher ce qui nous aide à savoir ce qui fonctionne et ce qui peut être amélioré.
Penser à nos pensées est bénéfique pour de nombreuses autres choses : productivité, concentration, méditation, gestion des émotions… En fait c’est utile à chaque fois que l’on est dans une démarche d’amélioration.
Comment apprendre à apprendre ?
Se fixer des objectifs inspirants
Pour apprendre à apprendre on doit se fixer des objectifs inspirants. C’est-à-dire des objectifs qui nous donnent envie de développer notre métacognition. Si on n’en ressent pas l’envie, on n’aura pas non plus la motivation et l’énergie nécessaire pour développer nos capacités 2.
Pour apprendre à se fixer de bons objectifs, je vous recommande l’article suivant :
Comment se fixer des objectifs SMART (+21 exemples concrets)
Se poser les bonnes questions
Pour développer notre métacognition il faut se poser les bonnes questions. C’est en se posant les bonnes questions que l’on peut penser profondément à ce que l’on fait et que l’on est capable de trouver d’éventuelles meilleures façons de faire.
Voici quelques questions à se poser avant de réaliser une tâche, pendant et après.
Avant de réaliser la tâche :
- Est-ce que cela ressemble à une tâche que j’ai déjà faite auparavant ?
- Qu’est-ce que je veux accomplir ?
- Qu’est-ce que je devrais faire en premier ?
Pendant la réalisation de la tâche :
- Est-ce que je suis sur la bonne voie ?
- Qu’est-ce que je peux faire différemment ?
- Qui est-ce que je peux appeler pour demander de l’aide ?
Après la tâche réalisée :
- Qu’est-ce qui a bien marché ?
- Qu’est-ce qui aurait pu être mieux fait ?
- Est-ce que je peux appliquer cela à d’autres situations ?
Ces quelques questions permettent d’avoir un oeil critique sur la façon dont on accomplit nos tâches et ainsi améliorer notre approche.
Monitorer ses performances
Pour apprendre à apprendre, on ne doit pas attendre d’avoir fini une tâche pour savoir la façon dont on a performé. On doit aussi vérifier que tout se passe bien pendant l’exécution de la tâche.
Qu’est-ce que ça veut dire concrêtement ?
Et bien tandis que l’on résout un problème ou que l’on mémorise une information par exemple, on va veiller à rester conscient des processus cognitifs qui s’opèrent au moment où on est entrain de le faire. Cela permet d’apprendre sur le moment ce qui fonctionne et de s’améliorer.
Demander des feedbacks
Pour développer notre métacognition, on doit apprendre à chercher des feedbacks auprès des bonnes personnes. C’est seulement grâce à des retours honnêtes et des critiques constructives que l’on peut progresser.
Pour obtenir des feedbacks de qualité, on doit faire appel à des personnes de confiance. C’est-à-dire des personnes performantes sur qui on sait que l’on peut compter et qui peuvent nous partager leur expérience.
Une fois qu’on les a identifié, on leur explique notre démarche et on leur expose la façon dont on s’y prend pour apprendre, mémoriser ou encore résoudre des problèmes. On leur demande ensuite de nous faire leurs retours pour savoir de quelle façon on pourrait s’améliorer.
Quand on leur expose notre façon de procéder, on doit le faire le plus honnêtement possible. L’objectif de cet exercice n’est pas de chercher une validation quelconque et encore moins de chercher à impressionner.
Si on explique notre façon de raisonner à quelqu’un ce n’est pas pour montrer à quel point on est intelligent ou sage mais pour obtenir de vrais retours qui nous seront utiles par la suite. C’est seulement grâce à des feedbacks authentiques que l’on peut progresser.
Garder un journal
Enfin, un bon moyen d’apprendre à apprendre est d’écrire régulièrement nos observations dans un journal. A chaque fois que l’on apprend quelque chose de nouveau sur notre façon de raisonner, de penser ou de mémoriser, on peut le conserver dans un carnet pour pouvoir s’y référer plus tard.
On peut par exemple se poser régulièrement les questions suivantes et noter les réponses dans notre journal :
- Comment est-ce que j’ai procédé ? Par quoi est-ce que j’ai commencé ?
- Qu’est-ce qui m’a aidé à réussir ?
- Quelles sont les difficultés que j’ai surmontées ?
- Comment est-ce que j’aurais pu procédé autrement ?
- Qu’est-ce que j’ai appris ?
En notant nos réponses, on conserve un historique de notre raisonnement ce qui peut nous aider à progresser.
Conclusion
La métacognition est un outil puissant pour mieux penser, mémoriser et de manière générale mieux réfléchir. C’est presque un forme de méditation qui peut nous aider dans la vie de tous les jours.
Pour rappel voici les différents conseils pour développer sa métacognition :
- Se fixer des objectifs inspirants
- Se poser les bonnes questions
- Monitorer ses performances
- Demander des feedbacks
- Garder un journal
Notes :