Matrice des risques : 6 étapes pour gérer les risques (exemples et modèle inclus)

En tant que chef d’entreprise, vous faites face à de nombreux risques : fluctuations des revenus, trésorerie faible, perte de clients clés, turnover, concurrence croissante…

Ces incertitudes pèsent lourd sur vous à chaque instant. Elles perturbent vos nuits, accaparent votre esprit et vous empêchent de profiter pleinement de vos moments en famille.

Et si je vous disais qu’il existe une solution pour alléger ce poids ? 

Dans cet article, vous allez découvrir comment gérer toutes ces incertitudes grâce à ce que l’on appelle une matrice des risques. Vous verrez aussi comment utiliser l’IA pour vous aider à mieux gérer les risques.

Qu’est-ce qu’une matrice des risques ? Définition

La matrice des risques est un tableau simple mais puissant. Elle positionne chaque risque selon sa probabilité et son impact, ce qui vous aide à les identifier et à les traiter efficacement, sans laisser place à l’improvisation.

Voici un exemple de matrice des risques.

Pourquoi gérer les risques est vital pour votre entreprise ?

Vous favorisez la croissance de votre entreprise

La véritable barrière à la croissance d’une entreprise n’est pas le manque de clients, ni les difficultés de recrutement, ni même les imprévus financiers. Ce sont les peurs de son dirigeant face au risque. À cause d’elles, ce dernier prend des décisions qui entravent le développement de son activité. 

Ces peurs peuvent prendre différentes forme comme par exemple :  

• Refuser d’augmenter les prix par peur de perdre des clients.
• S’accrocher à une stratégie dépassée par peur de changer.
• Éviter les partenariats par peur de dépendre de quelqu’un d’autre.
• Ne pas déléguer par peur que le travail soit mal fait.
• Éviter d’investir par peur de perdre de l’argent.

Tous ces choix freinent l’évolution de l’entreprise. 

Lorsque vous apprenez à gérer les risques, vous transformez ces peurs en opportunités de croissance. Au lieu de laisser vos craintes vous paralyser, vous analysez chaque opportunité avec un oeil pragmatique ce qui vous permet de prendre de bien meilleures décisions.

Vous optimisez les ressources de votre entreprise

Les erreurs peuvent coûter une fortune. Regardez Jaguar et son rebranding qui a engendré un véritable bad buzz. Suite à ce changement d’identité, Rawdon Glover, à la tête de la marque, a annoncé que seulement 10 à 15% des clients actuels resteraient fidèles. Certains experts parlent même d’une perte allant jusqu’à 90%. Ça fait mal, surtout quand on sait qu’un rebranding de ce genre coûte à minima entre 50 000 et 200 000€. 

Votre entreprise n’est peut-être pas de la taille de Jaguar, mais les erreurs stratégiques peuvent être tout aussi fatales. En analysant vos risques à l’avance, vous évitez ce genre de catastrophe. Au lieu de gaspiller 50 000€ dans un rebranding raté, vous pouvez les investir dans des initiatives qui favorisent la croissance de votre entreprise. 

Gérer les risques, c’est aussi éviter les inefficacités opérationnelles.

Imaginez : vous êtes à la tête d’une agence marketing. Un client vous remet ses contenus en retard ce qui paralyse votre équipe et retarde une campagne. Le résultat ? Une échéance manquée et un client insatisfait.

En analysant les risques en amont, vous pouvez mettre en place des solutions adaptées : rappels automatisés pour vos clients, clauses contractuelles pour limiter les retards, et suivi rigoureux des projets. Ces actions simples peuvent faire toute la différence.

Anticiper les risques, c’est donc optimiser vos décisions, vos ressources, et la satisfaction de vos clients.

Vous réduisez votre stress 

Une gestion méthodique des risques permet de diminuer votre niveau de stress, car vous êtes mieux préparé. C’est d’ailleurs cette préparation qui permet aux astronautes de rester calmes face à l’inconnu.

Dans l’espace, les risques sont colossaux. Une fuite d’oxygène, un dysfonctionnement critique, une météorite qui percute la navette… Les conséquences peuvent être fatales. On parle ici de vies en jeu et de missions à plusieurs milliards qui échouent en un instant. 

Mais grâce à une planification minutieuse et des protocoles détaillés, chaque risque est anticipé. Chaque astronaute sait exactement quoi faire en cas de problème. Ils restent sereins même dans les situations les plus stressantes.

Pour votre entreprise, le principe est le même. Avec un plan clair pour chaque risque potentiel, vous éliminez l’improvisation et reprenez le contrôle. Vous savez comment réagir face aux imprévus, ce qui vous permet de travailler avec plus de sérénité.

Les types de risque rencontrées par les chefs d’entreprise

Depuis le début de cet article, on a parlé des risques qui pèsent sur les chefs d’entreprise. Mais concrètement, quels sont-ils ? 

Ils se répartissent en 5 grandes catégories. Et la matrice de risques permet de gérer chacun d’entre eux efficacement.

• 1. Les risques stratégiques : Ils découlent des mauvaises décisions qui affectent directement les performances de votre entreprise. Exemple : vous investissez dans un CRM inadapté à vos besoins et perdez des semaines à le paramétrer sans obtenir les résultats espérés.

• 2. Les risques opérationnels : Ils concernent les erreurs dans vos processus ou vos procédures. Exemple : vous planifiez mal un projet client, votre équipe se retrouve débordée, votre client est frustré, et votre réputation en pâtit.

• 3. Les risques financiers : Ils touchent tout ce qui menace votre trésorerie ou vos revenus. Exemple : vous perdez un client clé ou une fluctuation inattendue du marché fait chuter votre chiffre d’affaires. 

• 4. Les risques techniques : Ils sont liés à la technologie que vous utilisez. Exemple : des failles de sécurité exposent vos données sensibles, ou une panne de logiciel paralyse votre activité.

• 5. Les risques externes : Ce sont ceux sur lesquels vous n’avez aucun contrôle. Exemple : une nouvelle réglementation comme le RGPD qui exige des investissements pour la conformité, ou encore une pandémie qui fait chuter la demande.

Une matrice des risques bien construite permet de naviguer sereinement à travers ces incertitudes. Dans la partie suivante, vous découvrirez comment en réaliser une pour identifier, évaluer et prioriser chaque menace pesant sur votre entreprise.

Comment construire une matrice des risques ?

Passons à l’action. Maintenant que vous comprenez pourquoi la gestion des risques est essentielle, voyons comment créer une matrice des risques.

Pour rendre les choses concrètes, prenons un exemple :

Vous êtes à la tête d’une agence marketing avec 2 employés. Votre activité est en pleine croissance, et les demandes clients affluent. Vous envisagez de recruter pour répondre à cette demande et développer votre entreprise. Mais une inquiétude vous freine : recruter une mauvaise personne.

Avec cet exemple, explorons chaque étape de la création d’une matrice des risques.

Étape 1 : Identifiez les risques

Commencez par identifier les risques que votre entreprise pourrait rencontrer. Pour cela, posez-vous quelques questions simples : 

• Quels risques sont associés à mon modèle économique ou à ma stratégie de croissance ?
• Quels risques financiers (fluctuations de trésorerie, créances impayées) pourraient me menacer ?
• Quels problèmes pourraient survenir en matière de RH (turnover, conflits, pénuries de talents) ?
• Quels changements récents dans la réglementation ou les politiques pourraient affecter mon entreprise ?
• Mon entreprise est-elle trop dépendante d’un client ?

Cette liste de questions est non exaustive, mais c’est un excellent point de départ pour identifier les premiers risques.

Important : N’essayez pas de lister tous les risques. C’est impossible. La vie est imprévisible, et des impondérables surgiront toujours. Le but de cet exercice est d’identifier les risques les plus importants, ceux qui vous préoccupent aujourd’hui et qui pourraient avoir un impact significatif sur votre activité.

Pour notre exemple, on va considérer les risques potentiels suivants :

• Recrutement de la mauvaise personne
• Client majeur décide de rompre un contrat
• Baisse de motivation / désengagement des employés
• Départ d’un employés
• Livraison d’un projet en retard
• Cyberattaque entraînant une perte de données sensibles

Étape 2 : Évaluez la gravité des risques

Une fois les risques identifiés, mesurez leur gravité en vous posant cette question :

Par exemple :  

• Quel serait l’impact de recruter une mauvaise personne ? 
• Quel serait l’impact si un client majeur décidait de rompre un contrat ?
• Quel serait l’impact d’une baisse de motivation de vos employés ?

Répondre à ces questions peut être difficile, surtout si vous n’avez jamais été confronté à ce genre de situation. Pour vous aider à faire cette évaluation, appuyez-vous sur des données concrètes :  

• Discutez avec vos collaborateurs. Ils ont souvent une vision opérationnelle qui peut enrichir votre évaluation.
• Échangez avec d’autres chefs d’entreprise. Leurs retours d’expérience peuvent vous éclairer.
• Consultez des études. Cherchez des rapports ou des témoignages pour avoir une idée de l’impact de ces risques dans votre secteur.

Vous pouvez aussi utiliser Perplexity en écrivant le prompt suivant : 

Quel est l’impact de [risque] ? Trouve des études, statistiques et témoignages

En fonction des informations récoltées, attribuez une note de 1 à 5 à chaque risque pour indiquer son impact (1 étant un risque négligeable et 5 catastrophique) : 

• Recrutement de la mauvaise personne : 4
• Client majeur qui rompt un contrat : 4
• Baisse de motivation ou désengagement des employés : 3
• Départ d’un employé clé : 3
• Livraison d’un projet en retard : 2
• Cyberattaque entraînant une perte de données sensibles : 5

Étape 3 : Estimez la probabilité des risques 

Après avoir évalué l’impact de chaque risque, estimez leur probabilité en leur attribuant une note de 1 à 5 (1 étant très peu probable que le risque se produise et 5 très probable).

Là encore il peut être difficile d’estimer la probabilité des risques car de nombreux facteurs entrent souvent en jeu. Par exemple, si vous vous demandez : “Quel serait l’impact si un client majeur décidait de rompre un contrat ?”, plusieurs éléments doivent être pris en compte :

• La satisfaction de ce client vis-à-vis des résultats que vous lui fournissez.
• La concurrence et les alternatives qui pourraient l’attirer.
• La solidité financière et la stratégie interne de votre client.
• Les conditions économiques générales et la conjoncture.

Prenez le temps d’analyser ces facteurs et attribuez une note qui reflète le mieux la réalité. L’objectif est de vous approcher d’une estimation réaliste, même si elle ne sera jamais parfaite.

• Recrutement de la mauvaise personne : 3
• Client majeur décide de rompre un contrat : 2
• Baisse de motivation / désengagement des employés : 3
• Départ d’un employés : 4
• Livraison d’un projet en retard : 5
• Cyberattaque entraînant une perte de données sensibles : 4

Étape 4 : Calculez le degré d’impact des risques

À cette étape, vous avez évalué la gravité et la probabilité de chaque risque. Il est maintenant temps de calculer leur impact global. Pour cela, utilisez cette formule :

Voici les résultats pour notre exemple : 

• Recrutement de la mauvaise personne : 4 x 3 = 12
• Client majeur décide de rompre un contrat : 4 x 2 = 8
• Baisse de motivation / désengagement des employés : 3 x 3 = 9
• Départ d’un employé : 3 x 4 = 12
• Livraison d’un projet en retard : 2 x 5 = 10
• Cyberattaque entraînant une perte de données sensibles : 5 x 4 = 20

Ces notes vous donnent une vision claire des risques à traiter en priorité. Les risques avec les scores les plus élevés doivent attirer votre attention immédiate. Vous êtes maintenant prêt à les intégrer dans votre matrice des risques.

Étape 5 : Construisez votre matrice des risques

Vous avez désormais toutes les données nécessaires pour construire votre matrice. Pour vous faire gagner du temps, j’ai créé une matrice des risques à télécharger. Il vous suffit d’indiquer votre email ci-dessous pour la recevoir.

Voici l’exemple de matrice des risques une fois remplie :

Le code couleur vous aide à prioriser vos actions :

• 🟢 Zone verte : Ces risques sont considérés comme faibles et ne nécessitent pas d’intervention immédiate. Toutefois, restez vigilant, car un risque peut évoluer avec le temps et passer dans une zone plus critique.

• 🟡 Zone jaune : Ces risques sont modérés et demandent une planification d’actions préventives et/ou correctives.

• 🟠 Zone orange : Ces risques sont critiques. Ils nécessitent une intervention immédiate pour éviter des conséquences graves.

Avec cette matrice, vous aurez une vue d’ensemble claire pour agir efficacement et hiérarchiser vos priorités. Vous êtes maintenant prêt à passer à l’étape suivante : définir des plans d’action concrets.

Étape 6 : Définissez les actions préventives et correctives

Vous avez identifié, évalué et priorisé vos risques grâce à votre matrice. Il ne vous reste maintenant plus qu’à préparer un plan concret pour réduire la probabilité des risques (actions préventives) et/ou réagir efficacement si un risque survient (actions correctives).

Les actions préventives : 

Ces actions visent à diminuer les chances qu’un risque se matérialise. Voici quelques exemples :

• Recrutement de la mauvaise personne : Mettez en place un processus de recrutement rigoureux, incluant des tests de compétences, plusieurs entretiens et une vérification approfondie des références.

• Client majeur qui rompt un contrat : Maintenez une communication régulière et ouverte avec vos clients clés, proposez des bilans périodiques pour renforcer leur satisfaction, et diversifiez vos clients pour éviter une trop grande dépendance.

• Cyberattaques : Investissez dans des outils de sécurité informatique, sauvegardez régulièrement vos données, et formez vos employés aux bonnes pratiques pour limiter les vulnérabilités.

Les actions correctives : 

Ces actions permettent de réagir rapidement et de réduire l’impact d’un risque lorsqu’il se produit. Par exemple :

• Recrutement de la mauvaise personne : Prévoyez une période d’essai accompagnée d’un suivi régulier, avec la possibilité de réévaluer ou d’interrompre la collaboration si nécessaire.

• Client majeur qui décide de partir : Ayez une stratégie commerciale en place pour compenser rapidement la perte, comme relancer des prospects ou proposer des offres à d’autres clients.

• Cyberattaques : Mettez en œuvre un plan de reprise d’activité, isolez les données compromises et contactez des experts pour résoudre rapidement le problème.

Priorisez vos actions

Ne cherchez pas à tout régler d’un coup. Concentrez vos efforts sur les risques les plus critiques (zone orange), puis, si nécessaire, sur ceux de la zone jaune. Les risques de la zone verte peuvent être surveillés sans nécessiter une intervention immédiate.

Suivez et ajustez vos actions

Élaborez un calendrier pour suivre la mise en œuvre de vos actions et évaluer leur efficacité. Ajustez vos stratégies en fonction des résultats et des évolutions de votre entreprise.

La gestion des risques n’est pas un exercice ponctuel. C’est un processus continu qui évolue avec votre activité et vous aide à rester agile face aux incertitudes.

Conclusion

Les risques sont là, qu’on le veuille ou non. Vous pouvez choisir de les ignorer et croiser les doigts, ou les anticiper et reprendre le contrôle. Une matrice des risques vous permet de passer à l’action. Vous identifiez les menaces réelles, mesurez leur impact et prenez des décisions éclairées pour protéger votre entreprise. N’attendez pas qu’un imprévu coûteux survienne : créez votre matrice dès aujourd’hui et avancez avec sérénité.