C’est un matin comme les autres. Je m’installe à mon bureau, café à la main, et je m’apprête à attaquer ma to-do list de la journée.
À peine ai-je le temps de commencer ma première tâche que je reçois un message du PDG sur Slack :
“Tu peux venir me voir stp.”
“Bizarre…” Je me dis “On n’avait pas prévu de faire un point ce matin.”
Intrigué, je le rejoins en salle de réunion et je m’installe en face de lui. Je vois qu’il n’est pas comme d’habitude. Ses yeux sont rouges de fatigue, son visage est crispé et il secoue sa jambe nerveusement.
“Ça va ?” Je lui demande.
“Ouais et toi ?” soupire-t-il d’un air contrarié.
“Plutôt bien, tu voulais me voir ?”
Il soupire à nouveau, puis prend une profonde inspiration :
“Écoute, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer.…”
Je sens mon niveau de stress monter d’un cran.
“Comme tu le sais, la boîte est en difficulté depuis plusieurs mois…”
Je hoche la tête, inquiet de la tournure que prend la conversation.
“On a fait tout ce qu’on pouvait pour redresser la situation, mais les choses ne s’améliorent pas.”
Il continue ses explications et mon angoisse continue de monter.
Il me dit que les 2 produits que l’on vend ne sont pas assez rentables, que l’on brûle trop de cash et qu’il doit faire des choix difficiles pour sauver l’entreprise.
Après 10 minutes interminables, il finit enfin par m’annoncer les larmes aux yeux :
“Étant donné les circonstances, on doit malheureusement faire des réductions budgétaires, ce qui signifie que l’on doit te licencier.”
Je suis sous le choc. 1 an plus tôt, la start up levait 1,3 million d’euros et les perspectives de croissance étaient bonnes. Et pourtant 6 mois après avoir commencé ce travail, je me retrouve au chômage du jour au lendemain.
La nouvelle me bouleverse et je mets plusieurs jours à m’en remettre. Mais rapidement je réfléchis à la suite.
J’ai 2 options en tête :
- Option 1 : retrouver un travail dans le même secteur
- Option 2 : me lancer à mon compte
J’hésite longuement. J’aime l’idée du salariat parce qu’il offre une certaine sécurité, mais l’aventure entrepreneuriale me tente aussi.
Pour m’aider à y voir plus clair, j’échange avec des entrepreneurs pour en savoir plus sur leur quotidien. Je récolte une dizaine de témoignages tous aussi intéressants les uns que les autres, mais je n’arrive toujours pas à prendre de décision. Je suis comme paralysé par l’analyse.
Frustré de ne pas réussir à savoir ce que je veux faire de ma vie, je décide de prendre quelques jours de vacances pour laisser incuber toutes ces informations.
Et puis un soir, alors que je m’apprête à me coucher, j’ai une révélation :
Depuis le début je me dis que je dois faire un choix entre le salariat et l’entrepreneuriat. Mais peut être que je me pose la mauvaise question. Peut être que la réponse est complètement ailleurs. Et s’il existait d’autres options ?
Excité par cette idée, je saisis mon smartphone et je me mets à lister toutes mes autres options, même les plus improbables. Le lendemain, je les montre à ma femme pour lui demander son avis. Elle les lit attentivement et s’arrête sur la 5ème.
“Faire un voyage autour du monde ?” Elle me dit en souriant.
“Ben oui, pourquoi pas ? On a toujours voulu faire le tour du monde, ce serait le moment idéal. Je n’ai plus de travail, ton CDD se termine bientôt, qu’est-ce qui nous empêche de réaliser ce rêve ?”
Elle me fixe d’un air sérieux :
“Combien ça coûterait tu penses ?”
“Aucune idée, mais on peut regarder.”
Je prends mon ordinateur et on consulte ensemble le prix des vols et le coût de la vie en Asie et en Amérique latine. On réalise alors que faire un tour du monde n’est pas si cher qu’on le croyait et que ce projet fou est en réalité à notre portée.
On se laisse quelques jours pour réfléchir. Et après mûre réflexion, on décide de tout lâcher pour partir en voyage. Pendant plus d’un an on visite la Thaïlande, le Cambodge, le Vietnam, la Malaisie, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Brésil. On découvre de nouvelles cultures, on rencontre des gens incroyables et on vit des aventures qui resteront à jamais gravées dans notre mémoire.
Quand j’y repense aujourd’hui, je réalise que toutes ces expériences incroyables sont parties d’une seule question :
“Et s’il existait d’autres options ?”
Dans cet article, j’aimerais vous parler du pouvoir que les questions ont sur notre vie. Mais surtout de l’importance de questionner ses questions.
Trop souvent on s’empresse de répondre immédiatement aux questions que l’on se pose avant même de vérifier si celles-ci sont pertinentes. Résultat on emprunte des chemins de vie difficiles et on perd du temps à chercher des solutions à des problématiques qui ne méritent pas d’être résolues.
Pour éviter de tomber dans ce piège, on doit d’abord questionner nos questions. Et le meilleur moyen d’y parvenir est d’appliquer à ce que l’on appelle, le framestorming.
Qu’est-ce que le framestorming ?
Il vaut mieux débattre d’une question sans la régler que la régler sans en avoir débattu
Joseph Joubert
Vous connaissez certainement le brainstorming qui consiste à générer un grand volume d’idées à partir d’une problématique donnée. Le framestorming correspond à l’étape qui précède cette réflexion. C’est lorsque vous questionnez la problématique en elle-même.
Prenons un exemple pour mieux comprendre. Admettons que vous produisiez des chaises de bureau et que vous vouliez augmenter vos ventes. Vous pourriez vous poser la question suivante :
Comment vendre plus de chaises de bureau ?
Avec la méthode du brainstorming, vous chercheriez toutes les solutions possibles pour résoudre cette problématique. Vous vous diriez :
“Pour vendre plus de chaises de bureau, on peut augmenter notre budget en publicité, lancer un programme d’affiliation, faire des partenariats avec des influenceurs, faire une promotion à temps limité…”
Bref, vous listeriez toutes les idées qui vous viendraient en tête pour répondre à cette question.
Avec la méthode du framestorming en revanche, vous questionneriez la problématique avant d’y répondre. Vous vous diriez :
“Pourquoi vendre plus de chaises de bureau ? Pour augmenter notre chiffre d’affaires. Mais est-ce que c’est le seul moyen de l’augmenter ? Quelles sont nos autres options ?”
En vous posant ces questions, vous réaliseriez peut-être que vous pourriez vendre vos chaises plus cher en améliorant leur qualité ou mettre en place des stratégies d’upsell, cross-sell pour augmenter votre panier moyen. Vous trouveriez alors d’autres solutions auxquelles vous n’auriez pas pensé si vous vous étiez contenté du brainstorming.
Le framestorming vous permet donc de sortir du cadre et de vous ouvrir à d’autres possibilités.
Comment appliquer le framestorming ?
Questionnez votre hypothèse
Les questions partent souvent d’une hypothèse. Si vous vous demandez :
Est-ce que je devrais lancer le produit A ou le produit B ?
Vous partez de l’hypothèse que vous ne pouvez lancer qu’un seul produit et par conséquent toute votre réflexion découlera de cette contrainte.
Mais avant de décider entre ces 2 options, avez-vous pensé à vérifier si cette hypothèse est bien valide ? Qu’est-ce qui vous fait dire que vous ne pouvez lancer qu’un seul produit ? Peut-être que vous avez les ressources suffisantes pour lancer les 2 en même temps. Peut-être même que lancer les 2 vous donnerait 2 fois plus de chance de réussite.
Si vous ne questionnez pas votre hypothèse, vous ne pourrez jamais le savoir et vous passerez potentiellement à côté d’opportunités intéressantes.
Avant même de répondre à une question, cherchez donc à savoir si votre hypothèse est valide. Si elle ne l’est pas, posez-vous une question différente.
Trouvez un meilleur problème à résoudre
Le mois dernier je discutais avec un chef d’entreprise débordé qui gérait 2 entreprises. Il s’apprêtait à prendre la présidence d’un club et il voulait dégager plus de temps pour s’en occuper. Pendant notre appel, il me posait tout un tas de questions du genre :
- Quels sont tes meilleurs hacks de gestion du temps ?
- Quelles méthodes m’aideraient à rester concentré ?
- Quelles applications d’automatisation est-ce que je devrais utiliser ?
Seulement, il se posait les mauvaises questions. Plutôt que d’ajouter de nouveaux hacks, méthodes et applications à son quotidien déjà bien chargé, il devait d’abord réfléchir à ce qu’il pouvait éliminer pour faire de l’espace dans son emploi du temps. Je lui ai donc demandé :
“Qu’est-ce que tu peux éliminer pour gagner du temps ?”
Après quelques minutes, il a fini par identifier un projet qui lui prenait 5h en moyenne par semaine et qui ne contribuait pas à ses objectifs principaux. Résultat il a pu dégager plus de temps sans avoir adopter la moindre méthode ou application. C’est là tout le pouvoir de se poser les bonnes questions.
Aujourd’hui vous êtes peut-être dans la même situation. Vous faites face à un problème que vous cherchez absolument à résoudre et vous vous posez plein de questions. Mais vous êtes-vous demandé si vous vous attardiez sur le bon problème ?
Peut-être que vous investissez votre énergie au mauvais endroit. Peut-être que vous devriez chercher un meilleur problème à résoudre pour obtenir les résultats que vous souhaitez. Pour en avoir le coeur net, demandez-vous :
“Est-ce que c’est le bon problème à résoudre ?”
Lire aussi : Développer son raisonnement, libérer sa créativité et exploser sa productivité avec le modèle d’inversion
Appliquez la méthode des 5 pourquoi
Pour régler un problème en profondeur, on doit le traiter à la racine. Là-dessus on est tous d’accord. Mais comment être certain qu’on le traite bien à la racine et pas en surface ?
Ce n’est pas toujours évident de le savoir.
Imaginons que vous vous sentiez stressé et que vous décidiez de méditer pour vous calmer. Est-ce qu’en méditant vous réglerez le problème à la racine ou est-ce que vous réglerez seulement ses symptômes ?
Pour le savoir, vous devez appliquer la méthode des 5 pourquoi. Pour cela, posez-vous 5 fois la question “Pourquoi ?” pour remonter à la racine du problème.
Voilà ce que cela donnerait pour la méditation :
1. Pourquoi je veux méditer ?
Parce que je me sens stressé.
2. Pourquoi je me sens stressé ?
Parce que j’ai beaucoup de tâches à faire.
3. Pourquoi j’ai beaucoup de tâches à faire ?
Parce que je me suis engagé auprès de trop de monde.
4. Pourquoi je me suis engagé auprès de trop de monde ?
Parce que j’ai du mal à dire non.
5. Pourquoi j’ai du mal à dire non ?
Parce que j’ai peur de vexer les autres.
En faisant cet exercice, vous réaliseriez que votre problème de stress provient de votre difficulté à dire non. C’est parce que vous dites tout le temps oui par peur de blesser les autres que vous vous retrouvez débordé et stressé.
Pour traiter votre problème à la racine, vous auriez donc meilleur temps d’apprendre à dire non plutôt que de vous mettre à la méditation.
La méthode des 5 pourquoi est puissante parce qu’elle permet de mieux diagnostiquer vos problèmes et donc de les régler en profondeur. Mais le plus simple c’est que vous l’essayiez pour vous en rendre compte.
Pour cela, choisissez une problématique à laquelle vous êtes confronté aujourd’hui et posez-vous 5 fois la question “Pourquoi”. Vous réaliserez souvent que la cause de votre problème n’est pas celle que vous pensez et vous pourrez le régler plus efficacement.
Conclusion
Voici les points principaux à retenir de cet article :
- les bonnes questions ont le pouvoir de changer la trajectoire de votre vie
- pour vous poser de meilleures questions, appliquez la technique du framestorming
- le framestorming consiste à questionner vos questions avant de chercher à y répondre
- pour appliquer la technique du framestorming, questionnez vos hypothèses, trouvez de meilleurs problèmes à résoudre et appliquez la méthode des 5 pourquoi pour remonter à la racine de vos problèmes.
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