L’effet Zeigarnik c’est la tendance que l’on a à mieux se souvenir des tâches inachevées que de celles qui ont déjà été réalisées.
Cet effet a été mis en évidence au début du 20ème siècle par Bluma Zeigarnik une psychologue russe. Alors qu’elle était assise à un café à Vienne, elle remarqua que les serveurs se souvenaient parfaitement des commandes qui étaient en cours mais qu’ils les oubliaient aussitôt qu’ils les avaient servies.
Pour mieux comprendre ce phénomène, Zeigarnik fit une expérience. Elle sollicita un groupe de personnes pour réaliser certaines tâches tel que des puzzles, des sculptures ou encore des calculs mathématiques. Et tandis que les participants les réalisaient, elle interrompit certains d’entre eux et laissa les autres poursuivre.
A la fin de l’expérience elle demanda à tous les participants des détails sur les tâches qu’ils venaient de réaliser. Elle constata que ceux qui avaient été interrompus s’en rappelaient 2 fois mieux que les autres.
A première vue on pourrait penser que l’effet Zeigarnik est bénéfique. Si on mémorise mieux les tâches que l’on n’a pas encore réalisées, on est certain de ne pas les oublier et de s’en occuper le moment venu. Le problème c’est que cela créer aussi une charge mentale.
L’effet Zeigarnik et la charge mentale
Quand on est sous l’effet Zeigarnik, on se souvient certes mieux de nos tâches mais elles occupent aussi une place plus importante dans notre esprit. Ainsi plus on a de tâches à réaliser, plus notre mémoire est sollicitée et donc plus on est préoccupé.
On se met à penser au travail le soir quand on est en famille, pendant la nuit quand on essaye de dormir, pendant les week-ends ou encore pendant les vacances. Tant que ces tâches restent incomplètes, on ne parvient pas à décrocher.
En revanche une fois qu’on les a réalisé, on se sent soulagé. On rentre du travail l’esprit tranquille. Les tâches sont derrière nous. On peut enfin profiter pleinement de notre repos et passer à autre chose.
Alors comment fait-on pour éviter d’avoir constamment à l’esprit nos tâches ? Est-ce qu’on doit forcément attendre de les accomplir pour se soulager de leur charge mentale ?
Heureusement non. Il existe des moyens de décharger notre esprit en attendant qu’une tâche soit réalisée.
Comment surmonter l’effet Zeigarnik
Capturer toutes les tâches à accomplir
Le meilleur moyen de surmonter l’effet Zeigarnik est de noter toutes nos tâches dans une to-do list pour les décharger de notre esprit. On ne se sent alors plus obligé de les garder dans un coin de notre tête. On sait qu’elles sont stockées sur un support fiable comme une feuille de papier ou une application.
En stockant nos tâches hors de notre esprit, on a plus d’énergie pour réfléchir, imaginer, créer, conceptualiser… Bref pour faire des choses qui ont une vraie valeur ajoutée.
Isaac Newton, Marc Aurèle, Andy Warhol, Léonard De Vinci ou encore Churchill avaient conscience de cela. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si ces grands esprits avaient pour habitude de tenir un journal. Ils savaient qu’écrire leur permettait de décharger leur esprit 1.
Écrire nos tâches dans notre to-do est donc un excellent moyen d’alléger instantanément notre charge mentale.
Eliminer les tâches qui ne sont pas nécessaires
Une fois que l’on a vidé notre esprit de nos tâches et qu’on les a transféré sur une feuille ou dans une application, on doit prendre un moment pour faire le tri. On doit se demander quelles sont celles qui ne sont pas utiles pour ensuite les éliminer.
Toutes les tâches que l’on a en tête ne sont pas nécessairement pertinentes et il suffit de les sortir de notre tête pour le réaliser.
Ainsi si on relit notre to-do et qu’on constate que certaines tâches sont futiles ou accessoires, on doit les rayer de notre liste pour s’en décharger.
Planifier les tâches
Après avoir éliminé toutes les tâches qui ne sont pas nécessaires, on planifie celles qui restent. Pour cela c’est simple, on prend notre calendrier et on indique le jour et l’heure où on s’en occupera.
Planifier nos tâches envoie un signal fort à notre inconscient. Cela montre que tout est sous-contrôle. Comme l’expliquent John Tierney et Roy Baumeister dans Willpower : Rediscovering the Greatest Human Stength (aff) :
“… il s’avère que l’effet Zeigarnik n’est pas, comme je le pensais depuis des décennies, un rappel qui persiste jusqu’à ce qu’une tâche soit accomplie. La persistance de pensées distrayantes n’est pas une indication que l’inconscient travaille pour l’accomplissement d’une tâche. Ni que l’inconscient martèle à notre conscient de finir la tâche tout de suite. C’est plutôt l’inconscient qui demande au conscient de créer un plan. Notre inconscient apparemment ne peut pas faire cela tout seul, il sollicite donc le conscient pour créer un plan avec une heure spécifique, un endroit et une opportunité. Une fois que le plan est défini, l’inconscient arrête de marteler le conscient avec des rappels.”
Autrement dit quand on planifie nos tâches, cela permet de s’en décharger mentalement.
Technique des 2 min
Dans son livre la méthode GTD, David Allen partage une technique pour éviter que les petites tâches n’encombrent notre esprit. Il explique que si une tâche survient et que celle-ci prend moins de 2 min, alors on doit arrêter ce que l’on fait pour s’en occuper tout de suite.
Imaginons que l’on soit en train de rédiger un rapport. Si quelqu’un vient à notre bureau pour nous demander quelque chose et que cette chose prend moins de 2 min, alors on la fait tout de suite. En réalisant la tâche immédiatement, on évite de la charger dans notre esprit. On la fait dans l’instant pour ne plus avoir à y penser.
2 min c’est aussi suffisamment court pour ne pas complètement rompre notre flow. Si on s’arrête 2 min pour quelque chose, on peut facilement reprendre le travail que l’on était entrain de réaliser sans trop de difficulté.
Organiser ses journées différemment
Avant que je connaisse l’effet Zeigarnik, les premières heures de mes journées étaient inefficaces. Aussitôt arrivé au bureau, je consultais directement mes emails. En ouvrant ma boîte de réception, j’y trouvais tout un tas de sollicitations. Un collègue avait besoin d’un document. Un client me demandait des informations. Un prestataire avait besoin d’être briefé… Résultat, avant même de commencer mon travail, j’étais déjà parasité par plusieurs tâches.
Par la suite j’ai pris l’habitude de consulter mes emails vers 11h ou après que ma tâche la plus importante de la journée soit accomplie. En ignorant volontairement mes emails pendant les premières heures de la journée, ma concentration s’est améliorée car mon esprit n’était plus préoccupé par toutes ces sollicitations.
Quand on commence nos journées, l’idéal est donc de travailler directement sur les tâches que l’on s’est fixées et de repousser la consultation de nos emails et messages en fin de matinée pour éviter l’effet Zeigarnik.
Conclusion
Tant qu’une tâche n’est pas accomplie, elle prend de la place dans notre esprit. C’est à cause de cela que l’on se sent parfois débordé.
Pour éviter d’être sous pression, on doit régulièrement décharger notre esprit de toutes nos tâches pour ensuite les organiser sur papier ou dans une application. C’est le meilleur moyen de regagner le contrôle et de limiter l’effet Zeigarnik.
Notes :