On a tous le désir de changer de comportement. De remplacer nos mauvaises habitudes par de bonnes, de faire plus de sport, de mieux manger, de moins procrastiner, de moins se comparer aux autres…
Et parfois (souvent en début d’année) on parvient à se motiver et à amorcer ces changements dans notre vie.
On commence un nouveau programme de sport, on démarre un nouveau régime, on se décide enfin à réaliser la tâche que l’on repousse depuis une éternité. Et cela nous donne satisfaction. Reprendre notre vie en main nous fait nous sentir bien. Malheureusement ces nouvelles habitudes ne durent souvent qu’un temps.
Un jour on manque une séance de sport, on s’autorise une friandise, on repousse à nouveau nos tâches… et petit à petit on finit par retomber dans nos vieilles habitudes.
Pourquoi est-il si difficile de changer de comportement dans la durée ? Et comment font les personnes qui parviennent à changer définitivement ?
Dans cet article on va voir les raisons pour lesquelles il est si difficile de changer et quelques conseils pour changer de comportement durablement.
Pourquoi est-il si difficile de changer de comportement ?
80% des personnes abandonnent leurs résolutions du nouvel an après seulement 30 jours 1.
Comment expliquer que l’on soit si nombreux à ne pas tenir nos résolutions plus d’un mois ? Est-ce par manque de volonté ? Par fainéantise ?
Le manque de volonté et la fainéantise jouent effectivement un rôle dans notre capacité à changer de comportement mais les vraies causes sont plus profondes.
Changer de comportement est difficile parce que nos comportements sont souvent inconscients
Il y a quelques années, j’ai voulu changer une mauvaise habitude, celle de trop consulter mon smartphone. Je le faisais en moyenne 3 à 4 fois par heure. C’était un problème parce qu’en me laissant continuellement interrompre je perdais beaucoup de temps au travail.
Et puis un jour, j’ai décidé de changer.
Le premier jour où j’ai amorcé ce changement, je me suis assis à mon bureau comme d’habitude pour me mettre à travailler. Après avoir avancé 10 min sur ma première tâche, j’ai saisi machinalement mon téléphone pour regarder mes notifications.
Il m’a fallu quelques secondes pour réaliser que j’étais à nouveau entrain de me laisser distraire. Pourtant je m’étais promis de rester focus sur mon travail, mais c’était plus fort que moi, il fallait que je regarde mon téléphone.
Pendant les heures qui ont suivi, la même chose se reproduisit à chaque fois. Toutes les 10 – 15 min, je saisissais inconsciemment mon téléphone pour le regarder. Le problème c’est qu’au moment où je le réalisais, il était trop déjà tard. J’avais le téléphone entre les mains et je m’étais déjà laissé distraire.
Ce que cette expérience m’a fait comprendre c’est que quand un comportement est habituel il est inconscient et donc difficile à contrôler.
Si j’avais eu conscience que j’étais sur le point de saisir mon téléphone, je m’en serais empêché avant même de le faire. Mais comme ce comportement était inconscient, cela ne me venait même pas à l’esprit. C’est là toute la difficulté des comportements inconscients.
La première raison pour laquelle on a du mal à changer de comportement est parce que nos comportements sont très souvent inconscients.
Changer de comportement est difficile parce que cela implique de changer notre identité
Notre identité est un ensemble de croyances, de valeurs, d’habitudes et d’expériences. Et cette identité influence énormément notre comportement.
Si on se dit écologiste par exemple (identité), jamais on n’achetera de grosse voiture polluante (comportement) parce que ce serait aller contre nos valeurs.
On agit donc le plus souvent en alignement avec notre identité.
Ce que cela signifie c’est que si on veut changer de comportement, on ne doit pas se contenter de changer la façon dont on agit, on doit aussi changer notre identité sans quoi on retombera tôt ou tard dans nos vieilles habitudes.
Si on veut arrêter de fumer mais que l’on continue de s’identifier à un fumeur, on finira un jour ou l’autre par refumer pour que notre comportement soit de nouveau aligné avec notre identité.
Changer de comportement est dur parce que cela implique aussi de changer d’identité.
Changer de comportement est difficile à cause de notre environnement social
Si on a du mal à changer c’est aussi parce que notre environnement social (famille, amis, collègues…) nous encourage à garder nos vieilles habitudes.
Arrêter de boire de l’alcool est difficile quand nos amis boivent en soirées et qu’ils nous payent des verres.
Arrêter de fumer est difficile quand nos collègues nous invitent à prendre une pause cigarette.
Et vouloir changer notre alimentation est difficile quand notre partenaire garde les mêmes habitudes alimentaires. Notre frigo et nos placards restent alors remplis d’aliments que l’on cherche à éviter.
Notre environnement social a donc aussi tendance à nous faire garder nos vieux comportements.
Alors comment peut-on surmonter ces difficultés ? Comment changer de comportement durablement ?
Comment changer de comportement dans la durée ?
Définir ses motivations
Pour amorcer un processus de changement, on doit d’abord commencer par définir nos motivations. C’est-à-dire définir pourquoi on veut accomplir ces changements.
Notre pourquoi doit être suffisamment fort pour nous motiver. Plus nos raisons seront fortes, plus on sera encouragé à changer.
La difficulté quand on fait cet exercice c’est que souvent on ne va pas assez loin. On s’arrête aux premières motivations qui nous viennent en tête.
Si on veut commencer à faire du sport, on va se dire qu’on le fait pour perdre du poids ou pour être en bonne santé. Mais souvent ces raisons sont superficielles. Pour connaître nos vraies raisons, celles qui sont vraiment à la source de notre motivation, on doit creuser plus loin.
Si on était vraiment honnête avec nous même, on réaliserait qu’on ne fait pas du sport pour perdre du poids ni pour être en bonne santé mais plutôt pour avoir un corps de rêve et que notre entourage nous complimente sur notre apparence. C’est souvent ça notre motivation la plus profonde. Et c’est cette motivation que l’on doit garder en tête si on veut changer car c’est elle qui aura le plus d’influence sur nous et qui nous fera passer à l’action.
Donc la première étape pour changer de comportement durablement est de définir nos motivations profondes.
Note : Pour remonter à la source de vos vraies motivations, vous pouvez utiliser la méthode des 5 pourquoi.
Commencer par de petits changements
Changer ses habitudes est difficile, même quand on n’en change qu’une seule à la fois. Cela requiert beaucoup de force mentale et de volonté. Si on cherche à changer plusieurs habitudes simultanément, on est voué à l’échec.
On doit commencer par de petits changements c’est-à-dire par de petites actions qui demandent peu d’efforts et de volonté, puis graduellement augmenter la difficulté.
Si on cherche à prendre l’habitude de lire par exemple, on ne va pas lire 300 pages d’un seul coup. On va commencer à lire 2 pages le premier jour, puis 5 pages le 2ème, 10 pages le 3ème…
C’est de cette façon que l’on construit une routine. En incorporant petit à petit des changements dans notre vie jusqu’à ce qu’ils deviennent habituels.
Lire aussi : Méthode Kaizen : Comment s’améliorer en continue ?
Identifier ses déclencheurs
A la source de chacune de nos habitudes, il y a un déclencheur.
Si on est fumeur, ce qui déclenche notre envie de fumer c’est peut être le réveil au matin ou quand on prend un café. Et si on a pour habitude de se ronger les ongles, c’est souvent parce ce qu’on est stressé.
Il est très important d’identifier quels sont nos déclencheurs car une fois qu’on les connait, on peut agir en amont pour changer nos comportements, y compris ceux qui sont inconscients.
Un peu plus tôt dans l’article je vous ai expliqué que si nos comportements sont si difficiles à changer, c’est parce qu’ils sont inconscients. Et pour illustrer ce point, je vous ai donné l’exemple de mon smartphone que je consultais inconsciemment toutes les 10 – 15 min. Mais je ne vous ai pas dit ce que j’ai fait par la suite pour me débarrasser de cette mauvaise habitude.
J’ai identifié le déclencheur. Si j’avais la mauvaise habitude de consulter constamment mon smartphone c’est tout simplement parce qu’il était toujours à côté de moi quand je travaillais et qu’il vibrait toutes les 10 – 15 min. Tout ce qu’il me suffisait de faire, c’était de le mettre en mode avion, et de le placer loin de moi.
En ayant identifié mon déclencheur et en ayant agit en conséquence, j’ai réussi à changer cette mauvaise habitude.
Mettre en place des systèmes
Quand on cherche à réaliser un changement, notre volonté seule ne suffit pas, car celle-ci est limitée. Comme un réservoir essence, elle se vide à mesure que l’on avance dans la journée.
Le matin, on aura donc aucun mal à résister à une paquet de délicieux cookies par exemple, parce notre réservoir de volonté sera rempli à 100%. En revanche à la fin de la journée quand on rentrera du travail fatigué et que notre réservoir sera à 5 – 10%, le paquet de cookies aura souvent raison de nous.
C’est pour cela que l’on a besoin de systèmes. Un système est un mécanisme qui nous aide à garder une bonne habitude même quand on manque de volonté.
Pour résister à de délicieux cookies, un exemple de système serait le suivant :
Entourer la paquet d’un film plastique et le mettra bien en hauteur dans un placard. La tentation sera alors beaucoup moins forte.
Pour mettre en place un système, on doit souvent réfléchir à des moyens d’augmenter ou de diminuer la friction d’une action.
Ici pour s’empêcher de manger les cookies, on a augmenté la friction, c’est-à-dire que l’on a volontairement rendu plus difficile l’action de prendre des cookies. Maintenant on peut aussi faire l’inverse. On peut diminuer la friction pour faciliter au maximum nos actions et encourager un bon comportement.
Admettons que l’on veuille prendre l’habitude de faire du sport, on peut préparer toutes nos affaires à l’avance dans un sac et les placer près de la porte d’entrée. De cette façon quand viendra le moment d’aller à la salle, on sera encouragé à le faire. Tout ce qu’il nous suffira de faire est de prendre notre sac et d’y aller.
Pour changer durablement de comportement, on ne peut donc pas compter que sur notre bonne volonté, on doit aussi faire preuve d’ingéniosité pour mettre en place des systèmes.
Changer son identité
Comme on l’a vu précédemment, pour changer de comportement, on doit changer d’identité.
Si on est fumeur et que l’on veut arrêter de fumer, on doit complètement adopter l’identité d’un non-fumeur. Ainsi quand une personne nous propose une cigarette, on ne doit pas dire “Désolé, j’essaie d’arrêter de fumer” mais plutôt “Désolé, je ne fume pas”.
De même, si on veut prendre l’habitude de courir, on doit adopter l’identité d’un coureur. Devenir la personne qui court régulièrement tout au long de l’année, qui est inscrit à un club de course et qui cherche à améliorer continuellement ses performances physiques.
C’est en réinventant notre identité que l’on réinvente nos habitudes.
Se faire accompagner par un partenaire de responsabilité
L’ASTD (American Society of Training and Development) a réalisé une étude il y a quelque temps sur le rôle de la responsabilité dans le changement de comportement. Et ce qu’ils ont découvert est très intéressant.
Ils ont remarqué que quand on partage nos objectifs avec quelqu’un et que celui-ci nous en tient rigueur, on a 95% plus de chance de succès 2.
Si on veut avoir plus de chance de changer de comportement, on doit donc partager cette volonté de changer avec quelqu’un. Idéalement avec ce que l’on appelle un partenaire de responsabilité.
Un partenaire de responsabilité est une personne de confiance auprès de laquelle on s’engage à respecter nos objectifs. C’est quelqu’un qui s’assure que l’on change bel et bien de comportement.
Ce partenaire peut être un membre de notre famille, un ami, un collègue… peu importe. Le plus important est que ce soit quelqu’un sur qui on peut compter et qui sache nous mettre la pression quand il le faut.
Ne pas se laisser dérailler plus de 2 – 3 fois consécutives
Quand on prend une nouvelle habitude, il arrive parfois que l’on déraille, c’est-à-dire que l’on retombe dans nos vieux comportements
On médite quotidiennement depuis 2 semaines et un jour on ne le fait pas parce qu’on n’en ressent pas l’envie.
On prend l’habitude de se lever à 06:00 tous les matins, mais un soir on se couche trop tard et on repousse notre réveille le lendemain.
Faire ces écarts n’est pas grave en soit. Ce qui est important, c’est que cela reste des écarts. On peut manquer une séance de méditation ou repousser notre réveil une fois. Par contre il faut rapidement se remettre sur les rails.
Si on rate une séance de méditation un jour, on doit tout faire pour ne pas rater celle du lendemain.
Et si on s’autorise à dormir un peu plus longtemps un matin, on doit s’assurer de ne pas refaire la grasse matinée le lendemain.
Car si on s’autorise cet écart plus de 2 fois consécutivement, ce n’est plus un écart mais cela commence déjà à devenir une nouvelle mauvaise habitude.
Conclusion
Voici les principaux points à retenir pour changer de comportement durablement :
- Définir ses motivations : On doit trouver une ou plusieurs raisons suffisamment forte de changer
- Commencer par de petits changements : Pour changer dans la durée, il faut le faire progressivement, une nouvelle habitude à la fois.
- Identifier ses délencheurs : Si on parvient à identifier ce qui déclenche un comportement, on peut agir en amont sur celui ci.
- Mettre en place des systèmes : Pour changer, notre volonté seule ne suffit pas. Il faut aussi mettre en place des systèmes pour augmenter ou diminuer la difficulté d’une action.
- Changer son identité : Pour changer de comportement on doit changer nos actions mais changer aussi la façon dont on se définit.
- Se faire accompagner par un partenaire de responsabilité : Se faire aider par une personne pour changer nous donne 95% plus de chance de réussite.
- Ne passe se laisser dérailler plus de 2 – 3 fois consécutivement : On peut s’accorder quelques écarts de temps en temps, mais cela ne doit pas devenir habituel.
Notes :