Vous êtes chef d’entreprise et vous travaillez plus de 50 heures par semaine ? Vous avez l’impression de ne jamais pouvoir décrocher ?
Si oui, vous n’êtes pas seul. D’après les études, les entrepreneurs et dirigeants sont particulièrement à risque de devenir accro au travail. Dans cet article, vous allez découvrir ce qu’est le workaholisme ou addiction au travail, pourquoi il frappe si souvent les chefs d’entreprise, et quelles solutions appliquer pour en sortir.
- Qu’est-ce que le workaholisme / addiction au travail ? Définition
- Quels sont les symptômes de l’addiction au travail ?
- Quelle est la différence entre “addiction au travail” et “passion pour le travail” ?
- Quelles sont les causes de l’addiction au travail ou workaholisme ?
- Quelles sont les conséquences d’une dépendance au travail ?
- Comment soigner l’ergomanie quand on est chef d’entreprise ?
- Conclusion
Chefs d’entreprise : Êtes-vous addict au travail ? Faites le test
Le Work Addiction Risk Test (WART) est un outil spécialement conçu pour évaluer votre risque d’addiction au travail. Basé sur une série de questions simples, ce test vous permet de mieux comprendre votre relation au travail.
Qu’est-ce que le workaholisme / addiction au travail ? Définition
Le mot « workaholisme » (ou ergomanie en français) a été introduit en 1971 par le psychologue américain Wayne Oates. Selon l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) le workaholisme se définit comme :
un investissement excessif dans le travail au détriment de la vie extraprofessionnelle.
En d’autres termes, c’est une addiction au travail qui met en péril la santé et les relations sociales.
Cette addiction comportementale touche tout le monde, mais elle frappe plus durement les chefs d’entreprise. Une étude de TGS France, Harmonie Mutuelle et ViaVoice révèle que les dirigeants travaillent en moyenne 54 heures par semaine contre 39,1 heures pour les salariés selon l’Insee. Ce décalage souligne à quel point le travail peut devenir omniprésent, surtout pour ceux qui portent de lourdes responsabilités.
Quels sont les symptômes de l’addiction au travail ?
Le workaholisme, se manifeste à travers plusieurs symptômes :
- Des heures interminables : Vous passez vos journées et souvent vos soirs et vos week-ends à travailler, bien au-delà des horaires classiques.
- Une incapacité à décrocher : Même loin du bureau, votre esprit reste fixé sur vos projets, vos emails ou vos prochaines tâches.
- Une fatigue permanente : Vos nuits ne suffisent plus à vous recharger. Vous vous réveillez vidé, avec l’impression de porter le poids de votre journée avant même qu’elle ne commence.
- Des tensions accrues : Vous vous sentez constamment sous tension. La moindre petite chose vous énerve ce qui provoque souvent des conflits avec vos collaborateurs ou vos proches.
- Le refus de déléguer : Vous avez du mal à confier des tâches aux autres, car vous êtes convaincu qu’ils ne les exécuteront pas à votre niveau d’exigence.
Quelle est la différence entre “addiction au travail” et “passion pour le travail” ?
Difficile de différencier “addiction” et “passion” car dans les deux cas, vous travaillez beaucoup. Mais il y a tout de même quelques différences.
Addiction au travail
- Vous travaillez beaucoup par peur de l’échec, besoin de reconnaissance ou pour éviter des émotions désagréables.
- Votre travail devient envahissant, au détriment des autres aspects de la vie (famille, santé, loisirs).
- Vous culpabilisez quand vous n’êtes pas productif.
- Vous êtes à risque d’épuisement professionnel, de stress chronique, de troubles de santé (comme des insomnies ou des maladies cardiovasculaires)
- Vous n’avez pas le contrôle : vous travaillez sous une pression permanente, même si cela ne vous apporte pas de réelle satisfaction.
Passion pour le travail
- Vous travaillez parce que vous aimez ce que vous faites. Vous trouvez du sens dans vos tâches et vous en retirez une satisfaction personnelle.
- Votre relation au travail est équilibrée : vous vous investissez intensément dans vos projets, mais vous savez aussi poser des limites et profiter de votre famille, de vos loisirs, et de votre santé.
- Vous pouvez vous déconnecter sans culpabiliser.
- Vous vous sentez épanoui, motivé, et énergique. Cette passion vous procure un sentiment d’accomplissement et nourrit votre confiance en vous.
- Vous êtes en contrôle. Vous choisissez quand travailler intensément, mais savez aussi vous arrêter pour vous reposer et vous ressourcer.
Quelles sont les causes de l’addiction au travail ou workaholisme ?
Peur de perdre ce pour quoi vous avez si durement travailler
Diriger une entreprise, c’est vivre avec des peurs constantes : peur d’être dans le rouge, de manquer de trésorerie, de ne pas pouvoir payer les salaires, de décevoir les clients. Ces peurs vous poussent à travailler sans relâche, parce que vous vous dites qu’au moindre relâchement tout pourrait s’écrouler.
Échappatoire aux émotions
Certains entrepreneurs utilisent le travail comme échappatoire. Plutôt que d’affronter leurs problèmes (problèmes de couple, problèmes de santé…), ils se noient dans leur travail pour ne pas y penser. Chaque tâche, chaque problème, chaque objectif devient un moyen de détourner leur attention de sujets désagréables qu’ils cherchent à éviter.
Recherche d’adrénaline
Entreprendre est un jeu addictif où chaque victoire vous donne envie d’aller chercher la suivante. Signer un gros contrat, doubler votre chiffre d’affaires en un mois, apparaître dans la presse, débloquer un partenariat avec une entreprise reconnue… Chaque accomplissement déclenche une montée d’adrénaline qui vous pousse à en vouloir toujours plus et à travailler encore davantage.
Croyances limitantes
Vous pensez peut-être que travailler sans relâche est le prix à payer pour réussir. Que votre entreprise ne peut fonctionner sans vous, ou que déléguer, c’est perdre le contrôle. Ces croyances vous poussent à ignorer vos limites, à sacrifier votre temps et votre énergie pour ne pas échouer.
Prédisposition génétique ?
Cette cause de l’addiction au travail reste incertaine, mais certaines recherches indiquent que les entrepreneurs pourraient avoir une propension plus élevée à certaines addictions et troubles de santé mentale.
D’après étude publiée dans Small Business Economics, 12 % des entrepreneurs déclarent avoir des problèmes de consommation de substances (un pourcentage plus élevé que dans le groupe de comparaison), 30 % ont signalé souffrir de dépression, 29 % de TDAH et 11 % de trouble bipolaire, tandis que 32 % présentaient deux troubles de santé mentale ou plus.
Ces chiffres montrent que l’addiction au travail n’est pas qu’une question de croyances ou de pression externe : elle peut aussi être renforcée par des prédispositions qui rendent les entrepreneurs plus vulnérables à ce type de comportement.
Quelles sont les conséquences d’une dépendance au travail ?
Problèmes de santé
Les chefs d’entreprise dépendants au travail sont plus susceptibles de souffrir de divers problèmes de santé physique, notamment des douleurs musculaires, des troubles du sommeil, des migraines et des maladies cardiovasculaires. Sur le plan psychologique, ils peuvent éprouver de l’anxiété, de la dépression et, dans certains cas, évoluer vers un burn-out.
Détérioration des relations sociales et familiales
L’addiction au travail entraîne souvent une réduction significative du temps consacré à la famille et aux amis, ce qui peut engendrer des tensions et, parfois même, la rupture de relations. Non seulement les proches ressentent cette absence, mais le workaholique lui-même se sent de plus en plus isolé.
Baisse de productivité
Même si les chefs d’entreprise passent beaucoup de temps au travail, cela ne se traduit pas forcément par plus de productivité. Au contraire, une implication excessive peut mener à une diminution de l’efficacité, en raison de la fatigue, de la baisse de concentration et de l’augmentation des erreurs. Ce phénomène est illustré par la loi d’Illich, qui stipule qu’au-delà d’un certain seuil, la productivité tend à décroître, voire devenir négative.
Comment soigner l’ergomanie quand on est chef d’entreprise ?
1. Prenez conscience du problème
Si vous êtes sur cette page, c’est que vous avez probablement déjà conscience du problème. C’est une excellente première étape. Reconnaître que vous êtes accro au travail est un premier pas essentiel vers la guérison, car cela signifie que vous mesurez les conséquences sur votre bien-être, votre santé et vos proches.
Note : Vous doutez encore d’être accro au travail ? Faites le test ci-dessous pour vérifier.
2. Identifiez les cause de l’ergoamnie
Comme on l’a vu, les causes du workaholisme peuvent être multiples : peur des difficultés financières, besoin d’échapper à ses émotions, recherche d’adrénaline…
Si vous voulez vous libérer de votre addiction au travail, vous devez identifier vos propres causes. Pour cela, utilisez la méthode des 5 pourquoi. Partez de votre problème et à vous poser 5 fois la question “pourquoi” pour remonter à sa cause profonde.
Voici un exemple concret :
“Je ne prends jamais de vacances.”
- 1. Pourquoi ? => Parce que j’ai peur que mon entreprise ne fonctionne pas correctement en mon absence.
- 2. Pourquoi ? => Parce que je suis impliqué dans toutes les décisions et toutes les opérations.
- 3. Pourquoi ? => Parce que je n’ai pas mis en place une équipe ou des processus qui permettent de déléguer efficacement.
- 4. Pourquoi ? => Parce que j’ai l’impression que personne d’autre ne peut faire les choses aussi bien que moi.
- 5. Pourquoi ? => Parce que je crains que si une erreur est faite, cela nuise à la réputation de mon entreprise.
Une fois la source de la cause identifiée, vous pourrez commencer à mettre en place des solutions adaptées. Pour la peur de partir en vacances par exemple vous pourriez recruter des collaborateurs compétents, former vos équipes ou mettre en place des process.
3. Travaillez sur vos croyances limitantes
De nombreuses croyances peuvent vous rendre dépendant au travail :
- “Personne ne peut faire les choses aussi bien que moi.”
- “Si je ne suis pas disponible à tout moment, mes clients iront voir ailleurs.”
- “Si je ralentis, je vais perdre tout ce que j’ai construit jusqu’à maintenant.”
Pour surmonter ces croyances, vous devez les remettre en question. La meilleure façon d’y parvenir est de les confronter à la réalité à travers de mini-expériences.
Par exemple, si vous pensez que “Personne ne peut faire les choses aussi bien que moi”, essayez de déléguer une tâche non critique à un membre de votre équipe. Fixez des critères clairs pour évaluer leur travail et comparez-le objectivement à ce que vous auriez fait.
Vous pourriez être agréablement surpris : même si le résultat est différent du vôtre, il pourrait être tout aussi satisfaisant, voire meilleur. Ces petites victoires vous aideront à déconstruire vos croyances limitantes et à retrouver une relation plus saine avec votre travail.
4. Mettez en place des limites claires
Fixez-vous des règles pour éviter de trop travailler :
- Définissez des horaires de travail clairs : Par exemple, travaillez de 9h à 18h, avec une pause déjeuner de 12h à 13h, et respectez ces horaires autant que possible.
- Planifiez des jours de repos : Fixez au moins un jour par semaine où vous ne travaillez pas du tout, et tenez-vous à cette règle.
- Limitez les heures supplémentaires : Décidez à l’avance d’un nombre maximum d’heures que vous êtes prêt à consacrer au travail en dehors de vos horaires habituels.
- Prévoyez des vacances régulières : Planifiez plusieurs jours ou semaines de congé chaque année pour recharger vos batteries.
Poser ces limites est un bon début, mais ce n’est pas suffisant. La preuve, combien de fois vous êtes-vous promis de ne pas consulter vos emails le soir, mais vous l’avez fait malgré tout une fois à la maison ?
C’est là que les garde-fous entrent en jeu. Ils servent de filets de sécurité pour vous empêcher de retomber dans vos travers. Par exemple, vous pouvez bloquer votre boîte mail à certaines heures avec des applications comme Cold Turkey ou vous engager auprès d’un partenaire de responsabilisation pour travailler moins de 50h par semaine.
Ces systèmes vous aideront à transformer vos bonnes intentions en habitudes solides, tout en vous protégeant de vos vieux réflexes.
5. Planifiez à l’envers
Quand vous planifiez vos journées, par quoi commencez-vous ?
Probablement par vos tâches professionnelles. Ensuite, si vous avez encore du temps, et si aucun imprévu ne vient chambouler vos plans, vous vous occuperez du personnel.
Pour réduire le temps passé au travail, planifiez plutôt à l’envers. Commencez par bloquer du temps pour vos activités personnelles : loisirs, moments en famille, temps pour vous. Ensuite, planifiez vos tâches professionnelles autour de ces priorités. Cette approche vous garantit de placer votre bien-être et vos proches au centre de votre emploi du temps.
Finalement c’est comme pour la gestion de vos finances personnelles. Si vous voulez épargner, vous devez commencer par mettre de côté une part de vos revenus pour vos objectifs financiers (placement, épargne) avant de penser aux dépenses. Sinon, vous risquez de dépenser 100 % de votre salaire et de vous retrouver sans rien à la fin du mois.
La gestion de votre temps fonctionne sur le même principe. Si vous commencez par allouer tout votre temps aux tâches professionnelles ou aux obligations, il ne restera plus rien pour vos loisirs, votre famille ou vos besoins personnels. En revanche, si vous bloquez d’abord du temps pour vos priorités personnelles, vous aurez encore assez de temps pour gérer vos responsabilités professionnelles de manière efficace.
Lire aussi : Comment planifier vos journées ? (+4 astuces pour tenir votre planning)
6. Suivez une thérapie ou un coaching
L’addiction au travail ne se résout pas toujours seule. Parfois, il est nécessaire de se faire accompagner par un professionnel pour mieux comprendre les mécanismes qui vous poussent à trop travailler et pour apprendre à adopter de nouveaux comportements plus sains.
- Thérapie comportementale et cognitive (TCC) : Une TCC peut vous aider à identifier et modifier vos pensées et comportements automatiques liés au travail.
- Coaching en gestion du temps : Un coach spécialisé peut vous apprendre à prioriser vos tâches, déléguer efficacement, et mettre en place des routines qui respectent votre équilibre de vie.
- Groupes de soutien : Rejoindre un groupe de discussion avec d’autres personnes confrontées au workaholisme peut être une source d’inspiration et de soutien.
En travaillant avec un professionnel, vous pouvez non seulement réduire votre dépendance au travail, mais aussi mieux comprendre les causes profondes de votre comportement. Cela vous permettra de construire une relation plus équilibrée avec votre activité professionnelle.
Conclusion
Le workaholisme n’est pas une preuve de succès, mais une alerte que quelque chose doit changer. En rééquilibrant votre relation avec le travail, vous ne renoncez pas à vos ambitions ; vous leur donnez au contraire les moyens de s’épanouir sur des bases solides. Prenez soin de votre santé, de vos proches et de vous-même. Parce qu’au fond, votre réussite ne vaut rien si elle se fait au prix de votre bien-être.