Chaque jour, on laisse passer des occasions où il aurait fallu dire non. Non à ce collègue qui demande encore de l’aide alors qu’on est déjà submergé. Non à cette réunion inutile qui dévore notre temps. Non à ces engagements qui n’apportent rien à nos vraies priorités.
À force de vouloir plaire et éviter les conflits, on finit par oublier ce qui compte vraiment. Résultat ? On s’épuise, nos projets stagnent, et nos ambitions s’effacent.
Dans cet article, vous allez découvrir pourquoi il est si difficile de refuser des sollicitations et comment dire non sans culpabiliser.
Pourquoi savoir dire non est si difficile?
La peur du rejet
Pourquoi dites-vous oui alors que vous savez que non serait la meilleure réponse ? Parce que c’est dans votre nature. En tant qu’être social, vous cherchez naturellement à appartenir à un groupe. Et dire non, c’est prendre le risque d’être mis à l’écart.
Ce besoin de maintenir l’harmonie vous pousse à accepter des situations, des engagements, ou des demandes, même si cela va à l’encontre de vos intérêts.
Le besoin de plaire
Vous dites oui parce que vous cherchez à plaire aux autres. Vous voulez qu’ils aient une bonne opinion de vous, qu’ils vous perçoivent comme une personne sympathique, prête à aider. C’est un besoin que l’on a tous comme le souligne Vanessa Bohns, professeure associée en comportement organisationnel à l’Université de Cornell :
Tout découle de cette motivation fondamentale que nous partageons tous : rester connectés aux autres […] on ne veut pas repousser les gens. On ne veut pas qu’ils aient une mauvaise image de nous… on fait beaucoup d’efforts pour contrôler la manière dont on est perçu.
L’angoisse du conflit
Cette angoisse du conflit vous pousse à dire oui, même quand cela va à l’encontre de vos priorités. Vous vous retrouvez alors à accepter des engagements que vous n’auriez jamais dû prendre.
L’ironie, c’est qu’en cherchant à éviter le conflit extérieur, vous créez un conflit intérieur. Vous êtes frustré, agacé contre vous-même, pris au piège dans une situation que vous avez pourtant acceptée. Et ce sentiment d’étouffement, de ne pas avoir su poser vos limites, finit par affecter votre bien-être.
La culpabilité
Les gens pensent qu’ils savent dire non, mais quand le moment arrive et qu’ils se retrouvent en face de quelqu’un, ils se sentent gênés. La culpabilité les envahit. Ils ne réalisent pas à quel point dire non peut être difficile. En réalité, ils sont bien plus enclins à céder et à dire oui qu’ils ne le croient. – Vanessa Bohns
Quand vous étiez tout petit, dire non n’était pas un problème. À 2 ans, vous le disiez même à tout bout de champ, sans une once de culpabilité, pour affirmer votre indépendance face à vos parents.
Alors pourquoi, aujourd’hui, ce même « non » est-il si difficile à prononcer ?
Parce qu’entre-temps, vos parents et la société en général vous ont inculqué certaines règles : être poli, ne pas blesser les autres, aider son prochain… Résultat : vous vous sentez obligé de dire oui pour respecter les valeurs que l’on vous a transmises :
- vous dites oui pour ne pas blesser
- vous dites oui pour ne pas passer pour un égoïste
- vous dites oui pour ne pas décevoir
Et à chaque fois que vous dites non, une vague de culpabilité vous envahit.
Le syndrôme du sauveur
Il se peut que vous ayez du mal à dire non parce que dire oui est pour vous une façon de « secourir » les autres. Ce comportement est souvent lié à ce qu’on appelle le syndrome du sauveur, un trouble psychologique qui pousse certaines personnes à ressentir un besoin quasi irrépressible d’aider, même lorsque cela va à l’encontre de leurs propres intérêts.
Ce besoin d’aide constante peut sembler noble, mais il cache souvent une volonté de validation, un désir d’être perçu comme indispensable.
Voici quelques signes qui peuvent indiquer la présence de ce syndrome :
- vous cherchez en permanence une forme de reconnaissance.
- vous ne savez pas dire non et vous n’arrivez pas à poser des limites claires.
- vous avez un besoin incessant d’aider, même lorsque l’aide est non sollicitée.
Ce syndrome finit souvent par vous épuiser émotionnellement et physiquement. En voulant toujours être le soutien des autres, vous négligez votre propre bien-être, et cela peut entraîner des ressentiments ou un épuisement sur le long terme.
Pourquoi faut-il savoir dire non ?
Poser vos limites
Ne pas savoir dire non finit par créer de mauvaises habitudes chez les autres. Ce qui commence comme un geste apprécié devient vite une obligation tacite. Vos collègues se reposent toujours sur vous, vos enfants exigent plus, et vos clients franchissent les frontières du raisonnable en vous appelant bien après les heures de travail.
Ce qu’ils ignorent, c’est l’impact que cela a sur vous. Chaque nouvelle demande vous pousse un peu plus vers l’épuisement, et malheureusement cette gentillesse que vous offrez sans compter est souvent exploitée. Vous devez donc impérativement apprendre à dire non pour regagner le contrôle et instaurer des limites fermes.
Vous respecter
En disant toujours oui à tout le monde, vous finissez par vous détourner de ce qui compte réellement pour vous. Vous en venez à remettre en question vos valeurs, vos priorités et vos objectifs.
Par exemple, vous vous êtes promis de ralentir le rythme au travail pour passer plus de temps avec votre famille et vos amis. Mais lorsqu’un client vous demande un service en urgence, vous acceptez sans réfléchir. Résultat, vous vous retrouvez à travailler tard le soir, dépassant vos propres limites.
Apprendre à dire non est essentiel pour aligner vos actions avec vos valeurs. Cela ne signifie pas refuser tout ou être égoïste, mais plutôt savoir quand dire non afin de respecter les engagements que vous avez pris envers vous-même.
Limiter votre charge de travail
Savoir dire non au travail est crucial pour éviter le stress et le burnout. À chaque fois que vous acceptez une nouvelle demande, vous ajoutez une tâche supplémentaire à votre liste déjà remplie. Même si cela peut sembler inoffensif à court terme, accumuler des responsabilités finit par vous épuiser. En refusant certaines demandes, vous préservez non seulement votre temps, mais aussi votre efficacité.
Rendre les autres plus autonomes
On a souvent tendance à penser qu’accepter toutes les demandes est la meilleure manière de soutenir les autres. Pourtant, apprendre à dire non peut être bien plus bénéfique à long terme.
Quand vous acceptez de faire quelque chose à la place de quelqu’un, vous lui ôtez l’opportunité de se former et de se perfectionner. Par exemple, en aidant constamment vos collègues, vous les empêchez de devenir plus autonomes et de résoudre eux-mêmes les problèmes qu’ils rencontrent.
En disant non plus souvent, vous encouragez votre entourage à trouver des solutions, à se responsabiliser et à acquérir des compétences qu’ils n’auraient pas développées autrement.
Réaliser vos ambitions
Dire oui à tout, c’est renoncer à vos ambitions. En acceptant chaque opportunité qui se présente, vous éparpillez votre attention et diluez vos efforts. La clé pour réussir c’est de savoir dire non comme le dit Warren Buffett :
La différence entre les personnes qui ont du succès et les personnes qui ont beaucoup de succès c’est que les personnes qui ont beaucoup de succès disent non à presque tout.
Dire non aux tâches ou projets qui ne servent pas vos priorités vous permet de préserver votre énergie et de rester engagé dans ce qui compte vraiment. Chaque refus agit comme un filtre qui vous protège des distractions. À l’inverse, dire oui à tout vous éloigne de vos objectifs en vous surchargeant d’obligations qui finissent par vous épuiser.
Comment apprendre à dire non sans culpabiliser ?
Définissez vos principes
Avoir des principes clairs peut grandement vous aider à dire non. Un principe est une règle personnelle ou une valeur fondamentale qui guide vos décisions. C’est une sorte de boussole intérieure qui vous permet de rester aligné avec ce qui compte le plus pour vous, que ce soit dans votre vie personnelle ou professionnelle.
Lorsque vos principes sont bien définis, vous pouvez plus facilement filtrer les sollicitations en fonction de ce qui est en accord avec vos priorités tout en justifiant vos décisions.
Voici quelques exemples de principes et de comment les utiliser pour justifier vos refus.
Principe : Je me limite toujours à 3 gros projets maximum.
Comment dire non : Je ne pourrai malheureusement pas accepter ce projet. Je suis déjà engagé sur 3 gros projets en ce moment, et chaque fois que j’ai dépassé cette limite par le passé, ça s’est terminé par un burn-out.
Principe : Je réserve chaque matin à du Deep Work
Comment dire non : “Désolé, je ne prends pas d’appels le matin. Ces moments sont dédiés à des tâches de fond. Par contre, je suis disponible pour un appel en après-midi, si ça te convient.”
Principe : Je donne toujours le meilleur de moi-même
Comment dire non : “Je préfère ne pas m’engager sur ce projet. Lorsque je prends un engagement, je veux être sûr de pouvoir m’investir à 100%. Et avec le peu de temps que j’ai, je sais que ce ne sera pas possible. »
En utilisant vos principes vous culpabilisez moins de dire non parce que vous ne faites que respecter des règles personnelles qui sont presque sacrées. Vous gagnez aussi le respect des autres. Une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology en 2014 montre que les personnes ayant des convictions morales fortes sont perçues comme plus dignes de confiance, même si leurs valeurs diffèrent de celles des autres.
Adoptez la stratégie de pre-empting ou l’anticipation du non
Et si vous pouviez refuser des sollicitations sans ressentir l’inconfort de dire non ?
C’est possible avec le pre-empting. L’idée est de préparer le terrain en amont afin d’éviter une situation de refus inconfortable. Cette approche consiste à prévenir toute demande avant qu’elles ne vous atteignent. Par exemple, lorsque vous participez à une réunion où vous savez que des demandes vous seront adressées, vous pouvez commencer par dire :
Avant de démarrer, je tiens à préciser que je suis déjà très occupé cette semaine avec des projets prioritaires, donc je ne pourrai pas prendre de nouvelles tâches pour l’instant.
Cette anticipation permet de renverser le rapport de force. Au lieu de vous retrouver dans l’inconfort de devoir refuser une sollicitation, vous prenez les devants et établissez vos limites dès le départ. Désormais, ce sont les personnes qui souhaitent vous solliciter qui se retrouvent dans une position délicate. Elles hésiteront à vous demander de l’aide, sachant que vous avez déjà exprimé vos contraintes.
La technique du pre-empting crée une barrière subtile, mais efficace, qui fait réfléchir à deux fois ceux qui envisagent de vous charger de nouvelles tâches, rendant le refus implicite et naturel, sans confrontation directe.
Donnez la raison du refus
On redoute souvent de dire non par peur d’offenser, de paraître impoli ou de se sentir coupable. Mais en donnant une raison à votre refus, votre “non” paraîtra plus doux et diplomatique, ce qui rendra la situation plus confortable pour vous et pour l’autre.
Remarquez plutôt la différence.
- « Non, je ne peux pas venir à ta soirée » vs « Désolé, j’ai déjà un autre engagement ce soir.«
- « Non, ça ne m’intéresse pas. » vs « Je préfère me concentrer sur d’autres priorités en ce moment. »
- « Non, je ne suis pas disponible. » vs « Malheureusement, je ne suis pas disponible à cette heure-là, j’ai une réunion importante. »
- « Non, nous n’offrons pas de réduction. » vs « J’aurais beaucoup aimé vous accorder une réduction, mais la politique de note entreprise ne nous permet pas d’accepter ce genre de demande. »
Comme vous pouvez le voir, la simple addition d’une justification transforme un refus abrupt en une réponse plus douce, plus respectueuse, tout en restant ferme.
Maintenant, ne vous étalez pas non plus trop sur vos justifications. Comme dans un bon plat, trop d’épices peut gâcher le goût. Vous devez rester concis pour ne pas donner l’impression que vous cherchez à vous excuser ou que vous manquez d’assurance.
Proposez une solution
Dire non à une demande peut sembler difficile, surtout quand on ne veut pas décevoir. Mais dire non ne signifie pas fermer toutes les portes. Même en refusant une demande, vous pouvez proposer une solution ou une alternative pour montrer votre bienveillance.
Proposer une alternative, c’est démontrer que vous vous souciez de la réussite du projet ou de la personne, même si vous ne pouvez pas vous impliquer directement. Cela peut être aussi simple que de rediriger vers quelqu’un d’autre ou de suggérer une ressource pour aider. C’est une façon de dire non tout en restant constructif.
Voici 6 exemples illustrant comment dire non tout en offrant une solution :
On vous demande de participer à un projet de dernière minute.
« Je suis désolé, je ne pourrai pas participer à ce projet cette fois-ci car je suis déjà surchargé, mais je vous recommande de contacter Emma, qui est spécialisée dans ce domaine et pourrait sûrement vous aider. »
On vous demande de prendre en charge une réunion à votre place.
« Je ne peux pas gérer cette réunion aujourd’hui car j’ai une autre obligation, mais pourquoi ne pas voir si Paul peut s’en occuper ? Il connaît bien le sujet. »
On vous demande d’aider sur une tâche technique.
« Je ne suis pas disponible pour t’aider à résoudre ce problème technique, mais il y a un excellent tutoriel en ligne qui explique exactement comment le faire. Je peux te l’envoyer si tu veux.«
On vous demande de livrer un travail à une date impossible pour vous.
« Je ne pourrai pas rendre ce travail pour vendredi, mais si on peut décaler la date limite à lundi, je m’engage à le terminer dans les temps. »
On vous demande de participer à une réunion non prioritaire.
« Je ne pourrai pas assister à cette réunion car je dois préparer un dossier important. Peut-être pourriez-vous m’envoyer un compte-rendu après coup ou décaler la réunion pour que je puisse y assister ?«
On vous demande de contribuer financièrement à une collecte de fonds.
« Je ne peux pas participer financièrement à cette collecte pour le moment, mais je peux partager l’initiative sur mes réseaux pour aider à attirer plus de participants.«
Dans chacun de ces exemples, vous refusez poliment mais avec bienveillance, en proposant une solution qui permet de faire avancer la situation.
La prochaine fois que vous devrez dire non, pensez à ajouter cette petite touche d’empathie : recommandez une autre personne, une ressource ou une alternative. Vous verrez que vos « non » seront mieux acceptés et que vous vous sentirez moins gêné de les prononcer.
Conclusion
Apprendre à dire non est crucial pour protéger votre temps, votre énergie et vos priorités. Cela vous permet de poser des limites claires, de respecter vos propres besoins, de limiter votre charge de travail et d’encourager l’autonomie chez les autres. Dire non vous aide à rester concentré sur vos objectifs et à avancer vers vos ambitions. En adoptant des principes clairs et en justifiant vos refus de manière bienveillante, vous pouvez refuser sans culpabilité tout en gagnant en respect et en tranquillité d’esprit.
Vous avez aimé ce contenu ?
Abonnez-vous à la newsletter et recevez plus d’articles sur la productivité, l’organisation, la concentration, la prise de notes, les modèles mentaux et bien plus !