«Si le seul outil que vous avez est un marteau, vous tendez à voir tout problème comme un clou» –
Abraham Maslow
En 2007 j’ai fait un burn out accompagné de crises d’angoisse. J’avais trop travaillé et poussé mes limites un peu trop loin. Conséquences ? Des attaques de panique à répétition, un rythme cardiaque constamment élevé, des nausées, des vertiges…
Naturellement, quand les premiers signes d’angoisse sont apparus, je suis allé voir un médecin. Sa prescription était simple : des gélules pour le stress et si le problème persiste, des antidépresseurs.
Pour un médecin, l’angoisse c’est ni plus ni moins qu’une mauvaise connexion entre les neurones. Il suffit alors de contrôler la manière dont les neurotransmetteurs fonctionnent grâce aux molécules contenues dans les médicaments pour aider les patients à retrouver leur état normal progressivement 1.
Prescrire des médicaments est le moyen que les médecins tendent à utiliser pour régler les problèmes de leurs patients. C’est leur “outil”, leur “marteau” pour reprendre l’analogie de Maslow.
Vous avez un rhume ? Prenez un anti-rhume. Un mal de tête ? Un advil. Une douleur dans le dos ? Un antalgique.
Les médicaments sont nécessaires et sont même d’une grande aide dans certains cas. Cependant ils ne doivent pas être le seul outil à considérer par défaut lorsqu’il s’agit de soigner le moindre mal.
Dans le cas des crises d’angoisse par exemple, il existe de nombreuses alternatives aux antidépresseurs. On peut méditer, faire du yoga ou faire du sport par exemple. Ce sont aussi des outils efficaces qui permettent sur le long terme de surmonter ses angoisses.
Dans mon cas j’avais choisi la méditation. 30 jours de méditation consécutifs à raison de 2 heures par jour. Et ce choix a complètement changé ma vie.
Non seulement les crises d’angoisse ont complètement disparu, mais cela m’a permis de développer d’autres capacités que je n’avais pas avant. Cela aurait été impossible avec un antidépresseur.
Si je n’avais pas cherché d’autres solutions à mon problème, j’aurais subi « les coups de marteau » des médecins c’est-à-dire que j’aurais choisi la seule solution qu’ils avaient à proposer : les médicaments.
Le piège de la spécialisation
Lorsque l’on est face à un problème, nos connaissances peuvent à la fois nous aider à le résoudre mais aussi limiter notre capacité à considérer d’autres options.
En médecine par exemple, les médecins ont des connaissances pointues sur le corps humain et sur les différents médicaments qui existent pour traiter leurs patients. Cependant leur spécialisation les empêchent souvent de considérer les autres outils qui existent en dehors de leur zone d’expertise.
Pour considérer toutes nos options, il faut donc d’abord reconnaître que nous sommes tous plus ou moins biaisés par nos connaissances.
Lire aussi : Comment mieux raisonner en limitant nos biais de confirmation
Le piège de la zone de confort
Lorsque l’on reste dans notre zone de confort, on ne fait pas l’effort d’apprendre de nouvelles choses. On ne remet pas en cause ce que l’on sait déjà. Le problème c’est que cela nous empêche de voir toutes nos options.
Les développeurs par exemple ont tendance à utiliser les mêmes outils quand ils passent d’un projet à un autre. Comme ils sont spécialisés dans des langages informatiques donnés, ils se limitent à ces derniers. Ils restent dans leur zone de confort.
Seulement tous les projets sont différents et n’ont pas les mêmes problématiques. On ne peut pas appliquer le même langage partout. Certains langages sont efficaces pour un projet donné et pas un autre.
En restant dans leur zone de compétence, ils écartent tous les autres outils qui pourraient leur permettre d’écrire un code plus élégant et efficace 2.
Pour pouvoir disposer de plus d’outils, on doit constamment remettre en question nos connaissances et sortir de notre zone de confort.
Comment ne pas être victime du marteau de Maslow
Selon Dennis LaMoutain, 4 conseils peuvent nous permettre d’éviter le marteau de Maslow :
- Remarquez quand les autres tombent dans le piège : Prêtez une attention particulière à votre docteur, mécanicien, informaticien… ils peuvent être victime de leur spécialisation et ne vous donner qu’un nombre restreint de solutions sans le savoir.
- Examinez votre propre historique : A quelle fréquence utilisez-vous vos outils favoris (votre “marteau”) seulement pour remarquer ensuite que cela n’a rien changé ou que cela a même empiré les choses ?
- Développez votre boîte à outil : Recherchez les meilleures pratiques dans votre domaines. Lisez des livres, des blogs, faites des formations, des conférences…
- Consultez les autres : Trouvez d’autres personnes compétentes qui disposent d’outils que vous n’avez pas. Demandez leur d’expliquer comment fonctionnent ces derniers.
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Notre expertise est à la fois une aide et un fardeau. Elle nous aide à trouver des solutions à nos problèmes mais biaise aussi notre raisonnement ce qui nous empêche de voir toutes les possibilités.
Si on veut prendre de meilleures décisions et résoudre nos problèmes efficacement, il est important de se rappeler qu’ils existent souvent plus d’outils qu’on ne le pense. Il suffit juste d’aller les chercher.
« Si vous êtes coincé, dessinez avec un crayon différent. Changez vos outils; cela libèrera votre esprit. » – Paul Arden
Notes :