La loi de Carlson démontre que moins vous êtes interrompu, plus vous terminez vos tâches rapidement.
Sur le papier, cela semble évident. Pourtant, dans un monde où les distractions sont omniprésentes – open spaces bruyants, notifications incessantes, sollicitations à tout moment – travailler sans interruption est devenu un véritable défi.
Alors comment réduire ces interruptions ?
C’est ce que vous allez découvrir dans un instant. Mais avant, voyons ce qu’est la loi de Carlson et pourquoi les interruptions nuisent tant à votre productivité.
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Définition et origine de loi de Carlson
La loi de Carlson fait partie des 11 lois du temps. Elle affirme qu’un travail réalisé d’une traite prend moins de temps et d’énergie que lorsqu’il est morcelé en plusieurs étapes.
Ce principe a été mis en avant en 1951 par l’économiste Sune Carlson dans son ouvrage Executive Behavior, où il analysait la charge de travail des dirigeants. Il y révélait qu’à l’époque, un manager était interrompu en moyenne toutes les 20 minutes.
Depuis, la situation s’est nettement dégradée. Une étude de l’Université du Connecticut révèle que les employés sont aujourd’hui interrompus toutes les 3 à 11 minutes. De son côté, le Dr De Woot, un économiste belge renommé, constate que les cadres de haut niveau subissent une interruption toutes les 8 minutes en moyenne.
Le constat est clair : les interruptions n’ont jamais été aussi fréquentes.
Les conséquences des interruptions
Les interruptions font perdre du temps
Quand vous vous faites interrompre 10 minutes, combien de temps avez-vous perdu réellement ?
On pourrait croire que la réponse est simple : 10 minutes. Mais la réalité est toute autre.
Une étude menée par Gloria Mark à l’Université de Californie à Irvine montre qu’il faut en moyenne 23 minutes et 15 secondes pour se replonger dans une tâche après une interruption. L’Université de Californie à Berkeley va dans le même sens et estime que ce temps de récupération varie entre 8 minutes pour une tâche simple et 25 minutes pour une tâche plus complexe.
Autrement dit, une interruption ne se limite pas au temps perdu pendant la distraction elle-même. Il faut aussi ajouter le temps nécessaire pour retrouver son niveau de concentration initial.
Au final, une coupure de 10 minutes ne vous coûte pas juste 10 minutes, mais entre 18 et 35 minutes. Et si ces interruptions se répètent tout au long de la journée, imaginez le temps précieux qui vous échappe sans même que vous vous en rendiez compte.
Les interruptions entraînent plus d’erreurs
Une étude menée par l’Université d’État du Michigan révèle qu’une simple interruption de quelques secondes peut suffire à doubler le taux d’erreur.
Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs ont demandé à 300 participants d’exécuter une série de tâches dans un ordre précis. Lorsque ces participants étaient interrompus ne serait-ce que trois secondes, leur taux d’erreur doublait instantanément.
Autrement dit, même les interruptions les plus courtes perturbent la concentration et compromettent la qualité du travail.
Les interruptions épuisent votre cerveau
À chaque interruption, votre cerveau est contraint de changer de contexte, c’est-à-dire de passer brutalement d’une tâche à une autre. Ce basculement constant puise dans vos ressources mentales et accélère la fatigue cognitive.
Prenons un exemple : vous êtes en train de préparer une présentation pour un client, et un collègue vient vous solliciter pour valider une information sur un dossier. Votre cerveau doit abandonner la tâche sur laquelle il était en train de travailler pour se recentrer sur ce nouveau sujet. Ce passage d’une tâche à l’autre consomme énormément d’énergie.
Plus les interruptions s’accumulent, plus votre fatigue mentale augmente, ce qui réduit progressivement votre capacité à vous concentrer et à produire un travail de qualité.
Lire aussi : Le multitâche : Bonne ou mauvaise habitude ?
Les interruptions génèrent du stress et de la frustration
Une étude menée par Everlaab auprès de 200 dirigeants a révélé que 40 % d’entre eux considèrent les interruptions comme leur principale source de frustration. Ce constat est confirmé par une enquête du cabinet Robert Half, qui indique que 63 % des professionnels voient les interruptions constantes comme un facteur majeur de stress.
Et c’est logique. Il n’y a rien de plus agaçant que d’essayer d’avancer sur une tâche importante et d’être coupé toutes les dix minutes. Impossible d’entrer dans un vrai état de concentration.
Le pire ? À la fin de la journée, vous êtes épuisé et vous avez l’impression de ne pas avoir avancé sur ce qui compte vraiment.
Comment appliquer la loi de Carlson ?
Mettez en place un dispositif anti-interruptions
Dans les hôpitaux, les infirmières jonglent entre la vie et la mort. Une seconde d’inattention peut être fatale. Pour limiter les erreurs le centre medical de Kaiser South San Francisco a eu une idée de génie :
Faire porter aux infirmières un gilet fluo lorsqu’elles administraient des médicaments, pour signaler qu’elles ne devaient pas être dérangées.
Résultat ? 50 % d’interruptions en moins, 60 % d’erreurs médicales évitées.
Votre travail ne met peut-être pas des vies en jeu, mais vous pouvez vous aussi adopter votre propre “gilet fluo” pour signaler que vous ne souhaitez pas être dérangé. Voici quelques idées :
- Portez un casque antibruit pour montrer que vous ne voulez pas être dérangé
- Travaillez dans un bureau fermé ou un espace réservé aux tâches importantes.
- Activez le mode “Ne pas déranger” sur votre téléphone
- Désactivez vos notifications
Et si vous voulez aller encore plus loin, investissez dans l’un de ces gadgets :
- Busy Status Bar : Un panneau lumineux personnalisable qui affiche clairement votre disponibilité et empêche vos collègues de vous interrompre (idéal en open space).
- Luxafor flag : Un indicateur LED qui change de couleur pour montrer si vous êtes occupé ou disponible.
Établissez une politique d’entreprise contre les interruptions
Une politique d’entreprise est un ensemble de principes, directives et règles qui guident les comportements et décisions d’une organisation. Les entreprises l’utilisent généralement pour assurer la cohérence des actions et garantir le bon fonctionnement des processus internes. Mais vous pouvez aussi l’utiliser pour définir des règles visant à réduire les interruptions.
Voici quelques exemples de règles que vous pourriez intégrer :
- Plages horaires sans interruption : Définir des créneaux spécifiques pendant lesquels aucune réunion, aucun appel ou message instantané ne peut interrompre le travail en profondeur.
- Mode de communication priorisé : Encourager l’utilisation de canaux asynchrones (e-mails, messages écrits) plutôt que les appels impromptus ou interruptions physiques.
- Journées sans réunion : Instaurer des journées dédiées au travail individuel sans aucune réunion programmée.
Mettre en place un point récurrent
Plutôt que de subir des interruptions tout au long de la journée, demandez à vos collaborateurs de noter toutes leurs questions et demandes sur une feuille, puis passez-les en revue lors d’un point récurrent. Vous “batcherez” ainsi toutes les sollicitations en un seul point.
Pour que ce système fonctionne, faites en sorte que le point soit fixe et régulier. Définissez ensemble un jour et une heure précis. La régularité est clé : si les points sont aléatoires, votre collaborateur retombera dans ses habitudes et reviendra vous interrompre dès qu’il aura une question, faute de repère clair.
Avec un point récurrent bien cadré, il saura qu’il dispose d’un moment dédié pour poser ses questions et obtenir les informations nécessaires, ce qui réduira les interruptions inutiles.
Formez vos collaborateurs
Parfois, les interruptions ne sont que la partie visible d’un problème plus profond : le manque de formation de vos collaborateurs. S’ils viennent vous voir constamment, c’est peut-être parce qu’ils manquent des compétences nécessaires pour être autonomes.
Pour réduire ces interruptions et renforcer leur autonomie, vous devez les faire monter en compétences. Voici comment procéder en quatre étapes :
- Analysez leurs besoins : Identifiez les compétences manquantes et les difficultés rencontrées par vos collaborateurs.
- Planifiez : Définissez un plan de formation adapté, en fonction des priorités et des objectifs à atteindre.
- Créez des ressources de formation : Concevez des supports pédagogiques (guides, tutoriels, vidéos…) pour faciliter l’apprentissage.
- Mettez en œuvre la formation : Organisez et déployez la formation, en assurant un suivi pour garantir l’efficacité.
En structurant ainsi la montée en compétences, vous réduirez les interruptions tout en améliorant la performance de votre équipe.
Conclusion
La loi de Carlson nous rappelle une chose simple : plus nous travaillons sans interruption, plus nous sommes rapides et efficaces. Pourtant, le monde moderne est une véritable machine à distractions. La bonne nouvelle, c’est qu’en adoptant quelques stratégies – réduire les notifications, instaurer des plages de travail sans interruption, structurer la communication – vous pouvez radicalement améliorer votre productivité et votre bien-être. Faites de votre concentration une priorité, et vous verrez immédiatement la différence.