Si j’avais une heure pour résoudre un problème et que ma vie dépendait de la solution, je passerais les 55 premières minutes à déterminer la bonne question, une fois que je saurais la bonne question, je pourrais résoudre le problème en moins de 5 min.
Albert Einstein
Savoir se poser de bonnes questions est une compétence clé qui peut nous aider dans énormément de domaines : productivité, vente, management, négociation, communication, apprentissage, résolution de problèmes…
C’est une compétence qui, une fois développée, nous donne un avantage compétitif significatif. Car la grande majorité des personnes ne sait pas se poser les bonnes questions. Et pour cause le système éducatif ne nous apprend pas à nous questionner.
A l’école on nous apprend seulement à donner les réponses justes. Et on est récompensé pour ça. Une bonne réponse = 1 point. Très vite on comprend que pour réussir ses études, tout ce qui compte est de donner suffisamment de réponses justes pour passer en classe supérieure.
Ainsi on forme des générations entières à répondre mais pas à se poser les bonnes questions. Résultat, on produit une société dans laquelle beaucoup de personnes répondent et trop peu se questionnent.
Seulement se questionner est crucial. On peut fournir une excellente réponse, si la question à la base est mauvaise, les bénéfices de la réponse s’annulent.
Si vous vous demandez : Pourquoi je suis si nul ?
Vous donnerez peut être des réponses qui vous semblent justes mais comme la question à la base est mauvaise , vous vous sentirez mal et incompétent. Vous n’en tirerez aucun bénéfice.
Savoir se questionner est donc plus important que fournir les bonnes réponses.
Dans cet article on va voir en détail les nombreux bénéfices du questionnement et comment se poser les bonnes questions.
Les bénéfices de se poser les bonnes questions
Se poser les bonnes questions permet de mieux apprendre
Poser des questions est le meilleur moyen d’apprendre. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les enfants s’en posent tant.
- Pourquoi le ciel est bleu ?
- Comment il est arrivé là, le sable de la plage ?
- Pourquoi elles piquent, les abeilles ?
Les questions permettent d’obtenir des réponses que nous n’avons pas encore, de découvrir le monde et de mieux le comprendre.
Un des plus célèbres physiciens du XXème siècle, Richard Feynam, était d’ailleurs connu pour apprendre des sujets complexes en employant une méthode de questionnement bien particulière.
Il commençait par identifier le sujet qu’il voulait apprendre. Il se documentait dessus et prenait des notes. Il prétendait ensuite expliquer ce qu’il avait appris à un enfant. Cela lui permettait de tester ses connaissances et de se forcer à employer des termes simples. Puis il finissait pas se demander :
- “Qu’est-ce qu’il me manque ?”
- “Qu’est-ce que je sais pas encore ?”
Il complétait ensuite les connaissances qui lui manquaient en se replongeant dans des bouquins et en reprenant des notes. Puis il recommençait le processus en expliquant à nouveau ce qu’il avait appris en employant des termes simples.
Par le questionnement, il était ainsi capable d’améliorer sa compréhension.
Lire aussi : La méthode d’apprentissage de Feynman
Se questionner c’est limiter nos biais
Savoir se poser les bonnes questions nous aide à mieux réfléchir et à se distancer de nos biais cognitifs.
On a tous des fausses croyances sur le monde et sur nous même. Des croyances par rapport à l’argent, l’amour, l’amitié, la politique… Et celles-ci ne nous rendent pas toujours service. Elles peuvent même parfois créer des blocages.
Prenez une personne qui croit qu’elle n’a pas le droit au bonheur. A chaque fois qu’il lui arrivera quelque chose de bien, elle s’auto-sabottera. De même, une personne qui croit inconsciemment que l’argent est mauvais devra faire face à toutes sortes de barrières psychologiques si elle désire s’enrichir.
Par le questionnement, ces personnes seront capables de creuser leurs croyances et penser de façon critique.
Savoir se questionner permet donc de mieux faire la part des choses.
Lire aussi : La méthode QQOQCCP : Définition et exemples concrets
Améliorer la qualité de nos questions c’est améliorer nos décisions
Plus on se pose de questions, plus on est capable d’explorer les différentes options qui s’offrent à nous quand on fait un choix.
Il y a quelques années, j’ai été licencié économiquement. L’entreprise pour laquelle je travaillais était au bord de la faillite. Après avoir pris quelque temps pour encaisser le coup, j’ai commencé à réfléchir à ce que j’allais faire par la suite. J’avais 2 options en tête :
- retrouver un nouveau travail dans le même secteur
- me lancer à mon propre compte
J’ai longtemps réfléchi. J’ai pesé le pour et le contre. J’aimais l’idée du travail parce qu’il offrait une certaine sécurité mais l’aventure entrepreneuriale m’avait toujours attiré.
Pendant plusieurs jours j’ai discuté avec des entrepreneurs, j’ai demandé conseil, fait des recherches… Mais plus je me renseignais sur le sujet, plus j’avais de mal à choisir entre les 2 options.
Et puis un jour, je me suis poser LA bonne question. Je me suis demandé :
Et s’il y avait plus que 2 options ?
Ca paraît évident aujourd’hui mais à l’époque j’étais tellement focalisé sur mes 2 options que je ne voyais pas le reste. En fait j’étais complètement sous l’influence de ce que l’on appelle le biais de cadrage. Le biais de cadrage c’est le phénomène selon lequel nos conclusions diffèrent selon la façon dont un problème donné nous est présenté.
Ici je présentais mon problème de la façon suivante :
Qu’est-ce que je dois choisir entre retrouver un nouveau travail et me lancer à mon propre compte ?
En me posant cette question je me limitais à 2 options seulement. En revanche quand je me demandé :
Et s’il y avait plus que 2 options ?
Je me suis ouvert à d’autres possibilités et j’ai pu explorer d’autres options.
Finalement j’ai décidé que je ne reprendrai pas un nouveau travail et que je ne lancerai pas non plus mon activité. A la place, ma compagne et moi avons décidé de faire un tour du monde pendant plus d’un an. Nous sommes partis en Thaïlande, au Cambodge, au Vietnam, en Malaisie, en Australie, en Nouvelle Zélande et au Brésil.
Savoir se poser les bonnes questions permet donc de s’ouvrir à de nouvelles possibilités, de trouver plus d’options. Et c’est ce qui en fait un excellent instrument à la prise de décision.
La qualité de nos questions déterminent la qualité de notre vie
Ce qui compte vraiment ce ne sont pas les choses qui nous arrivent mais comment on réagit face à ces choses. Pour une même situation donnée, 2 personnes réagiront différemment selon la façon dont elles pensent. L’une se dira que c’est injuste ou qu’elle ne mérite pas ce qui lui arrive, l’autre y verra une opportunité.
Suite à la crise financière de 1929 par exemple, il y avait de quoi être pessimiste. Beaucoup d’entreprises déposèrent le bilan. Des millions de personnes perdirent leur emploi et se retrouvèrent à la rue.
Parmi elles, Charles Darrow. Darrow n’était pas quelqu’un comme les autres. Il aurait pu se lamenter ou blâmer le système capitaliste mais il décida de profiter de cette période pour entreprendre et se lancer dans l’industrie du jeu.
Après plusieurs années de réflexion et de perfectionnement, il lança un des jeux de société les plus populaires de tout les temps : le Monopoly.
Suite à ce succès il fut le premier créateur de jeux à devenir millionaire 1.
Si Charles Darrow a réussi à gagner des millions dans une des périodes les plus noires de l’histoire, c’est parce qu’il a su se poser la bonne question :
“Comment je peux tirer profit de cette situation ?”
En se posant la bonne question, il a pu remonter la pente, améliorer sa vie et sans doute celle de toute sa descendance.
Quand on se pose les bonnes questions, on est capable d’orienter nos pensées vers des choses positives et productives ce qui impacte positivement notre vie.
Maintenant reste à savoir comment se poser les bonnes questions.
Comment se poser les bonnes questions ?
Pour apprendre à se poser de bonnes questions, il n’y a pas de secret, il faut s’entraîner. Et pour cela, les opportunités ne manquent pas.
On peut s’entraîner, quand on fait face à un problème ou à un choix, quand on discute avec quelqu’un ou tout simplement quand on est en pleine réflexion.
Personnellement j’aime profiter de mes temps morts pour m’interroger et apprendre à mieux me questionner. Notamment quand je suis dans les transports ou juste avant de me coucher.
Alors quelles types de question peut-on se poser pour s’améliorer et de quelle façon ?
Les questions ouvertes
Les questions ouvertes nous invitent à explorer tandis que les questions fermées limitent le champ du possible.
À chaque fois que l’on veut explorer un sujet ou étudier nos options, il est préférable d’utiliser les questions ouvertes du type qui, quoi, quand, où, comment et pourquoi. On obtiendra souvent des réponses bien plus riches.
Ainsi au lieu de se demander Est-ce qu’il est possible de faire mieux ? On se demandera plutôt : Comment faire mieux ?
Et au lieu de se demander Est-ce je devrais faire une carrière en marketing ou dans la finance ? On se demandera plutôt Dans quelle carrière suis-je le plus susceptible de m’épanouir sachant que j’aime X, Y et Z ?
Ces questions ouvertes nous aident à explorer les sujets en profondeur et à étudier toutes nos options.
Les questions spécifiques
Le problème avec les questions vagues c’est qu’elles produisent des réponses vagues. Autrement dit des réponses qui apportent peu de valeur.
Prenons un exemple. Admettons que l’on souhaite prioriser nos taches pour la journée. Une question vague serait :
Comment prioriser mes tâches pour aujourd’hui ?
Cette question est trop large.
Qu’est-ce que l’on qualifie de prioritaire ? Est-ce qu’on doit traiter d’abord l’urgent ? L’important ? Combien de taches inclue t-on dans la catégorie prioritaire ?
Comme la question est vague, elle crée la confusion. Une meilleure question serait :
Quelles sont les 3 tâches que je peux accomplir aujourd’hui et qui auront le plus d’impact dans les 6 mois à venir ?
Avec une question aussi spécifique, on obtiendra une bien meilleure réponse.
Donc à chaque fois que l’on se pose une question, on doit toujours se demander s’il est possible de la rendre plus spécifique. Car une question plus spécifique produira toujours une meilleure réponse.
Séquencer les questions
Parfois une seule question ne suffit pas à obtenir la réponse la plus intéressante. Il faut alors se poser plusieurs questions à la suite pour creuser nos réponses. 2 questions sont particulièrement utiles pour cela : le pourquoi et le comment.
Commençons par le pourquoi.
Le pourquoi permet de remonter à la source d’un problème, d’une idée, d’une croyance. Pour cela il suffit de se poser plusieurs fois la question pourquoi en rebondissant à chaque fois sur la réponse jusqu’à obtenir une réponse satisfaisante.
Par exemple si on est débordé, une séquence de questions pourquoi ressemblerait à ça :
- Pourquoi est-ce que je suis surchargé de travail ?
- Parce que j’ai plein de tâches à faire.
- Pourquoi j’ai plein de tâches à faire ?
- Parce que beaucoup de personnes m’ont sollicité.
- Pourquoi beaucoup de personnes m’ont sollicité ?
- Parce que j’accepte très souvent d’aider mes collègues et mon entourage.
- Pourquoi j’accepte très souvent d’aider mes collègues et mon entourage ?
- Parce que j’ai peur de les vexer en disant non.
En se posant plusieurs fois la question pourquoi, on est capable de remonter à la source de notre problème et de découvrir que si on est surchargé de travail, c’est parce qu’on accepte beaucoup trop de sollicitations par peur de vexer. On peut alors trouver des solutions pour régler notre problème.
Lire aussi : Méthode des 5 pourquoi : Le guide pratique en 3 étapes
Un autre type de question que l’on peut se poser plusieurs fois est le comment. Le comment permet d’extraire des actions concrêtes d’un objectif, d’une idée ou d’une aspiration.
Par exemple si on veut augmenter nos ventes, une séquence de questions comment ressemblerait à ça :
- Comment augmenter les ventes de 20% d’ici la fin de l’année ?
- En lançant une campagne marketing
- Comment lancer une campagne marketing ?
- En créant des campagnes de publicité Facebook
- Comment créer des campagnes de publicité Facebook ?
- En préparant des visuels et de messages, en paramétrant les audiences, en publiant les publicités
D’un objectif très général, qui est augmenter les ventes de 20% d’ici la fin d’année, on a pu obtenir 3 tâches très concrètes en se posant plusieurs fois la question comment.
Le pourquoi et le comment sont donc 2 outils de questionnement très utiles que l’on peut utiliser pour creuser nos réponses.
Les questions critiques
Si on n’y prend pas garde, on peut passer notre vie avec des idées préconçues et des fausses croyances. Le problème c’est que ces idées et croyances peuvent nous porter préjudice comme on l’a vu un peu plus tôt.
Le meilleur moyen de se rapprocher de la vérité est de se poser des questions du type :
- Comment je sais que c’est vrai ?
- Qu’est-ce qui me fait croire cela ?
- Sur quelles sources je me base pour dire cela ?
- Comment je peux vérifier où désapprouver ?
Quand on se pose ces questions, on remonte à la source de nos croyances et on limite nos biais pour penser de façon critique.
Poser ce genre de questions m’a été très utile il y a quelques mois par exemple. A ce moment là, je réfléchissais à un nouveau produit à créer.
J’ai commencé par dresser une listé d’idées. L’une d’entre elle m’emballait vraiment. J’y ai réfléchi et j’étais convaincu qu’elle marcherait du tonnerre. Mais avant de me lancer dans la création de ce produit, j’ai quand même voulu vérifier que mon idée était viable. Je me suis demandé :
Qu’est-ce qui me fait croire que ce produit marchera ?
En creusant un peu la question, j’ai commencé à avoir des doutes. J’ai réalisé qu’il y aurait peut être des aspects du produits qui ne plairaient pas.
Pour en avoir le cœur net, j’ai sondé quelques un de mes prospects. Et cela a confirmé mes craintes. Très peu d’entre eux étaient intéressés par « mon idée de génie. »
Si je ne m’étais pas posé cette question critique, j’aurais perdu plusieurs mois à créer un produit qui n’aurait plu à personne. Cette simple question m’a donc fait gagner énormément de temps. C’est pourquoi il est si important de se poser des questions critiques.
Se poser des méta-questions
Les méta-questions sont des questions que l’on se pose à propos de questions. Elles permettent d’améliorer la qualité de notre questionnement.
Quelques exemples de meta-questions :
- Comment décomposer cette question en plusieurs petites questions ?
- Qu’est-ce que je suppose en me posant cette question ?
- Est-ce qu’il n’y a pas un meilleur moyen de poser cette question ?
- Est-ce que j’ai besoin de plus de matières pour répondre à cette question ?
Ces questions nous force à avoir un vrai regard critique et de progresser.
Lire aussi : Métacognition : Comment apprendre à apprendre ?
Conclusion
Savoir se questionner est une des compétences les plus utiles que l’on peut acquérir. Elle offre de nombreux bénéfices. Elle nous aide à mieux apprendre, à mieux réfléchir, à mieux décider et à améliorer notre vie de manière générale.
Pour mieux se questionner, on peut se poser des questions ouvertes, spécifiques, critiques, des méta-questions ou encore séquencer nos questions pour approfondir nos réponses.
Notes :