La CIA (Central Intelligence Agency) est une des organisations de contre-intelligence les plus puissantes au monde. Elle a pour fonction de récolter, étudier et analyser diverses informations sensibles à l’échelle internationale afin de maintenir la sécurité nationale américaine.
Chaque personne qui y est recrutée passe une batterie de tests et plusieurs entrainements physiques et mentaux extrêmement exigeants.
J’ai voulu en savoir plus sur cette organisation et sur la façon dont elle forme ses futurs espions. Mon intention était de découvrir comment la CIA développe les performances physiques et mentales de ses agents afin de pouvoir tirer profit de certaines de leurs techniques dans notre vie de tous les jours.
J’ai donc contacté une ex-agente de la CIA pour lui poser plusieurs questions. Après quelques échanges, cette dernière a accepté d’y répondre.
Lindsay Moran a été agente secrète de la CIA entre 1998 et 2003. Elle a travaillé pour l’agence à un des moments les plus sensibles de l’histoire américaine avec notamment les attentats du 11 septembre.
Elle explique dans son livre Blowing My Cover le processus de recrutement au sein de la CIA et les différents entrainements par lesquels elle a du passer pour intégrer l’agence.
Cette dernière lui a notamment appris :
- Comment sauter d’une voiture qui roule à toute vitesse
- Comment sauter d’un avion avec une cargaison accrochée à elle
- Comment survivre à une interrogation
- Comment faire face à la torture
- Comment prendre une autre identité
Dans cette interview Lindsay nous raconte son histoire et nous donne quelques clés pour s’entraîner mentalement et développer nos performances.
1) Pourriez-vous vous présenter ?
source : TYT
J’ai grandi en dehors de Washington D.C. J’ai toujours été fascinée par tout ce qui est relatif à l’espionnage.
Après avoir étudié à Harvard, j’ai passé un peu de temps à l’étranger où j’étais enseignante. Puis j’ai envoyé mon CV à la CIA. Ils m’ont presque répondu immédiatement. C’était le début d’un long et difficile processus pour devenir officier d’opérations ou ce qu’on appelle plus communément agent de la CIA ou agent secret.
Les officiers d’opérations de la CIA, considèrent d’ailleurs que le terme “agent” ou “espion” est péjoratif. Nous utilisons seulement ces termes pour qualifier les sources étrangères que nous recrutons c’est-à-dire ceux qui nous révèlent leurs informations en échange d’argent.
2) Pourquoi avez-vous écrit le livre Blowing My Cover ?
J’ai vite réalisé que le travail d’officier d’opérations mais aussi l’organisation en elle-même n’était pas ce à quoi je m’attendais. J’avais le sentiment que je ne servais pas vraiment mon pays comme je l’aurais espéré et comme j’en avais l’intention. En fait, je servais plutôt l’objectif d’une organisation particulièrement défaillante.
Je me demandais si tout cela en valait vraiment la peine. Pas seulement pour moi et ma carrière mais aussi par rapport à l’organisation en elle-même, à sa bureaucratie et au coût abyssal de l’agence.
Après quelques années, j’ai alors pris la décision de quitter la CIA.
Je n’avais pas vraiment l’intention d’écrire un livre, je voulais juste dévoiler le vrai visage de la CIA. Montrer à quoi cela ressemble d’être un agent au delà de la perception standard du « James Bond » et tout particulièrement lorsque l’on est une femme.
Bien évidemment je n’ai jamais eu l’aval de la CIA pour publier ce livre.
3) Comment êtes-vous entrée dans la CIA ? A quoi ressemble le processus ?
C’est un long processus – bien plus sélectif que la plupart des meilleures universités au monde. Pendant une année j’ai eu plusieurs interviews, une batterie de tests, une vérification de mon profil psychologique, une investigation complète de mon passé sans oublier le passage obligé au détecteur de mensonge.
4) Qu’est-ce que “The Farm” ?
source : Cryptome
The Farm est une installation anciennement top secrète mais qui est aujourd’hui connu du grand public.
Ce sont dans ces locaux que nous faisions nos entrainements paramilitaires (même si ces entrainements n’avaient que peu d’incidence sur notre travail réel à la CIA) : navigation sur terrain, entrainement armé, conduite défensive, entraînement aérien…
Certains entrainements étaient particulièrement utiles notamment les tradecraft training. Ce sont les entrainements qui vous montrent concrètement comment être un espion c’est-à-dire comment prendre une autre identité, comment espionner… et d’autres entrainements dont je ne peux pas parler.
5) Existent-ils des exercices de préparation mentale chez la CIA ?
Bien sûr, nous avions un camp de simulation pour nous préparer à d’éventuelles captures et nous montrer comment ne pas révéler notre couverture.
Nous avions aussi beaucoup d’entrainements destinés à détecter et évaluer les motivations d’autrui et leurs vulnérabilités.
Nous regardions aussi des vidéos de nous-même entrain de mentir afin que l’on puisse ensuite corriger nos tics verbaux et physiques.
6) Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise en temps qu’espionne ?
Etre un bon espion ne consiste pas à être le plus intelligent de tous. C’est plutôt une combinaison entre plusieurs qualités : l’intellect, la conduite, la débrouillardise, l’intuition, l’impitoyabilité mais aussi, et de façon assez surprenante, l’empathie. Vous devez être capable de créer une connexion avec des personnes qui ont des cultures différentes et des états d’esprit différents.
7) Quelle a été la décision la plus difficile à laquelle vous avez fait face et comment l’avez-vous surmonté ?
Pour être honnête, la décision la plus difficile a été pour moi de quitter l’agence puisque c’était mon rêve. J’ai surmonté ce moment difficile et faisait une analyse profonde du pour et du contre de ma profession et me suis demandée si l’organisation faisait plus de bien que de mal.
8) Connaissez-vous des techniques pour faire face au stress et aux situations difficiles ?
Je suis quelqu’un de naturellement calme en temps de crise… mais une technique m’aidait à gérer mon stress lorsque que j’étais sous couverture, que je mentais ou que je prétendais être quelqu’un d’autre. Cela consistait à me rappeler que je ne faisais rien de mal. Je mentais, trichais, volais pour une bonne cause qui était de servir mon pays.
Un de nos mentors à l’agence aimait nous qualifier de « criminels dotés d’une morale ».
9) Comment réussissiez-vous à vous rappeler de tous les mensonges que vous inventiez ?
J’utilisais des techniques de mémorisation mnémotechnique et essayais de faire en sorte que mes mensonges soient aussi proches de la réalité que possible.
10) Quelles sont les choses que vous avez apprises en temps qu’espionne et qui vous sont toujours utiles aujourd’hui ?
La conduite défensive, l’analyse critique et être capable de détecter quand quelqu’un ment.