Regarder Netflix, jouer sur son smartphone ou trainer sur les réseaux sociaux sont des activités que l’on fait très facilement. On reste même des heures entières sur nos écrans sans jamais se fatiguer.
Travailler en revanche demande un effort. On a souvent plus de mal à se motiver à bosser sur notre business ou à étudier après les cours qu’à binge watcher nos séries préférées sur Netflix. Et pourtant ces activités sont plus bénéfiques.
Et s’il existait un moyen de prendre autant de plaisir à travailler qu’à regarder Netflix ?
Il semblerait que la Silicon Valley ait trouvé la réponse. Depuis plusieurs années maintenant, un nombre grandissant d’entrepreneurs, de PDG et de managers se lancent dans ce qu’ils appellent un jeûne de dopamine. Ce jeûne a pour but de recalibrer notre cerveau pour lui faire aimer les choses qu’il considère habituellement difficile.
Alors en quoi consiste ce jeûne exactement ? Et qu’est-ce que la dopamine ?
Qu’est-ce que la dopamine ?
La dopamine est un neurotransmetteur qui joue un rôle important dans notre motivation et notre prise de décision. Elle est naturellement produite par l’organisme et est intimement liée à la notion de plaisir et de récompense. Ainsi, plus on agit avec plaisir, plus notre corps nous récompense en augmentant son taux de dopamine
Manger des gâteaux, jouer sur son smartphone, regarder des séries sur Netflix ou trainer sur les réseaux sociaux par exemple sont des choses qui nous procurent beaucoup de plaisir. Quand on les fait, notre corps nous récompense par un haut niveau de dopamine. C’est pourquoi on tend naturellement à aller vers elles.
Le fait qu’elles soient improductives ou mauvaises pour nous importe peu à notre cerveau. Tout ce qui compte pour lui, c’est le niveau de dopamine qu’il peut en tirer. C’est la raison pour laquelle certaines personnes se droguent. Elles savent que c’est mauvais mais elles le font quand même parce que cela libère une quantité massive de dopamine.
Maintenant on pourrait très bien se dire que ce n’est pas très grave. Que jouer de temps en temps sur son smartphone ou manger quelques gâteaux n’a pas tant d’impact que cela dans notre vie. Mais c’est sans compter l’homéostasie.
Qu’est-ce que l’homéostasie ?
L’homéostasie c’est l’adaptation de notre corps à un déséquilibre donné.
Pour prendre un exemple simple : Quand il fait froid, notre corps tremble pour générer de la chaleur et se rechauffer. Et quand s’il fait chaud, il transpire pour se refroidir. Il cherche en permanence à se ré-équilibrer pour maintenir une température d’environ 37°C.
Une autre façon dont l’homéostasie se manifeste est sous la forme de tolérance. Une personne qui ne boit jamais d’alcool par exemple, sera ivre très rapidement tandis qu’une personne qui a l’habitude d’en boire, devra en boire plus pour être aussi ivre.
On retrouve ce même phénomène d’accoutumance avec la dopamine.
Plus notre organisme produit de la dopamine, plus il cherchera à en produire pour continuer à bénéficier des mêmes effets. Si notre organisme est habitué à produire un haut niveau de dopamine, ce niveau deviendra notre nouvelle norme et on devra le dépasser pour continuer à ressentir le même plaisir.
Qu’est-ce que ça veut dire concrêtement ?
Admettons que l’on prenne un abonnement Netflix par exemple et que l’on commence une nouvelle série. Regarder 1 ou 2 épisodes nous suffira peut être au début car notre organisme aura produit suffisamment de dopamine pour s’en satisfaire. Par contre, si on prend l’habitude de regarder 2 épisodes tous les soirs en rentrant du travail, il finira par s’accoutumer et il en demandera plus pour continuer à en ressentir les mêmes effets.
Netflix n’est qu’un exemple. On pourrait aussi prendre les jeux vidéos, les réseaux sociaux ou le smartphone. Plus on s’adonne à ces activités, plus notre organisme s’accoutume et a besoin de plus pour s’en satisfaire.
Le problème c’est qu’en habituant notre organisme à produire beaucoup de dopamine, il est plus difficile ensuite de se motiver à travailler ou à étudier. Parce que le niveau de plaisir attendu en réalisant ces activités est très faible en comparaison de ce à quoi on est accoutumé.
Pour se motiver à faire ces choses difficiles, on doit donc réduire le nombre d’activités stimulantes qui sont à l’origine de ce haut niveau de dopamine. Si on les réduit suffisamment, travailler nous paraîtra alors être une activité beaucoup plus attractive.
Prenons une analogie pour mieux comprendre.
Le Ritz et le riz
Imaginez manger quotidiennement au restaurant du Ritz. Chaque jour, vous savourez de délicieux plats raffinés qui sont tous aussi beaux que bons. Avec le large choix qui s’offre à vous, vous refuserez très certainement un simple bol de riz blanc même s’il vous était proposé gratuitement.
Maintenant imaginez être perdu sur une île déserte. Vous n’avez pas mangé depuis 2 jours et vous êtes affamé. Si on vous proposait le même bol de riz, il y a de forte de chance que vous le trouviez très appétissant et que vous le mangiez sans hésitation 1.
De nos jours, on mange tous au Ritz. Ce que je veux dire par là c’est que l’on est tous habitué à avoir un très large choix de divertissements. Entre les millions d’applications disponibles sur notre smartphone, les réseaux sociaux, Netflix, la console de jeux, la tablette… on est sur-stimulé en permanence. Résultat, notre niveau de dopamine est très souvent haut.
Le jeûne de dopamine permet de se recalibrer. En éliminant toutes les activités qui produisent un haut niveau dopamine, on développe un appétit pour les choses qui ont habituellement peu d’intérêt pour nous ou qui sont peu excitantes comme travailler ou étudier.
L’approche du jeûne consiste donc à volontairement s’ennuyer pour que les choses qui sont habituellement ennuyantes nous paraissent attractives.
Rassurez-vous, ça ne veut pas dire que pour prendre plaisir à travailler on est condamné à éliminer à jamais toutes les activités qui nous procurent du plaisir. Personne ne voudrait d’une telle vie. En revanche rien ne nous empêche de faire un jeûne par intermittence.
Comment faire un jeûne de dopamine par intermittence ?
Pour faire un jeûne de dopamine, on peut s’y prendre de plusieurs manières. On peut faire 1 à 4h de diète tous les soirs, 1 jour par semaine sans aucun stimuli, 1 week-end par trimestre ou encore 1 semaine par an.
Pendant ce jeûne, on doit proscrire les activités suivantes pour laisser les récepteur de dopamine récupérer :
- la nourriture plaisir (junkfood, restaurants)
- le smartphone
- Internet et les jeux vidéo
- le shopping et les jeux d’argents
- le porno et la masturbation
- les drogues récréatives (alcool et caféine inclus)
En revanche on est autorisé à :
- marcher
- méditer
- réfléchir
- écrire
- lire des livres
- faire du sport
Comme vous pouvez vous en douter, quand on fait ce jeûne on s’ennuie à mourir. Mais c’est justement le but. On doit ressentir cet ennui pour mieux apprécier le peu de choses que l’on est autorisé à faire.
Pour réussir ce jeûne dans les meilleures conditions, voici quelques conseils 2 :
- Mettre les sources de stimuli comme le téléphone loin de nous ou les rendre plus difficiles d’accès.
- Bloquer les sources de distraction avec Freedom ou ColdTurkey
- S’engager dans des activités qui sont incompatibles avec les stimulis. Par exemple faire du sport et scroller sur son téléphone en même temps sont 2 activités incompatibles.
- Ressentir le désir monter en nous mais ne pas céder. Par exemple si on ressent une envie irrépressible de regarder notre smartphone, on observe ce désir monter mais on ne cède pas. (voir aussi : surfer les vagues)
Avec le temps, il sera de plus en plus facile de faire preuve d’autodiscipline. Et on développera aussi un intérêt plus prononcé pour travailler ou étudier.
Conclusion
Le jeûne de dopamine peut sembler être une approche extrême pour se motiver à travailler ou a étudier mais elle n’en reste pas moins efficace. Au délà de ça, c’est aussi une expérience intéressante à mener qui peut nous aider à mieux nous comprendre et à nous reconnecter avec nous même.
Notes :