On entend dire partout que pour réussir sa vie, on doit se fixer des objectifs clairs et avoir une passion. Seulement ces conseils nous font parfois plus de mal que de bien.
On s’est tous déjà fixé des objectifs. Et qu’est-ce qu’il se passe quand on ne les atteint pas ? On est déçu de nous-même et on culpabilise.
Idem quand on n’a pas de passion particulière. Beaucoup de personnes culpabilisent de ne pas en avoir. Certaines en souffrent même profondément. Elles pensent que tant qu’elles n’auront pas trouvé ce qui les électrise, elles auront raté leur vie.
Et s’il existait une autre façon de réussir, sans forcément avoir de passion ou d’objectif ?
Scott Adams, le dessinateur du célèbre comic strip satirique Dilbert, explique dans son livre How to Fail at Almost Everything and Still Win Big ? (aff)(Comment échouer à presque tout et réussir gros quand même) que beaucoup de conseils sur “comment réussir sa vie” ne nous rendent pas vraiment service. Il a d’ailleurs un avis très controversé là-dessus.
Il estime que se fixer des objectifs est une habitude de perdant, que l’on accorde beaucoup trop d’importance à l’idée de trouver sa passion et que la chance est quelque chose qui peut être manipulé.
Dans cet article, j’aimerais revenir sur les grandes idées du succès selon Scott Adams. Vous verrez qu’il a une vision intéressante et bien différente de ce que l’on a l’habitude d’entendre.
Objectifs vs systèmes
Se fixer des objectifs pose plusieurs problèmes selon Adams.
Premièrement ils réduisent notre champ de vision. Quand on se focalise sur une destination en particulier (notre objectif), on ne voit pas les potentielles opportunités qui peuvent se présenter en chemin alors que celles-ci s’avèrent être parfois meilleures que la destination elle-même.
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Les objectifs sont aussi inadaptés à la réalité. Le monde est complexe et change en permanence. Les objectifs que l’on se fixe aujourd’hui ne seront peut être plus valables demain. Alors à quoi bon définir des objectifs figés quand notre environnement, lui, est en perpétuel mouvement ?
Enfin le dernier problème que pose les objectifs c’est qu’ils laissent en nous un sentiment très binaire. Au final, il n’y a que 2 issues possibles. Soit on les atteint et on est satisfait, soit on ne les atteint pas et on se sent misérable. On peut avoir fait d’excellents progrès et avoir appris énormément de choses, si on échoue, on ne retiendra que le fait que notre objectif n’a pas été atteint.
C’est pour ces raisons que Scott Adams recommande plutôt de se concentrer sur des systèmes.
Un objectif est un but spécifique que vous atteignez ou non dans le futur. Un système est quelque chose que vous exécutez sur une base régulière et qui augmente vos chances d’être heureux sur le long terme. Si vous faites quelque chose quotidiennement, c’est un système. Si vous attendez de l’accomplir un jour dans le futur, c’est un objectif.
Scott Adams
Faire un régime pour perdre 10kg c’est un objectif, apprendre à manger sainement au quotidien pour perdre du poids est un système.
Gagner 1 million d’euros est un objectif, créer plusieurs entreprises est un système.
Courir un marathon en moins de 3h est un objectif, courir tous les jours est un système.
Un système est donc quelque chose que l’on fait régulièrement pour améliorer nos probabilités de réussite.
L’intérêt de se concentrer sur nos systèmes plutôt que sur nos objectifs, c’est que la notion d’échec n’existe plus. Tout ce qui importe est de développer nos compétences. Car on sait qu’en les développant, les résultats qui en découleront sur le long terme seront forcément positifs et épanouissants.
Les systèmes sont aussi avantageux parce qu’ils permettent d’aller plus loin comme l’explique Chris Wilson dans son article :
J’aurais pu définir comme objectif de perdre 4kg l’année dernière, mais à la place, j’ai établi un système. J’ai défini que j’irai au moins 3 fois par semaine à la salle de sport et que je marcherai 10 000 pas par jour. Et quelle a été la résultante de ces bonnes habitudes ? J’ai perdu 13 kilos. J’ai fait 3 fois mieux que l’objectif que je m’étais initialement fixé.
On ne sait jamais vraiment de quoi on est capable jusqu’au jour où on met en place des systèmes et on les optimise quotidiennement.
Alors comment construit-on ces systèmes exactement ?
Développer ses compétences
Selon Scott Adams, un des meilleurs systèmes à mettre en place pour réussir sa vie est de développer ses compétences. Il considère que les compétences suivantes, améliorent nos probabilités de succès :
- Apprendre à parler en public
- Apprendre une seconde langue
- Apprendre la psychologie
- Apprendre le business
- Apprendre la technologie
Adams recommande aussi de faire du “talent stacking” autrement dit de “l’empilement de talents.” Il est très difficile d’être le plus talentueux dans un domaine donné. Si vous voulez être le meilleur marketeur, vendeur ou investisseur, vous devrez travailler très dur toute votre vie pour y arriver et encore, rien ne garantit que vous deviendrez le meilleur. En revanche, il est tout à fait possible d’être relativement bon dans 3 ou 4 domaines et de développer un talent unique en les combinant ensemble, comme l’explique Scott Adams :
Comme vous pouvez le voir, je ne suis pas un bon artiste. Un artiste médiocre au mieux. Je n’ai jamais pris de cours d’écriture. Je peux me faire comprendre assez clairement mais je ne suis pas un excellent écrivain. Si j’organise une soirée chez moi, je ne suis même pas la personne la plus drôle dans ma propre maison. Je suis assez marrant, mais je ne suis pas la personne la plus marrante qui ait jamais existé. J’en connais un peu sur le business mais avec mes 26 échecs, vous pouvez voir que je n’en connais pas tant que ça. Mais quand vous combinez ces 4 compétences que j’ai essayés d’améliorer à travers les années, au point de devenir plutôt bon, c’est ce qui m’a permis de créer l’empire Dilbert qui est aujourd’hui publié dans 2000 journaux dans 65 pays.
Le premier système pour réussir sa vie consiste donc à apprendre de nouvelles compétences et à les combiner entre elles pour développer un talent unique.
Développer ses connaissances
Développer nos connaissances est aussi un système pour créer une vie épanouissante. Admettons que l’on veuille mieux manger, on pourrait décider de faire preuve de discipline et résister à certains aliments. Le problème c’est que souvent cela ne dure qu’un temps. Tôt ou tard, on finit pas céder et manger les délicieux cookies dont on raffole.
En revanche on peut apprendre à cuisiner des plats sains et délicieux. Peut être qu’en développant ces connaissances, on découvrira comment remplacer certains ingrédients par d’autres moins gras ou comment rendre nos plats meilleurs et moins caloriques. On sera alors capable de rendre les aliments sains tout aussi attrayants que les cookies dont on raffole et il sera beaucoup plus simple de garder nos bonnes habitudes alimentaires dans le temps.
Développer de nouvelles habitudes quotidiennes
Pour réussir sa vie, on doit développer de bonnes habitudes quotidiennes. Quand on fait quelque chose tous les jours, on se conditionne.
Adams explique que si on court 2 ou 3 fois par semaine par exemple, c’est probablement une activité que l’on déteste faire. En revanche, si on court tous les jours un peu, cela devient un besoin.
Tous les jours vers 11h, Scott ressent le besoin de se lever de sa chaise, de mettre ses affaires de sport et de partir courir parce qu’il s’est tellement conditionné à le faire tous les jours que son corps le réclame.
Personnellement je ressens la même chose pour l’écriture. Tous les matins depuis 3 ans j’écris un article au réveil. C’est devenu un besoin. Si je ne le fais pas, je ressens un manque.
Les habitudes quotidiennes sont les meilleures car elles créent un besoin qui nous sont bénéfiques sur le long terme.
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Réussir sa vie sans passion
On entend souvent dire que pour réussir dans la vie, on doit être passionné. Mais ce que l’on cherche vraiment dans le fond c’est de se sentir vivant et énergique. Or la passion n’est pas le seul moyen d’y arriver. Selon Adams il en existe d’autres. En ayant une bonne hygiène de vie par exemple, on peut retrouver les mêmes effets.
Pour cela, il n’y a pas de secret, il faut :
- Manger sainement
- Faire de l’exercice
- S’accorder du repos
Ces 3 choses simples, permettent d’augmenter notre énergie et d’être dans les meilleures conditions pour réussir.
La chance peut être manipulée
Le succès c’est la chance multipliée par les compétences que vous obtenez.
Scott Adams
La chance c’est comme l’orage, elle ne peut pas être contrôlée, mais elle peut être manipulée. Si on sort de chez nous par temps d’orage, que l’on se rend au sommet d’une montagne et que l’on place plusieurs paratonnerres connectés les uns avec les autres, on aura plus de chance de capter le tonnerre.
Alors comment peut-on “capter” la chance ?
Richard Wiseman, un chercheur qui a longtemps étudié la chance, a observé que les personnes qui se disaient chanceuses semblaient attirer plus de choses positives dans leur vie. Non pas parce qu’elles avaient réellement plus de chance en soi, mais parce qu’elles croyaient en avoir. Cette croyance changeait complètement leur perception du monde. Elles trouvaient des opportunités dans toutes les petites choses du quotidien. Ce que cette étude nous prouve c’est que si on désire être chanceux, on doit d’abord croire qu’on l’est pour ensuite le devenir.
Conclusion
Beaucoup des idées de Scott Adams vont à contre-courant de ce que l’on a l’habitude d’entendre sur le succès. Même si je ne suis pas d’accord avec toutes ses idées, je trouve qu’il soulève tout de même quelques points intéressants.
Pour rappel, voici les grandes idées à retenir :
- Plutôt que de se fixer des objectifs, on doit se concentrer sur nos systèmes.
- Pour construire un système on peut développer nos compétences, nos connaissances et prendre de nouvelles habitudes quotidiennes.
- Pas besoin d’avoir une passion pour réussir sa vie, une bonne hygiène de vie peut nous donner tout autant d’énergie.
- La chance n’est qu’une question de perception. Les personnes les plus chanceuses sont celles qui se perçoivent comme tel.