« Un des plus gros problèmes avec le monde aujourd’hui c’est que beaucoup de personnes se limitent à ce qu’elles entendent dire juste parce que ça les confortent dans leur perception du monde – pas parce que c’est vrai ou parce qu’elles ont des preuves pour supporter leur point de vue. Cela prend pourtant très peu de temps et d’efforts dans la plupart des cas… mais les gens préfèrent la réassurance à la recherche. »
— Neil deGrasse Tyson
Les biais de confirmation font référence à la tendance que l’on a tous à chercher et sélectionner seulement les informations qui confirment nos croyances ou idées et ignorer, ne pas chercher ou sous-estimer ce qui les contredit 1.
Un exemple de biais de confirmation sont ces milliers de personnes qui croient encore aujourd’hui que la Terre est plate. Elles considèrent que toutes les évidences qui prouvent le contraire, c’est-à-dire tous les ouvrages scientifiques, les calculs, les observations, les milliers de photos, vidéos et témoignages, ne sont qu’une conspiration.
Elles croient aveuglément ce qui est écrit dans la bible et ce que disent diverses pseudosciences et occultent complètement toutes les informations qui prouvent que leur croyance est infondée.
Ca parait illogique voir aberrant.
Comment peut-on continuer de croire quelque chose alors que les évidences qui l’infirment sont criantes ?
Parce que nos biais de confirmation passent avant notre logique.
Que ce soit en politique, en sport, en business, en science, en art, dans nos relations sociales… on cherche tous instinctivement les informations qui viennent solidifier nos croyances et ignorons celles qui les contredisent.
Si on est de droite par exemple, on est plus susceptible de lire des médias orientés à droite.
Si un ami nous décrit une de ses connaissances comme égocentrique, le jour où on la rencontrera on aura tendance à repérer plus facilement tous les éléments qui font d’elle une personne égocentrique 2.
Si on travaille sur une théorie, on cherchera souvent inconsciemment à accorder plus d’importance aux résultats qui vont dans notre sens et rejeter ceux qui ne confirment pas notre théorie.
Le problème de ces biais c’est qu’ils nous induisent en erreur, il appauvrissent notre raisonnement, ils nous empêchent de prendre les bonnes décisions et peuvent avoir de terribles conséquences.
Prenons par exemple les personnes qui nient le réchauffement climatique. Malgré toutes les évidences qui prouvent que ce phénomène est bien réel, ces climato sceptiques ne prennent aucune mesure pour diminuer les gaz à effet de serre car pour eux le réchauffement climatique est un problème inexistant.
Quand des millions de personnes pensent la même chose et sont sous l’effet du même biais, les conséquences pour la planète peuvent être dramatiques.
Pour éviter les mauvaises répercussions de nos biais, que ce soit à l’échelle planétaire ou individuelle, différentes méthodes existent. Ces dernières permettent de limiter les effets que les biais cognitifs ont sur nous. Elles nous aident à mieux raisonner et à prendre de meilleures décisions.
Comment limiter nos biais de confirmation
Une des méthodes consiste à chercher, ce qu’on appelle les retours négatifs (c’est une manière de tester nos idées, observations et croyances en utilisant des données et faits).
Pour plus de détails sur ce sujet, je vous invite à lire l’article suivant :
Les 3 tests indispensables pour innover et maitriser les risques
Une autre méthode proposé par Seth Godin est d’expliquer à une personne pourquoi on a tort :
« J’ai adopté cette pratique régulière qui consiste à chercher un sujet pour lequel je suis certain, et expliquer à l’oral à une personne de confiance pourquoi j’ai tort. Je prends le parti opposé. Et j’argumente de manière détaillée pour voir ce qui se passerait si j’avais tort. Ce que cela m’aide à faire […] c’est de ressentir ce moment où mon esprit se retourne complètement pour regarder le monde d’un œil nouveau. » 3
Pour limiter ses biais cognitifs, Ray Dalio lui met en place ce qui l’appelle une méritocratie d’idées. Pour faire simple, il s’entoure de personnes brillantes et les invite à argumenter autour d’un sujet ou problème en particulier. Cette méthode lui permet de considérer d’autres idées et mener ainsi une réflexion moins biaisée :
« Supposez que vous ayez un grave maladie, la chose la plus intelligente que vous puissiez faire, c’est chercher les 3 docteurs les plus brillants que vous puissiez trouver et qui sont prêts à discuter de leur point de vue ouvertement. Si les 3 docteurs vous recommandent de faire la même chose, et que ce qu’ils vous disent de faire parait logique alors vous avez le feu vert pour suivre leur recommandation. »
Il poursuit en expliquant comment mettre en place cette méritocratie d’idée et que faire en cas de désaccord.
« Il y a 3 choses à faire si on veut avoir une relation basée sur la méritocratie d’idées. Premièrement vous devez exprimer clairement ce que vous pensez vraiment. Ensuite vous devez comprendre l’art du désaccord constructif. C’est-à-dire la capacité à apprendre, penser, de voir le désaccord comme une curiosité et respecter les arguments des autres personnes. […] Troisièmement si le désaccord persiste, s’être accordé sur les façons de surmonter ce désaccord. Vous devez avoir mis en place un protocole. Cela peut être demander à une personne tierce de trancher ou de tirer au sort. […] »
Pour Ray Dalio cette capacité à s’ouvrir aux opinions des autres et à s’en enrichir est une des qualités clés des personnes remarquables :
« Certains individus sont attachés à leurs opinions. Et juste parce qu’ils ont une opinion, ils pensent qu’elle a du mérite alors que parfois ces dernières sont terribles […] Ce qui fait vraiment la différence chez les personnes brillantes c’est leur capacité à s’élever au dessus de leurs opinions et de voir au travers des yeux d’autres personnes. » 4
___
Pour conclure, le plus difficile lorsque l’on souhaite limiter nos biais de confirmation est de reconnaître qu’on est continuellement sous leur influence. Notre ego, nos émotions, notre éducation, notre culture sont autant d’éléments qui rendent cet exercice difficile.
Seulement une fois cette difficulté passée, c’est là que l’on peut appliquer les méthodologies décrites dans cet article et vraiment aller de l’avant.
Lire aussi : 14 biais cognitifs à absolument connaître pour mieux décider
Notes :