L’arbre de décision est une des méthodes de prise de décision les plus efficaces. Elle permet non seulement de présenter visuellement des informations mais aussi de les hiérarchiser. C’est un outil qui facilite grandement nos décisions et limite le sentiment de surcharge informationnelle.
Cette méthode de décision est couramment utilisée dans le milieu informatique, médicale et scientifique pour explorer et exploiter des données au quotidien.
Dans ce guide on va s’intéresser à comment appliquer l’arbre de décision dans le milieu de l’entreprise. C’est-à-dire comment l’utiliser pour prendre des décisions quand on est entrepreneur, CEO, freelancer, manager ?
On va donc voir ici :
- Qu’est-ce qu’un arbre de décision ?
- Comment l’utiliser pour prendre des décisions en entreprise ?
- Quelques exemples d’arbres de décision pour la création d’entreprise et l’investissement
- Comment créer gratuitement et simplement un arbre de décision ?
Note : L’arbre de décision est un outil qui peut très vite devenir complexe. Ici j’ai décidé de simplifier au maximum les choses. Je ne parlerai donc pas d’arêtes, de modalités, de variables, de régressions… J’ai vulgarisé la méthode pour qu’elle soit plus facilement utilisable dans la vie de tous les jours. Si vous voulez plus de rigueur scientifique, j’ai inclus en bas de page quelques ressources qui vous intéresseront certainement.
Qu’est-ce qu’un arbre de décision ?
Un arbre de décision est un moyen de classer visuellement et logiquement les informations et de prendre des décisions. Cette méthode permet grâce à un simple système de calcul de trouver quel est le choix le plus viable.
On distingue plusieurs parties sur l’arbre de décision :
La racine :
C’est de là que part toute notre réflexion. La racine c’est la décision à laquelle on fait face. C’est la question principale à laquelle on cherche à répondre. Un exemple simpliste de « racine » serait :
“Qu’est-ce que l’on mange ce soir ?”
Les branches porteuses :
Les branches porteuses représentent nos principaux choix. Ce sont nos grandes options. Pour reprendre notre exemple, les branches porteuses pourraient être par exemple :
Lorsque nos choix sont simples, les branches de l’arbre s’arrêtent ici. Mais lorsqu’ils sont plus complexes, ils comportent aussi d’autres sous-branches.
Les sous-branches:
Les sous-branches sont des extensions de branches. Ce sont des sous-choix si vous voulez.
Dans notre exemple, les sous-branches pourraient faire référence au choix de restaurant.
L’arbre pourrait éventuellement comporter d’autres sous-sous branches si on ajoutait par exemple le choix de manger surplace ou de se faire livrer.
On pourrait encore continuer avec des sous-sous-sous branches, en ajoutant le choix du règlement : en espèces ou carte bleue.
Ici l’exemple est futile mais permet de mieux comprendre comment se construit un arbre de décision et comment on peut structurer une grande quantité de données.
Maintenant vous vous demandez certainement :
Mais en quoi cela me permet de prendre des décisions ?
C’est exactement ce que l’on va aborder dans la partie suivante avec un cas pratique.
Comment construire un arbre de décision ?
Dans cette partie, nous allons voir exactement comment construire un arbre de décision du début jusqu’à la fin.
Etape 1 : Définissez votre problématique
La première étape de l’arbre de décision est de définir votre problématique. Pour rappel c’est la racine de votre décision, c’est de là que tout part.
Pour définir votre problématique, demandez-vous quelle décision vous devez prendre et formulez la par une question.
Pour ce cas pratique, nous allons imaginer que nous voulons monter une entreprise en parallèle de notre travail mais que nous ne savons pas encore laquelle. On va donc se poser la question suivante :
“Quel business je devrais choisir de monter ?”
Etape 2 : Définissez vos branches porteuses
Une fois que vous avez formulé votre décision par une question, vous devez lister les différents choix auxquels vous êtes confrontés. Ces choix constitueront vos branches porteuses.
Pour la décision Quel business je devrais choisir de monter ?” on pourrait par exemple avoir les choix suivants :
- Site ecommerce
- Agence marketing
- Business de formation
Etape 3 : Définissez des sous-branches
Si votre choix est simple et que vous n’avez besoin que des branches porteuses pour faire votre choix, vous pouvez passer directement à l’étape 4.
Si en revanche votre choix est plus complexe et comporte plusieurs sous-choix (voir des sous-sous choix) listez les dans l’étape 3.
Pour ce cas d’étude, on va admettre que pour chaque type de business, on a des sous-idées de business et qu’on ne sait pas laquelle choisir.
Pour le site ecommerce, on hésite entre plusieurs produits à vendre :
- produits de sport
- produits de jardin
- bijoux
Pour l’agence marketing, on hésite entre plusieurs services :
- services SEO
- Community Management
- création de campagnes d’acquisition
Et pour le business de formation, on ne sait pas quel type de formation vendre :
- formation SEO
- formation de développement personnel
- formations de fitness
On va représenter toutes ces données dans l’arbre de décision suivant :
Etape 4 : Choisissez votre/vos critères discriminants
Pour l’étape 4 vous devez choisir un ou plusieurs critères discriminants.
Un critère discriminant est un élément que vous utilisez pour départager vos choix. Par exemple si vous hésitez entre plusieurs plats au restaurant, un critère discriminant serait le prix. C’est ce que vous utilisez pour faire votre choix.
Demandez-vous ici quel(s) critère(s) vous pouvez utiliser pour départager vos choix ?
Qu’est-ce qui est important pour vous et qu’est-ce que vous jugez nécessaire d’intégrer dans votre processus de décision ?
Choisissez de préférences 2 critères discriminants. Ces critères doivent être quantifiables de façon à pouvoir ensuite faire un calcul.
Pour quantifier un critère vous pouvez utilisez un prix, une note, un pourcentage un chiffre d’affaire, un score…
Ici on va utiliser 2 facteurs discriminants :
- Notre probabilité de succès, c’est-à-dire le pourcentage de chance que l’on pense avoir pour réussir ce business. Pas besoin que le pourcentage soit précis, une estimation approximative suffit. Si par exemple on remarque que beaucoup de nos proches et amis de nos proches viennent nous voir pour des conseils de fitness, on peut se dire que l’on a de bonnes chances de trouver des clients si on décidait d’ouvrir un business de formation de fitness. On peut donc estimer approximativement que nos chances de réussite sont de 70%.
- Profit attendu : Le deuxième facteur discriminant que l’on peut utiliser c’est le profit que l’on pense pouvoir dégager la 1er année avec ce business. Pour déterminer ce chiffre on peut faire une rapide étude de marché, calculer la marge moyenne pour chaque business, considérer la somme que l’on est prêt à investir pour faire fonctionner notre entreprise… Pour obtenir ces données il se peut que l’on ait besoin de faire quelques recherches. Encore une fois, inutile que ces chiffres soient exactes. Il faut juste essayer de se rapprocher au plus de la réalité.
En plus de ces 2 critères discriminants, on aurait pu éventuellement intégrer :
- Notre intérêt pour le business c’est-à-dire attribuer une note entre 0 et 5 selon l’intérêt que l’on porte au business (0 étant un idée de business qui ne nous intéresse pas du tout et 5 une idée qui nous passionne).
- Le temps requis pour développer ce business : On pourrait aussi estimer le temps que cela nous prendrait chaque semaine pour s’occuper de ce business en lui attribuant aussi une note entre 0 et 5 (5 étant un business qui nous prend très peu de temps et 0 étant un business qui accaparent beaucoup de notre temps).
Pour cet exercice, on ne va choisir que 2 critères pour ne pas complexifier le calcul. Il peut être intéressant d’en ajouter plus mais sachez que plus vous ajoutez de critères, plus vous rendez le calcul difficile. 1 ou 2 critères suffisent la plupart du temps .
Etape 5 : Faites les calculs
Une fois que vous avez choisi vos critères discriminants, il vous suffit de procéder au calcul final. Généralement une simple multiplication suffit.
Donc ici on fera le calcul suivant :
(% de probabilité de réussite) x (profit que je pense pouvoir dégager la 1ère année)
Site ecommerce :
- Produits de sport : 35% x 9600 = 3336
- Produits de jardin : 40% x 7100 = 2840
- Bijoux : 50% x 12000 = 6000
Agence marketing :
- Services SEO : 60% x 18000 = 10800
- Community Management : 60% x 14400 = 8640
- Campagnes d’acquisition payantes : 60% x 19200 = 11520
Business de formation :
- Formation SEO : 55% x 18000 = 9900
- Formation développement personnel : 40% x 12000 = 4800
- Formation fitness : 70% x 14400 = 10080
Une fois les calculs effectués, vous pouvez passer à la 6ème et dernière étape.
Etape 6 : Prenez votre décision
Pour prendre votre décision, il vous suffit de repérer le plus grand résultat pour savoir quoi choisir.
D’après les scores obtenus et les critères que l’on a pris en compte, il faudrait donc plutôt qu’on lance une agence marketing de campagnes d’acquisition payantes. C’est l’option qui nous offre le meilleur profit potentiel tout en considérant nos chances de réussite.
Vous voyez que d’un grand volume d’informations, on a pu déterminer simplement quel était le meilleur choix.
Dans la partie suivante nous allons prendre 2 autres exemples d’arbres de décision pour aller plus loin.
Exemples d’arbres de décision
Exemple 1 : Choix de marché
Cas de figure : Vous lancez une activité de freelance et vous ne savez pas encore à quelle cible vous adresser. Vous hésitez entre les agences immobilières, les start ups, les dentistes ou les avocats. Et vous ne savez pas non plus si vous voulez vous adresser uniquement à votre marché local, à toute la France ou au marché anglophone.
Voici à quoi pourrait ressembler votre arbre de décision.
Critères discriminants :
- Familiarité avec le marché (0 – 10) : Selon votre expérience il se peut que vous soyez plus ou moins familier avec le marché. Il peut être intéressant de prendre en compte ce critère de familiarité et de le noter entre 0 et 10 (0 étant un marché complètement inconnu et 10 un marché très familier)
- Votre intérêt pour le marché (0 – 10) : Est-ce que le marché ciblé vous intéresse ? Est-ce qu’il éveille votre curiosité ? Choisissez une note entre 0 et 10 pour déterminer votre intérêt (0 étant un intérêt nul et 10 un fort intérêt)
Pour obtenir le score de chaque choix vous feriez le calcul suivant :
(Familiarité avec le marché) x (Votre intérêt pour le marché)
Classement :
Après avoir effectué les calculs, vous découvrez que le marché des start ups locales et en France est celui qui vous convient le mieux.
Exemple 2 : Choix d’investissement
Cas de figure : Vous voulez investir dans l’immobilier. Vous avez visité plusieurs appartements et vous en avez retenu 3 dans des villes différentes. Vous hésitez entre les 3 biens et aussi entre 2 modes d’exploitation. Vous ne savez pas si vous voulez faire de la location ou de la courte de durée.
Voici à quoi pourrait ressembler votre arbre de décision :
Critères discriminants :
- Rentabilité brute du bien (%) : Vous calculez la rentabilité brute de chaque appartement en fonction des modes d’exploitation. Pour la location longue durée vous faites (Montant annuel des loyers) / (coût d’achat + frais de notaire + travaux) et pour de la location courte durée (Montant annuel des nuitées) / (coût d’achat + frais de notaire + travaux)
- Attractivité du lieu (0 – 10) : Quelle est l’attractivité du lieu ? Est-ce que c’est touristique ? Est-ce que c’est vivant ? Est-ce qu’il y a du passage ? C’est très important à prendre en compte, d’autant plus pour de la location courte durée.
Pour calculer le score de chaque choix vous faites :
(Rentabilité brute du bien) x (Attractivité du lieu)
Classement :
D’après les calculs, investir en courte durée à Nantes, semble être la meilleure idée.
J’espère qu’avec ces exemples vous comprenez bien comment l’arbre des décisions fonctionne.
Maintenant il ne nous reste plus qu’une chose à voir : comment créer concrètement cet arbre.
Outils de création d’arbre de décision
Pour créer votre arbre de décision, vous pouvez bien entendu le dessiner sur une feuille mais il existe des outils qui vous permettent de les créer très simplement. Voici 2 outils d’entre eux (gratuits) :
Avec ces outils vous pourrez ajouter en seulement quelques clics vos différents choix et toutes les branches de votre arbre.
Conclusion
Pour conclure l’arbre de décision est un moyen puissant de prendre des décisions quand on fait face à un gros volume d’informations et que nos choix sont à plusieurs niveaux.
Pour l’appliquer il suffit de suivre 6 étapes simples :
- Etape 1 : Définition de la problématique (Quelle est votre décision ?)
- Etape 2 : Définition des branches porteuses (Quels sont vos choix ?)
- Etape 3 : Définition des sous-branches (Quels sont vos sous-choix ?)
- Etape 4 : Choix du/des critères discriminant(s) (Quels sont le ou les critères important(s) à choisir pour différencier vos choix ?)
- Etape 5 : Calculs (Calculez le score de vos choix en utilisant vos critères)
- Etape 6 : Prise de décision (Basez-vous sur les scores pour déterminer quel est le meilleur choix)
Pour aller plus loin :
- 9 façons d’améliorer instantanément votre prise de décision
- Comment prendre des décisions rapidement et sans risque ? (+ 5 exemples concrets)
- Système 1 / Système 2 : Les 2 vitesses de la pensée
- Comment prendre de meilleures décisions avec le Principe de l’Eclaireur
- 3 exercices qui vous aideront à faire des choix intelligents
- Pourquoi et comment documenter votre processus de décision ?
- 4 façons de limiter l’infobésité pour prendre des décisions saines
- Matrice de décision : Le guide complet (+modèle Excel gratuit)
- 14 biais cognitifs à absolument connaître pour mieux décider
Notes :