Vous avez un objectif. Peut-être qu’il s’agit d’augmenter votre chiffre d’affaires, d’acheter une nouvelle maison, de changer de carrière, de réussir vos examens…
En tout cas, c’est quelque chose que vous désirez fortement accomplir. Vous vous dites qu’une fois que vous l’aurez accompli, vous serez plus heureux. Que votre vie sera meilleure.
Et effectivement quand vous atteignez votre but, vous nagez dans le bonheur. Vous êtes heureux quand vous parvenez à augmenter votre chiffre d’affaires, quand vous emménagez dans votre nouvelle maison, quand vous commencez un nouveau travail qui vous passionne, quand vous obtenez votre diplôme…
Seulement ce niveau de satisfaction ne dure qu’un temps. Tôt ou tard, vous vous accoutumez à ces choses qui vous faisaient tant rêver et votre niveau de bonheur revient à la normale. On appelle ce phénomène l’adaptation hédonique.
Définition de l’adaptation hédonique
L’adaptation hédonique, ou hedonic treadmill en anglais, fait référence à notre capacité à revenir à un niveau de bonheur normal en dépit des événements positifs ou négatifs qui nous arrivent.
Ce phénomène renvoie au concept statistique bien connu de la régression vers la moyenne :
Si une variable est extrême à sa première mesure, elle va généralement se rapprocher de la moyenne à sa seconde mesure.
Pour faire simple, quand vous vivez une expérience positive, vous êtes heureux sur le moment. Vous ressentez un pic de bonheur. Mais ce niveau de bonheur ne dure pas éternellement. Tôt ou tard vous vous y accoutumez et retrouvez un niveau de bonheur moyen.
Pour vous donner un exemple concret, quand je suis parti faire le tour du monde en 2016 avec ma femme, j’étais fou de joie. Imaginez un peu : un an de voyage non-stop pour visiter les plus beaux endroits du monde !
Les premières semaines étaient extraordinaires. Tout était nouveau et excitant. On passait nos journées à visiter des temples, à s’aventurer dans la jungle, à se prélasser sur des plages paradisiaques, à faire de la plongée…
On vivait sans contrainte. On se levait à l’heure que l’on voulait, on faisait les activités que l’on voulait, bref on vivait la vie de rêve.
Seulement après quelques mois, j’ai commencé à me lasser. J’étais moins excité à l’idée de faire des visites, de partir en randonnée, de faire la plongée… Par moment, je ressentais même l’envie de me remettre à travailler !
Jamais je n’aurais pensé qu’une telle chose puisse arriver. Comment peut-on se lasser d’une telle vie ?
À l’époque je ne le savais pas, mais j’étais victime de l’adaptation hédonique. Les expériences excitantes que je vivais au quotidien et qui auraient rendu n’importe qui fou de joie n’étaient plus si excitantes pour moi. Elles étaient devenues ma nouvelle norme et j’avais plus de mal à les apprécier.
Ici j’ai pris l’exemple du voyage, mais c’est vrai pour tout :
- Quand vous réussissez vos examens, vous explosez de joie sur le moment, mais après quelques jours, votre niveau de bonheur revient à la normale.
- Quand vous atteignez un nouveau pic de chiffre d’affaires avec votre activité, vous êtes content sur le moment, mais rapidement vous cherchez à faire plus.
- Quand vous faites l’acquisition de quelque chose (maison, voiture, smartphone…), vous êtes excité sur le moment, mais après quelque temps le bonheur de posséder cette chose s’estompe.
Peu importe l’expérience positive que vous vivez et la joie qu’elle vous procure, vous retrouvez toujours un niveau de bonheur moyen. Mais la bonne nouvelle c’est que cela fonctionne aussi dans le sens inverse.
Les bénéfices de l’adaptation hédonique
On vient de voir que peu importe les expériences positives que vous vivez, vous finissez toujours par retomber à un niveau de bonheur moyen. Mais c’est aussi le cas pour les expériences négatives.
Peu importe les expériences négatives que vous vivez (accident, choc émotionnel, échec, séparation…), vous finissez aussi par vous y accoutumer et retrouver votre niveau de bonheur initial. L’adaptation hédonique vous permet donc d’encaisser les coups durs de la vie.
En 1978, les chercheurs Philip Brickman, Dan Coates et Ronnie Janoff-Bulman se sont intéressés à ce phénomène d’adaptation. Ils ont interrogé 3 groupes de volontaires :
- Le premier groupe était composé de personnes ayant gagné à la loterie (avec des gains allant de 50 000$ à 1 million)
- Le second groupe était constitué de personnes victimes d’accidents (certains étaient paralysés)
- Le troisième groupe était un groupe de contrôle qui n’appartenait à aucune des 2 catégories précédentes
Les 3 chercheurs ont demandé à chaque participant d’évaluer le plaisir qu’ils tiraient de certaines activités du quotidien comme discuter avec un ami, regarder la télévision, manger un petit déjeuner, rire à une blague ou recevoir un compliment.
En analysant les résultats, ils se sont aperçus que le niveau de bonheur ressenti était plus ou moins le même, quel que soit le groupe. Les gagnants du loto n’étaient pas plus heureux que les victimes d’accidents.
Morale de l’histoire, si vous vivez un événement difficile comme un accident, un échec professionnel/sentimental, un burnout ou encore une dépression, ce sera dur sur le moment, mais grâce à l’adaptation hédonique vous finirez par retrouver un niveau de bonheur normal.
Lire aussi : Qu’est-ce que la résilience et comment la développer ?
Comment élever votre niveau de bonheur moyen ?
Si l’adaptation hédonique finit toujours par nous faire revenir à un niveau de bonheur moyen, alors se pose la question :
Comment élever notre niveau de bonheur moyen ?
Pour élever votre niveau de bonheur, prenez le temps chaque jour d’apprécier ce que vous avez. Rappelez-vous de la chance que vous avez d’être en vie, d’avoir une famille, des amis, des projets, d’avoir un toit sur votre tête, de l’eau potable, d’avoir internet, de pouvoir lire… Comme le dit Emilie du Châtelet :
Un des plus grands secrets du bonheur est de modérer ses désirs et d’aimer les choses que nous possédons.