On sait tous ce qui est bon pour nous.
On sait que pour se sentir bien dans notre corps et dans notre esprit, on doit manger sainement, faire du sport régulièrement, méditer, dormir 8h, éviter les écrans avant de se coucher, prendre des pauses régulièrement, ne pas trop trainer sur les réseaux sociaux, ne pas se comparer aux autres, ne pas procrastiner…
On connait toutes ces choses.
Mais est-ce qu’on les fait pour autant ?
Non. On fait même très souvent leur contraire.
C’est comme si on cherchait à s’autosaboter. Ce comportement paradoxal porte un nom, on appelle cela l’acrasie.
L’acrasie c’est le fait d’agir à l’encontre de son meilleur jugement. C’est quand on sait que l’on “devrait” faire quelque chose, mais qu’on ne le fait pas.
Alors pourquoi agit-on contre notre meilleur jugement ? Et comment vaincre l’acrasie ?
C’est ce qu’on va voir dans cet article.
Le paradoxe de l’acrasie
L’acrasie c’est la tension que l’on ressent quand notre raison et notre bon jugement sont en conflit avec nos passions, nos addictions, nos habitudes et notre volonté.
Et c’est cette tension qui produit des comportements paradoxaux comme :
- Manger des aliments gras et sucrés alors qu’on sait que cela fait grossir
- Fumer alors qu’on sait que c’est mauvais pour la santé.
- Se coucher tard alors qu’on sait qu’il nous faut au moins 7h de sommeil
- Conseiller quelque chose à nos amis, mais ne pas l’appliquer nous-mêmes
- Remettre au lendemain une tâche que l’on peut faire maintenant
On retrouve aussi beaucoup l’acrasie quand il s’agit de défendre des causes. On a plein de bonnes intentions jusqu’au moment où on doit vraiment passer à l’acte.
Par exemple, on défend le respect de la planète, mais à côté de ça, on roule avec une voiture polluante, on prend des douches de 15 min et on mange de la viande.
Et quand on sait qu’on agit en désaccord avec notre bon jugement, on se trouve des excuses :
- “Je mange peut-être de la viande, mais au moins je fais le tri”
- “J’ai eu une semaine difficile, je peux quand même m’accorder ce petit plaisir”
- “Il me restait juste un dernier épisode à regarder avant de me coucher”
On fait de petits accords avec nous même, on s’accorde des passe-droits.
On sait qu’on agit mal, mais on le fait quand même. Alors, comment expliquer un tel comportement paradoxal ?
D’où vient l’acrasie ?
L’acrasie s’explique par une ou plusieurs de ces 3 choses :
- la recherche de gratification instantanée
- le manque d’autodiscipline
- le manque de recul
Recherche de la gratification instantanée
On cherche tous une forme de gratification. C’est-à-dire qu’on cherche tous à être récompensés pour nos actes.
Et pour obtenir cette gratification, on peut s’y prendre de 2 façons.
La première façon est de fournir un effort gratifiant. C’est par exemple faire du sport pour se sentir ensuite bien dans notre corps. C’est accomplir toutes nos tâches de la journée et être satisfait de nous-mêmes. C’est méditer pendant 10 min pour être plus calme et serein.
Quand on fait ces choses positives, on est récompensé après avoir fourni un effort.
La deuxième façon, moins vertueuse, d’être récompensé est de faire des activités qui nous donnent une gratification instantanée. Le genre d’activités qui demandent peu d’effort et qui sont préjudiciables. C’est par exemple trainer sur YouTube, passer des heures sur les réseaux sociaux, regarder Netflix, fumer une cigarette, manger des aliments gras…
Ce sont toutes ces choses faciles qui nous donnent une satisfaction immédiate, mais qui ne sont pas nécessairement bonnes pour nous.
Dans un monde parfait, on choisirait tous la première option. C’est-à-dire qu’on ferait tous des choses qui nous sont bénéfiques. Seulement dans la réalité, on est confronté à ce que l’on appelle la loi du moindre effort.
La loi du moindre effort c’est la tendance que l’on a à choisir l’option qui nous demande le moins d’effort. Si on nous présente 2 options, on aura donc toujours tendance à privilégier l’option la plus facile.
Ce que cela veut dire concrètement c’est que si on a le choix entre fournir un effort et être récompensé ou ne fournir aucun effort et être récompensé, on choisira systématiquement la 2ème option même si elle implique d’agir contre notre meilleur jugement. Et c’est ce qui explique pourquoi on fait parfois certaines choses alors qu’on sait qu’elles sont préjudiciables.
Manque d’autodiscipline
L’acrasie peut aussi s’expliquer par un manque d’autodiscipline.
L’autodiscipline c’est la capacité à faire quelque chose même si c’est inconfortable, difficile ou douloureux.
C’est grâce à l’autodiscipline que l’on travaille quand on n’en a pas envie, que l’on fait du sport quand on manque de motivation ou que l’on est capable de résister aux tentations (manger des cookies, trainer sur les réseaux sociaux, fumer une cigarette…).
Quand on manque d’autodiscipline, on manque d’autocontrôle. On est donc beaucoup plus susceptible d’être sous l’influence de l’acrasie. Comme on se laisse emporter par nos émotions et nos désirs, on cède plus facilement aux choses qui sont mauvaises pour nous.
Manque de recul
L’acrasie peut aussi provenir d’un manque de recul.
On a tous des réflexes, des habitudes et des émotions dont on n’a pas forcément conscience et qui viennent troubler notre jugement. Et si on prenait un peu de hauteur, on se rendrait compte que notre comportement n’est pas du tout aligné avec ce que l’on juge juste.
On sait qu’il est important de préserver la planète par exemple. On a certainement lu dans des articles que chaque année ce sont des millions d’hectares de forêt qui sont coupés. On a même peut-être vu dans un reportage à quel point l’industrie de la mode est polluante. Du champ de coton à la boutique, un jean peut parcourir jusqu’à 1,5 fois le tour de la Terre (65 000 km) et nécessiter 2 000 litres d’eau pour être fabriqué.
On trouve ça aberrant et scandalisant. On se dit qu’il faut changer les choses.
Seulement dans la pratique qu’est-ce qu’on fait ?
On achète des meubles IKEA (responsable de la déforestation) et quand un jean de marque est soldé, on saute sur l’occasion.
C’est comme si on n’avait pas conscience que notre comportement était en partie responsable du problème.
On observe aussi ce manque de recul dans l’apprentissage. On lit des livres, des articles, on regarde des vidéos, on écoute des podcasts qui nous donnent tout un tas de bons conseils. Mais ensuite dans la pratique, on ne pense jamais à les appliquer.
L’autre jour par exemple je lisais un article très intéressant sur l’importance de s’étirer tous les jours. J’ai appris que si on prenait l’habitude de le faire avant l’âge de 30 ans, on réduisait beaucoup nos probabilités de développer des problèmes de dos.
Cet article m’a beaucoup parlé et après l’avoir lu j’étais bien décidé à m’étirer quotidiennement. Mais malgré ces bons conseils, je reconnais ne pas le faire tout le temps.
On est donc tous victimes de l’acrasie. Il est difficile de ne pas être sous son influence. Alors, comment faire pour limiter ses effets ?
Comment vaincre l’acrasie ?
Faire preuve d’autodiscipline
La première façon de vaincre l’acrasie c’est tout simplement de faire preuve d’autodiscipline.
Il faut considérer que l’autodiscipline est un muscle. Plus on l’exerce, plus il se renforce. On doit donc profiter de chaque opportunité au cours de la journée pour s’autocontrôler.
Si on a envie de trainer sur les réseaux sociaux alors qu’on essaye de travailler, on doit s’en empêcher. Et si on veut manger une sucrerie, on doit y résister.
Si on fait preuve d’autodiscipline dans tous ces petits moments anodins, on s’entraine à faire preuve d’autodiscipline pour de plus grandes choses comme arrêter de procrastiner, prendre de nouvelles habitudes, arrêter la malbouffe, arrêter de fumer…
La méditation est aussi un excellent moyen de développer notre autodiscipline, car elle permet de renforcer notre cortex préfrontal autrement dit la partie du cerveau responsable de l’autocontrôle.
Faire du sport régulièrement aussi peut aider. L’exercice régulier requiert de la discipline. Sortir courir quand il fait froid demande de la discipline. Accélérer dans les derniers 100 mètres alors qu’on est fatigué demande de la discipline. Faire une répétition de plus alors qu’on n’a plus de force demande de la discipline. L’exercice n’est donc pas que physique, il est aussi mental.
Si vous voulez en savoir plus sur le sujet de l’autodiscipline, j’ai écrit un article complet dessus : 9 conseils pour améliorer votre autodiscipline
S’engager auprès des autres
Quand on s’engage publiquement, on se sent forcé de tenir nos promesses.
Quand j’ai commencé Everlaab en 2017, j’ai prévenu tous mes proches. Je leur ai dit que chaque semaine, je publierai un nouvel article sur le site. Et forcément, chaque semaine ils s’attendaient à lire quelque chose de nouveau. Je me sentais donc obligé d’écrire régulièrement. Un peu comme si j’avais passé une sorte de contrat tacite avec eux.
S’engager auprès des autres nous aide donc à tenir nos engagements.
Un bon moyen de systématiser cette approche est de se faire accompagner par ce qu’on appelle un partenaire de responsabilité. Un partenaire de responsabilité est une personne de confiance qui nous tient responsables de nos actions.
On définit avec elles nos objectifs et les conséquences de ne pas les accomplir. Si par exemple on décide de commencer un projet ou de faire du sport 3 fois par semaine, on peut lui confier un chèque de 300€ et l’autoriser à l’encaisser dans le cas où on ne tiendrait pas notre engagement.
Ce genre de contrat informel est efficace pour limiter les effets de l’acrasie, car on ressent les conséquences directes d’agir contre notre meilleur jugement.
Conclusion
L’acrasie est un comportement paradoxal. Ce paradoxe s’explique principalement par notre recherche de la gratification instantanée, notre manque d’autodiscipline et par un manque de recul.
Pour vaincre cette tendance, on peut développer notre autodiscipline et s’engager auprès des autres.
Vous avez aimé ce contenu ?
Abonnez-vous à la newsletter et recevez plus d’articles sur la productivité, l’organisation, la concentration, la prise de notes, les modèles mentaux et bien plus !